Groupe à la sauce metal, punk/rock, Darcy n’a jamais fini d’en découdre avec les injustices sociales, et tente de soulever les consciences à travers « Tout est à nous ». Discussion passionnée avec Irvin.
« Tout est à nous », premier extrait de votre dernier album est une défiance envers ce système. Es-tu content du résultat des dernières élections ?
Ironiquement, bien sûr je suis ravie qu’on nous demande d’aller voter, et qu’on nous mette des gens au pouvoir justement pour lesquels nous n’avons pas voté ! En réalité, je suis plus que dégouté. L’album est sorti au bon moment, car on sentait un vrai déni de démocratie. Je lisais dans les sondages que quasiment 25% de la population ne croit plus en la démocratie. C’est donc très dangereux et grave. Honnêtement j’ai très peur du climat actuel, c’est vraiment effrayant.
Pourquoi avoir choisi de réincorporer la chanson “Poings en l’air” dans l’album ?
C’est assez surprenant, on nous fait souvent cette remarque. C’est le premier single de l’album que nous avons sorti en début d’année, en amont de celle du disque, car il y avait la tournée du siècle qui se préparait avec les Sheriff, Tagada Jones et Dirty Fonzy. Il nous fallait donc un peu d’actualité pour arriver sur la tournée.
Tu as participé à la reprise de “Porcherie” des Garçons Bouchers avec le collectif Rage Tour, est-ce une démarche personnelle ou une envie de tout le groupe ?
C’est à l’initiative de Nico des Tagada Jones, qui dès les résultats du premier tour des élections m’a appelé le lendemain et m’a dit “On ne peut pas laisser passer ça, sans crier fort, viens on reprend “Porcherie”, en adaptant les paroles”. Vu le climat actuel, bien sûr j’ai répondu présent, avec de nombreux artistes d’ailleurs. Tu peux compter sur nous pour être toujours présent pour se battre contre le Front National !
Qu’aurais-tu à dire à ceux et celles qui ne vous suivent pas ?
Je ne suis pas forcément un grand charmeur ou un grand séducteur, pour parler de nous en général. La seule chose que j’aurai à dire c’est écouter, car la musique que nous faisons est faite avec le cœur. C’est la seule manière de faire de la musique en 2024, d’être le plus honnête possible. Quand tu es avec le stylo sur ta feuille, le médiator sur ta guitare, si tu penses à celui qui écoute, quand tu composes, ce n’est pas bon signe. Il faut vraiment jouer ce que tu as dans le cœur, sinon ça sonnera faux.
Sur ce nouvel album, il y a également une pause musicale à travers “Interlude”, qui interprète ce morceau ?
C’est Kévin Rousseau des 3 Fromages, un super copain avec lequel j’ai beaucoup d’affinités artistiques. Nous avons beaucoup de goûts en commun, sur des groupes comme Marilyn Manson, Nine Inch Nails, des musiques un peu plus dark, plus indus et métal. C’est la deuxième fois, qu’il compose un interlude pour Darcy, il l’avait fait aussi sur “Machines de guerre”, et je suis ravi de ce qu’il a fait sur « Tout est à nous ». Ce nouvel album castagne, ça va très fort du début à la fin, nous voulions un peu de respiration.
L’artwork est très revendicatif, un peu dans la même lignée que “Machines de guerre”, est-ce le même artiste qui l’a réalisé ?
Absolument pas. Nous avons fait appel pour la première fois, à Pierre Budet, illustrateur breton, que je vous invite à suivre sur les réseaux, car il fait vraiment de très belles illustrations, au crayon ou au feutre. Il fait des dessins très engagés et ça nous a beaucoup touché. Cet artwork est une référence à ma mère, qui était une manifestante, de premier ordre, dans les années 60, 70 et 80. C’est également un hommage au tableau d’Eugène Delacroix “La liberté guidant le peuple”. C’est une pochette pleine de symbole et de force ! Le noir est blanc est quand même une esthétique qui nous plait beaucoup dans Darcy.
Avez-vous déjà des dates dans le sud de la France, de prévues pour cette nouvelle tournée ?
Nous partons en tournée dans une vingtaine de jours, avec les copains de Tagada Jones, qui s’intitule la “Tournée du cœur”, au profit des “Restos du cœur”. 14 dates en 3 semaines, donc ça risque d’être très physique. Nous jouons dans toute la France.
Un petit mot pour nos amis lecteurs à ajouter ?
Nous avons écrit cet album il y a un petit moment, presque un an maintenant J’ai l’impression que nos albums suivent l’actualité du moment, au niveau politique, comme ce déni de démocratie dont je parlais tout à l’heure. Continuez à entrer en résistance, ne lâchez rien et merci d’être là et de nous soutenir !
Céline Dehédin