SÉBASTIEN DELAGE

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2020 aura été une année spéciale pour tout le monde. Pour Sébastien Delage, ce sera ni plus ni moins le déclenchement d’une nouvelle vie. Déterminé à mettre en scène des histoires aussi sombres que solaires, ses obsessions, ses amours durables ou éphémères, il offre un univers bipolaire qui lui ressemble et qui s’articule autour d’une musique qui peut passer brutalement du majeur au mineur. Il faut que ça soit organique, mais en français. Rencontre en toute simplicité avec un mec un peu “fou”, mais hyper touchant, pour la sortie de son nouvel album “Rien compris”.

A quel moment as-tu composé ce nouvel opus ? 

J’ai commencé à écrire en octobre 2020, sorti du confinement et après avoir quitté mon précédent groupe Hollydays et d’être sorti d’une histoire d’amour de 6 ans. Je n’avais jamais écrit une chanson en entier, ni chanté. Dans Hollydays, j’avais seulement composé des bouts de morceaux, sans doute par pudeur et par peur. Quand tout s’est effondré autour de moi, en même temps que le reste du monde, je me suis dit qu’il fallait absolument que j’aille au bout. J’ai donc commencé par la chanson « Fou », de mon premier EP du même nom. Très vite, en moins de deux mois, j’ai composé les 15 titres de l’EP et de l’album.

Donc, tes disques sont autobiographiques ?

Complètement ! Ce sont des mises à nu, comme je ne me l’étais jamais autorisé ! Je ne sais pas si c’est courageux, mais je me suis rendu compte, que c’était très difficile d’écrire une chanson et d’aller jusqu’au bout de l’écriture. En laissant tomber toute forme de censure personnelle, je pouvais vraiment, faire des choses qui me viennent naturellement, et qui touchent l’auditeur. Je parle de ma communauté LGBT, car c’est ma réalité, mais ce n’est pas forcément le point central de ma musique.

Pour rebondir sur la communauté Queer et LGBT, en tant que militant, es-tu parrain d’une association ? 

Militant oui, à travers des titres comme « Rien compris », quand je cite « J’ai compris que j’avais presque fait le deuil de mon militantisme, alors que j’ai compris qu’à mon échelle fallait juste que j’arrête le mutisme ». Je pense que c’est important d’être militant à son échelle. Ne serait-ce qu’éduquer ses proches, sa famille, a plus de tolérance, c’est déjà beaucoup ! Cette démarche est toute aussi importante, que d’être au sein d’association. Il faut savoir que l’homosexualité n’est plus considérée comme une maladie mentale depuis 1982, il y a encore du chemin à faire pour continuer le combat !

Parles-nous de ton parcours musical.

C’est venu assez tard, lorsque j’étais au lycée, j’étais très amateur de rock et de métal à travers des groupes comme Massive Attack, Portishead, Archive, System of a down ou Korn. Un jour, j’ai découvert Radiohead, ça m’a bouleversé. Je me suis mis à la basse et du coup j’ai commencé à faire des reprises avec des amis. Je me destinais à être enseignant, après des études de cinéma et finalement j’ai toujours été attiré par les arts, comme le dessin.

En plus de la musique, tu es aussi tatoueur, d’où- te viens cette passion ?

Comme je te le disais, j’ai toujours aimé dessiner. J’ai commencé à me faire tatouer assez tôt. Je me suis mis en scène sur le clip « Qu’est-ce que tu crois », dans lequel on me voit me tatouer moi-même, un pansement. Le tatouage est une forme de thérapie, suite aux épreuves de la vie. Encrer sur ma peau, les différentes étapes de ma vie est une forme de résilience. C’est assez récent, j’ai tourné le clip en janvier de cette année et en mars j’ai commencé à tatouer, j’ai depuis réalisé 200 tatouages.

Au vu de ton parcours artistique, est-ce toi qui a réalisé les artworks de « Fou » et « Rien compris » ?

J’ai fait toute la direction artistique et la mise en page. Les artworks ont été réalisés avec des appareils photos argentiques. Dans les clips, j’ai par exemple apporté sur « Chanson de baise» et «Qu’est-ce que tu crois», une esthétique, où on y retrouve le format 8 millimètres 2.0, c’est du HI8, un format analogique. Il a été inventé après le super 8. Nous avons ensuite exporté ce format HI8, puis il y a eu un travail d’effet analogique, avec des synthés vidéo, et derrière un travail de re-filmer à travers des écrans, etc…

Il y a eu une polémique sur le clip «Chanson de baise», qui est une ode à l’amour avant tout, comment as-tu gérer ça ? 

Il y a un côté érotique certes mais ça reste de l’art. En revanche, en quelques jours, j’avais quand même 5000 vues. Le magazine Têtu a relayé le clip et à partir de là, j’ai eu pas mal de commentaires assez homophobes. Évidemment, je modérais sous les vidéos et là certaines plateformes se sont emparées de la polémique, en nous disant que nous ne respections pas les conditions d’utilisation de leur chaîne. Idem sur les réseaux sociaux. Malgré mes appels, et mes explications qu’il s’agissait non pas de pornographie, mais d’art, le clip a été censuré à part sur Viméo. Je trouve cela dommage, que ce clip n’ait pas été exposé comme il le méritait.

Céline Dehédin

www.sebastiendelage.fr

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