Cinq ans après son premier album, Darcy offre « Machines de guerre ». A l’image de la pochette du disque, Darcy est entré en guerre. Effectivement leurs chansons donnent la patate, on ne peut pas dire le contraire ! Le tigre est définitivement sorti de sa cage, et il est prêt à bouffer de l’extrémiste ! « Rediaboliser », fait de nouveau écho, aux futurs votes présidentiels,et se veut encore et toujours vecteur de conscience pour toutes les générations confondues. Merci les Darcy, pour cette piqûre de rappel, qui devrait être un vaccin obligatoire pour tous les citoyens ! Entrevue avec Irvin, son charismatique chanteur…
Dès le visuel, la pochette avec ce soldat donne le ton d’ensemble du disque. Qui l’a réalisée ?
La pochette a été réalisée par Bernard, qui était le premier bassiste de Darcy sur l’album « Tigre », et qui a laissé la place maintenant à Marco au sein du groupe. Il nous avait expliqué à l’époque vouloir continuer à s’occuper des visuels du groupe, même s’ il ne jouait plus dedans. Il nous a suggéré de rester sur une image frontale, mais je ne souhaitais pas rester dans la sphère animalière. Nous avons réfléchi et avons opté pour ce soldat introverti, quand tu regardes la pochette, tu es avec lui sous la pluie, dans la boue… c’est un moment presque intime. Le titre de l’album comme la pochette, ne font pas référence à une guerre en particulier, ça fait plutôt référence à la guerre au sens large, tu vois. La guerre économique, financière et sociale, écologique, sanitaire etc… Nous voulions que tout le monde s’approprie ce disque !
Peux-tu me parler de la genèse de cet album ?
C’est clairement un album fait pendant le confinement lié au Covid. Vincent, le guitariste, avait déjà quelques démos de son côté. Le premier avait été écrit avec Clément le batteur et moi-même, ce deuxième album a été écrit par Vincent et moi, pendant le confinement. Il nous a envoyé ses maquettes et chacun de notre côté, nous avons travaillé avec des logiciels sur nos ordinateurs. Une fois par semaine, nous nous retrouvions tous les quatre pour faire des répétitions et travailler ensemble, ce disque est un bébé confinement.
Il y a plusieurs featuring sur ce disque « Viens chercher pogo » avec Kemar des No One is Innocent, « L’étincelle au brasier » avec Niko des Tagada Jones et « Notre hymne » avec Merzhin… d’où sont parties ses collaborations ?
Je trouve que dans le rock, il n’y a pas assez de featuring. Dans le rap et les musiques urbaines, ils font peut-être cinq ou six duos par album. Je pense que c’est dommage que dans le rock, il n’y ait pas plus de collaborations. Nous tournons tout le temps avec les mêmes groupes et les mêmes copains, les amitiés sur les tournées se créent, donc pourquoi ne pas prolonger ça en enregistrant ensemble ? Je voulais au moins trois duos sur le disque. On a choisi Kemar de No One, car c’est un groupe qui nous soutient depuis nos débuts. Pierre Merzhin et Darcy, nous sommes devenus de très bons amis. Les Tagada nous donnent de la force depuis un moment, je tenais à ce que nous ayons Niko avec nous. Nous sommes d’ailleurs déjà en train de réfléchir à d’autres featurings.
Donc si vous tournez ensemble, alors nous aurons la chance d’avoir ces duos sur scène ?
Tout à fait ! L’idée c’est de les travailler ensemble, et si nous partageons des festivals, on les invitera sur la scène avec nous évidemment ! Partager, c’est super important ! Nous avons pu tester sur scène « L’étincelle au brasier », avec Niko au Trianon en décembre dernier avec les bidons de l’enfer et c’était vraiment top !
Vous avez sorti le clip « Rediaboliser », qui affiche clairement un message politique, pour soulever les consciences… mais quelle est votre vision à vous les Darcy, d’un gouvernement idéal ?
En tant que chanteur de Darcy c’est difficile de parler au nom de tout le groupe, parce que nous n’avons pas forcément tous les mêmes positions. C’est une question lourde de sens, qui demande vraiment réflexion. Mais je pense que nous aurions besoin d’un gouvernement bien plus à l’écoute de son peuple, beaucoup plus à l’écoute du vote démocratique. D’ailleurs le vote démocratique existe-t-il encore quand 50% de la population se désintéresse du sujet ? Il y a un véritable problème ! Un peuple qui ne vote pas est un peuple qui considère que rien ne va changer malgré son vote, ou un peuple qui vote massivement pour de l’extrême droite, est un peuple qui vote surtout contre un gouvernement déjà en place. Conclusion, tant que le gouvernement ne sera pas à l’écoute de son peuple, on restera dans la mouise.
Engagé, revendicatif, à l’écoute du disque, on a juste envie de rébellion, de révolte, et de libération mais qu’est-ce qui vous fait sortir le plus de vos gonds, aujourd’hui ?
Je dirais tout ! Le gasoil de Darcy c’est la colère, c’est notre énergie créatrice ! Le but de l’existence de Darcy, est né de ce sentiment de colère car tout est politique aujourd’hui ! Les inégalités qui se creusent, la souffrance sociale, l’extrême droite qui monte de plus en plus, l’écologie qui est toujours mise de côté, la culture qui en prend un coup sous couvert du Covid, la privation de liberté. Tant que nous aurons des choses à pointer du doigt, Darcy existera pour dénoncer tout ça !
Vous êtes un groupe totalement abordable pour votre public. Vous êtes sincères et francs. Quelle est votre vision des gens avec qui vous partagez ça ?
Lors des live, clairement, nous, on y va pour aller rencontrer les gens, partager, échanger à la fin des concerts aussi. Nous sommes toujours très heureux d’arriver dans une salle ou dans un festival. D’être accueillis par la régie, les bénévoles ou le staff. Voir des gens après avoir roulé, 5/6 heures dans un camion, avec des sourires comme ça, découvrir de nouveaux lieux, échanger, partager un repas avec eux et faire des afters aussi. Quand nous voyons le public qui se déplace, nous sommes tellement heureux. Tout ça c’est la raison d’être de Darcy ! Nous avons cette chance de pouvoir créer un vrai lien ! C’est complètement normal d’être accessible, car on se déplace uniquement pour ça, pour eux ! Nous avons des témoignages hyper touchants (des familles qui nous renvoient les photos prises au merchandising avec leurs enfants), ça ne va pas que dans un sens, le public nous rend cette énergie. En débriefing avec tout le groupe, on parle de nos rencontres, de nos échanges, car c’est cela qui nous fait vibrer !
C’est l’heure de la question « à la con » de Valérie… Irvin, tu ne te sépares jamais de tes chaussettes sur scène, mais … dans l’intimité tu laisses aussi tes chaussettes au lit ?
Ah non mais c’est totalement un tue l’amour ! Bon j’ai des belles chaussettes ok, ça peut être un style mais clairement non, je les enlève !
Valérie Loy et Céline Dehédin