THE DISRUPTIVES

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>>> Les Arts d’Azur du Broc invitait, dans le cadre de la deuxième édition du festival Jacques A Dit : Festival des Arts de la Parole, à venir applaudir The Disruptives au complexe maralpin. Assurant un concert basé sur le ton de l’humour décapant, et se revendiquant tout premier groupe de rock macronien, The Disruptives, combo parisien emmené par l’humoriste Guillaume Meurice, délivre un show rythmé, ultra dynamique, et dans lequel le public est invité à jouer le rôle de… public ! Rencontre avec Guillaume Meurice et le guitariste du groupe, Rémi Varrot.

Votre nouveau spectacle met en scène votre groupe, « The Disruptives », la toute première formation musicale jouant du rock macroniste. À quand remonte la naissance de ce projet ?

Guillaume Meurice : Et bien cela fait… (Rires), tu vois déjà je ne sais pas répondre à la première question ! Ça fait quoi… un an ? Un an et demi? Non, ça fait deux ans que l’idée existe.

Rémi Varrot : Et cela fait à peu près une année que nous partons en tournée.

 

Vous jouez la plupart de vos concerts à guichet fermé, comment se passe cette tournée ?

Guillaume : On finit par se demander si la culture en France est à ce point morte que les gens viennent à ce spectacle ! (Rires) La tournée se passe bien. Je pense que la majorité des personnes qui viennent nous voir jouer est principalement composé de mon auditoire sur France Inter. Le public de France Inter se déplace pour voir les chroniqueurs de la radio lorsque ceux-ci ont des projets, que ce soit Sophia Aram, Frédérick Sigrist ou bien Frédéric Fromet, etc… On a la chance d’avoir un public qui nous suit et s’intéresse à nos projets. Et comme ils nous sont fidèles justement, ils connaissent bien le contenu de notre travail, ils sont hyper critiques c’est amusant. Ce sont essentiellement des professeurs à la retraite (Rires). Non ce n’est pas vrai, j’ai même remarqué que les fans qui nous écoutent sont plutôt jeunes.

Rémi : Guillaume fait salle pleine depuis trois ans avec son one-man show. Sincèrement l’idée de ce spectacle est de proposer un contenu original, sous un format peu utilisé et qui, sans la présence de Guillaume, n’aurait, probablement, pas eu le même impact médiatique. De plus, d’un point de vue logistique, il était nécessaire de pouvoir bénéficier d’espaces assez volumineux pour tout le matériel et le personnel que cette tournée impose. Il n’était sérieusement pas envisageable d’assurer ce type de show dans des lieux confinés tels que des bars par exemple. Là encore, la présence d’un artiste remplissant les salles nous a ouvert les portes.

Guillaume : L’accueil est très bon, l’ambiance est marrante, tout se passe très bien. Je crois que le côté spectacle interactif au sein duquel le public a, en quelques sortes, son propre rôle à jouer, prend bien. J’aime cette idée d’un public qui ne soit pas uniquement spectateur. Que les gens ne soient pas là que pour rires de nos vannes. Rire ensemble et dire du mal de Macron. (Rires).

À l’origine, comment est né ce projet de groupe ?

Guillaume : J’ai eu envie de composer de la musique macroniste. Mais n’étant pas musicien, je me suis adressé à Rémi qui lui, pour le coup, l’est vraiment. Je lui ai envoyé les paroles d’une chanson et tout s’est ainsi monté petit à petit. D’une chanson nous sommes passés à deux, puis trois, puis nous avons commencé à assurer la première partie de mon propre spectacle. Le show faisait alors une demi-heure. Nous avons rapidement pu constater que les gens riaient pendant ce laps de temps, aussi, tout naturellement, nous sommes passés à la vitesse supérieure et avons poussé le délire jusqu’au bout.

Rémi : Il faut préciser que, l’idée de base, consistait simplement à réaliser un clip. Un clip parodique bien sûr, dont Guillaume trouvait drôle l’appellation rock macroniste. Or, créer un style musical et n’en dégager qu’une seule chanson est un peu triste. Sans compter le studio. À partir du moment où vous vous lancez dans l’enregistrement d’une chanson, il vous faut les services d’un studio, d’un ingénieur du son, etc… Donc quitte à mobiliser toutes ces énergies, autant le faire pour plusieurs titres.

Guillaume : Au final, le truc le moins bien que l’on ait fait, c’est le clip. (Rires). On ne le dénigre pas hein, c’est le projet qui nous a fait tout commencer. Mais il n’est pas assez drôle en fait. Il est très bien achevé techniquement, mais ayant été réalisé avant le spectacle, il ne correspond pas complètement à l’image de ce que nous dégageons sur scène.

Rémi : Le clip n’est pas fou non. Mais le spectacle a pour but de mettre en scène un vrai groupe qui se casse la gueule en live avec des membres qui ne s’entendent plus et s’insultent. Nous faisons ressortir tous les clichés des groupes rock. En réponse, le public comprend très vite qu’il doit nous huer, applaudir, adapter son comportement en fonction du concert et de nos improvisations.

 

Qui sont les autres membres du groupe ?

Rémi : Pour être précis, le groupe, n’est pas uniquement constitué des musiciens. Nous sommes cinq en tout. Il y a Fifi, un hipster en free-lance, à la basse. Flo à la batterie (NDLR : la fille du patron de Universal dans le spectacle). Et enfin, jouant le rôle du régisseur aigri et frustré de la salle, Francisco E. Cunha, qui se révèle être, en vrai, le metteur en scène du spectacle.

Guillaume : Cette équipe représente le noyau fort du groupe. Nous souhaitons garder cette configuration. Parfois, Flo, qui est journaliste de métier, se retrouve dans l’impossibilité de nous accompagner sur un concert, ce qui fait que nous comptons également une remplaçante pour elle au sein de nos rangs. Mais cela reste un projet entre copains et nous nous retrouvons à chaque fois que nous le pouvons pour répéter ensemble.

Rémi : On répèterait bien d’ailleurs tous les jours si un certain membre du groupe n’était pas, soi-disant, occupé tous les jours par sa chronique sur une petite radio locale écoutée par trois personnes qui tentent péniblement de remplir les salles dans lesquelles nous nous produisons.

Est-il plus facile d’être un humoriste musicien ou bien un musicien humoriste ?

Guillaume : (Rires) Alors moi je ne me considère pas comme musicien, je ne me considère que comme humoriste. Ce qui est stimulant dans cette histoire, c’est que je n’y connaissais rien en musique et, en contrepartie, les excellents musiciens qui m’entourent n’avaient jamais eu l’occasion de se familiariser avec l’environnement du théâtre. Se retrouver au milieu de ces deux univers avait quelque chose d’excitant. Je sais que je peux compter sur eux pour mes erreurs d’interprétation musicale autant qu’ils peuvent compter sur moi pour les trous de mémoire liés au récit du texte. 

Rémi : Guillaume est systématiquement terrorisé à l’idée de se planter à  la guitare en public et nous sommes paniqués à l’idée de rater des lignes de nos textes.

Comment percevez-vous l’humour en général ? Comment celui-ci a-t-il, selon vous, évolué ces trente dernières années ?

Guillaume : Oulah ! Bon bah moi j’y vais ! Non je plaisante. Je crois qu’il est resté le même. Tout le monde peut dire ce qu’il veut, ou en tous cas devrait pouvoir le faire.

Rémi : Il s’est simplement installé une espèce d’hypocrisie, on ne peut plus faire de blagues sur des thèmes qui, soudainement, se sont mis à déranger les bien-pensants.

Guillaume : Mais cela ne me concerne pas en fait. Dans le cadre de mon métier je ne vois pas bien ce que je pourrais ne pas être autorisé à dire. L’évolution vient peut-être du fait que les réseaux sociaux permettent à plus de gens de dirent ce qu’ils pensent. Mais, pour autant, ce n’est pas parce que trente personnes, se dissimulant derrière des pseudos, vont venir me reprendre sur ma façon de m’exprimer ou bien sur ma façon d’évoquer tel ou tel sujet que je vais modifier mon avis ou bien la manière dont je traite l’humour.

Rémi : Pour tout ce qui traite le domaine de l’humour, justement, je fais entièrement confiance à Guillaume. Je connais son style. Bon, si on peut dire que parfois ses blagues ne sont pas drôles du tout (Rires), elles ne sont jamais pourries. Donc ça va.

Guillaume : Après il peut arriver que certaines personnes se plaignent d’être régulièrement stigmatisées sur leur humour, mais c’est surtout lorsque cet humour est particulièrement orienté vers un sujet en particulier et qu’il ne tourne qu’autour de celui-ci. Lorsque tu portes, systématiquement, en victimes les mêmes personnes, il est normal que celles-ci finissent par trouver ça lourd.

 

Quels sont, musicalement parlant, les artistes qui vous ont inspiré et/ou vous inspirent encore dans le cadre de la création de votre groupe ?

Guillaume : La question est d’autant plus intéressante qu’avec Rémi on ne va pas du tout avoir les mêmes références. Il n’aime pas du tout la musique humoristique.

Rémi : Moi je n’aime que les chansons super tristes et engagées. Je déteste les compositions rigolotes. Les Wriggles, par exemple, c’est sympa mais ce n’est pas du tout mon truc. Ce qui est paradoxal, c’est qu’avant The Disruptives, je ne jouais que dans des groupes à sonorité nostalgique. Et maintenant que je fais partie du groupe le plus engagé de tous ceux dans lesquels il m’ait été donné de jouer, il fallait que celui-ci soit humoristique ! Un comble… (Rires).

Guillaume : Moi j’aime bien les Fatals Picards, Ska-P, à l’inverse de Rémi je n’aime pas les gens qui se prennent au sérieux.

Rémi : Pour ma part, venant du rock, mes références seront plutôt considérées comme des standards. 

Pourquoi avoir décidé de créer The Disruptives maintenant ? Pourquoi un groupe macronien ? Pourquoi pas un groupe lepénien ou bien mélanchonien ?

Guillaume : C’est plus rigolo de s’attaquer à celui qui est au pouvoir. Nous verrons si un jour Le Pen se retrouve à la tête du pays. L’intéressant avec Macron, c’est qu’il traîne avec lui l’image d’un univers de jeunes qui étaient motivés et décidés à  tout changer et qui ont fini par comprendre qu’ils feraient exactement comme les autres. Ils n’ont fait qu’y ajouter le champ lexical du monde de l’entreprise avec un jargon de managers et voilà. Ils n’ont fait que repeindre le mur. De fait, les occasions d’en rire sont infinies ! Les fans de Macron sont tellement dans l’esprit « On est cool, on est jeune !  » qu’il était amusant de créer un groupe de musique qui leurs ressemblaient. Un groupe contestataire de la contestation.

Peut-on espérer un duo avec François Ruffin ?

Guillaume : Il chante ? Ce n’est pas Besancenot qui fait du rap ? Non mais oui, rien n’est impossible. 

Rémi : Pourquoi François Ruffin tout particulièrement ?

Guillaume : (Rires) Non mais j’aime beaucoup François Ruffin donc oui pourquoi pas. Il ne chantera pas plus mal que moi de toute façon.

Tu es chroniqueur sur les ondes de France Inter depuis 2012, ta façon de penser tes chroniques ont-elles évolué depuis ? Et si oui, en quel sens ?

Guillaume : Plus tu écris et plus tu t’instaures dans l’aisance. Donc, à mon avis, oui, elles ont évolué. Ne serait-ce que du point de vue du rythme, du choix des sujets. En plus j’écris une chronique par jour maintenant, de fait je suis obligé de brasser large. Actuellement j’ai changé de style de chronique aussi. Avant je n’étais à l’antenne que trois ou quatre minutes, avec mon nouveau format je vais embêter les gens chez eux, dans la rue, à l’Assemblée nationale.

(NDLR : en plein interview, arrivent plusieurs personnes qui viennent nous saluer.)

Rémi : Tu ne voulais pas qu’une seule personne pour ton interview ? (Rires).

Guillaume : Là c’est devenu Champs Elysées ! Et maintenant Bernard Tapie ! (Rires). Tiens bah attends, on va demander à Stéphane. Stéphane est-ce que mes chroniques ont évolué depuis 2012 ? On va demander à des gens qui me suivent depuis le début, moi je ne m’en rends pas vraiment compte en fait.

Stéphane : J’aimais bien au début lorsque tu abordais la question que personne ne se posait.

Guillaume : Voilà, génial, donc Stéphane vient de t’apporter une réponse. Oui ça a évolué mais c’est moins bien. (Rires).

Les personnes que vous interpellez dans la rue ont-elles toujours des propos aussi sidérants que ceux que l’on entend dans vos chroniques ?

Guillaume : (Rires) Non, bien sûr que non. Je ne garde que le meilleur lors de mes interventions extérieures. Je fais moi-même le montage et je trie. Je retire ce qui n’a pas d’intérêt. En fait, avec le temps, j’ai remarqué que les personnes interrogées, sur tel ou tel sujet, et qui me répondent des choses complètement folles, ne sont pas si décalées que cela. Elles ne font, pour la plupart, que répéter la ou les dernières informations qu’elles sont entendues. C’est leur façon de l’analyser après qui crée l’anecdote. Mais il est sûr que personne ne raisonne tout à fait normalement. La réalité est tellement compliquée. Et puis, il faut bien comprendre aussi que les conditions dans lesquelles je leurs pose mes questions ne sont pas faciles. Ce sont des gens qui sont en train de faire leur marché par exemple. Des gens qui sont déjà plongées dans leurs propres préoccupations. Honnêtement, moi, à leur place, je ne répondrais pas (Rires). Quand tu regardes les vidéos des premiers micros-trottoirs en France.

Rémi : Genre la séquence du fameux ménage à trois : « Oh bah ça va plus vite ! « .

Guillaume : Oui tout à fait ! En même temps je pense que celle-ci n’est pas réelle. Je veux dire je crois qu’elle est jouée.

Rémi : Ah tu crois ?

Guillaume : Oui, c’est l’attitude des personnes interrogées qui me porte à dire ça.

Rémi : Non bah moi j’ai envie d’y croire ! (Rires).

Guillaume : Il m’arrive de me penser, en entendant certaines réponses des hommes et des femmes que j’interview, que les auditeurs ne croiront pas qu’il s’agit de vraies échanges. Parfois, aussi, que les gens font semblant de ne pas me reconnaître pour pouvoir tenir des propos un peu dingues. Cela reste un exercice hyper intéressant. Discuter avec des personnes que tu ne connais pas et ne conserver que le farfelu. C’est pour cette raison que je ne pourrais pas faire le métier de journaliste. Je crois que les journalistes ne devraient pas réaliser de micro-trottoir. Le micro-trottoir ne traduit, en aucun cas, la réalité. 

Avec Charline Vanhoenacker, vous avez co-publié, cette année, « Le Cahier de vacances de Manu ». Comment s’est déroulée la sortie de ce livre ?

Guillaume : Très bien. Nous en sommes très contents. Tous les bénéfices ont été reversés au Secours Populaire. Puisqu’il s’agit d’un cahier de vacances, l’argent a été utilisé pour emmener des enfants en vacances. Je n’avais accepté ce projet qu’à cette seule condition d’ailleurs. Il était hors de question que je récupère de l’argent sur ce projet. Bon, il faut aussi reconnaître que c’est surtout la dessinatrice qui en a bavé. Pour chacune de mes phrases elle a dû se coltiner deux ou trois heures de dessin quand même. Et puis, c’était encore une bonne excuse pour se faire plaisir en se moquant du président (Rires).

Quels sont vos projets à venir ?

Guillaume : Un film doit sortir dans l’idée du spectacle justement, avec les mêmes personnages. Le scénario est prévu paraître début janvier. Nous avons déjà un producteur et un diffuseur. En parallèle, avec une amie, je suis en train de monter un Escape Game qui devrait ouvrir dans un mois. Le « Cahier de vacances de Manu » Tome 2, est également en prévision, cette fois ce sera au bénéfice de la fondation Abbé Pierre. Je prépare aussi un podcast pour Spotify avec des copains.

Quel sera le thème de l’Escape Game ?

Guillaume : Alors, (Rires), ça ne va pas tellement te surprendre, je suis désolé. Ça s’appelle « Scandale à l’Elysée ». Les participants jouent le rôle de journalistes d’investigation et doivent trouver une photo compromettante d’Emmanuel Macron. L’action se déroule dans un bureau secret du président que tous les chefs d’état avaient gardé secret et où eux seuls avaient accès. Pour ce projet, les bénéfices dégagés seront reversés à l’association Anticor.

Est-ce important pour vous que toutes vos actions aient un sens d’engagement ?

Guillaume : Sincèrement, je gagne bien ma vie à la radio. Aussi, quand j’ai occasion de faire un truc sympa, de réaliser un projet qui me plaît, et si en plus, cela me permet de défendre des causes qui me semblent très justes, alors je fonce. Même l’argent récolté par la vente du merchandising pendant la tournée est reversé à l’association S.O.S Méditerranée.

Aurélie Kula

Le 23/11/19 à l’Espace Julien – Marseille (13) et le 30/11/19 au Carré Léon Gaumont – Sainte-Maxime (83).

www.facebook.com/The-Disruptives

Crédit photo : Lucie Locqueneux

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