Les Toulousains de Sidilarsen reviennent enfin sur le devant de la scène avec un nouvel album riche d’espoir : “Que la lumière soit”. Il sonne l’heure de la rédemption et de la communion, comme pour (re)dessiner une humanité, qui ne demande qu’à se construire un futur optimiste. Discussion philosophique en toute intimité avec David.
Pourquoi avoir choisi ce titre : “Que la lumière soit” ?
Le pari de cet album était d’évoluer, tout en restant nous-même. Nous voulions, à travers ce titre, que chaque personne qui l’écoute y trouve son propre sens. Le choix de ce titre résidait dans le fait d’être marquant et dans l’air du temps, tout en ayant un effet miroir et de plus positif, par rapport à ‘‘On va tous crever’’. Nous avons cherché à être un peu provocants, en faisant référence à la Bible, pour justement lutter contre l’obscurantisme.
Le premier extrait dont vous avez dévoilé le clip est “On revient sur terre”, mais où étiez-vous donc partis ?
Nous nous étions un peu mis en retrait pendant 6 mois pendant le Covid, puis il y eu la reprise du OVTC Tour qui s’est terminé en août 2023. Dans nos têtes, nous étions dans la création. Ce titre est un appel à se reconnecter à l’humain, aux sensations terrestres et concrètes. Nous sommes dans un monde rempli d’écrans qui, à travers le virtuel, agresse l’humain en permanence de façon anonyme (référence aux masques noirs dans le clip). Nous voulons amener un peu de chaleur dans les cœurs, en expliquant que nous sommes tous des êtres humains : “la même chair”. Nous voulons aussi dénoncer les religions et pas qu’au sens premier comme la religion de l’argent, le dieu Internet ou les dictateurs etc…
Ce nouveau logo du tire-bouchon est très épuré, minimaliste et stylisé, pourquoi ce choix ?
Nous avions envie d’avoir un emblème qui dépasse le graphisme initial, l’idée était d’avoir un étendard reconnaissable, qui va peu à peu devenir l’identité de Sidilarsen. Le public aura l’occasion de le découvrir lors de la tournée avec un nouveau décor et une toute nouvelle mise en scène. Nous souhaitons rassembler toutes les générations de fans autour de ce nouvel emblème. Cela nous a pris un an, pour travailler sur cette nouvelle iconographie, plus inclusive.
L’album commence par “Adelphité”, ce lien frères/sœurs sans notion de genre, est-ce le lien qui vous unit à votre public ?
Effectivement, ça peut être interprété comme cela. Notre but là encore est une invitation à se rassembler, nous sommes tous pareils à travers le refrain. Les couplets s’inspirent de l’actualité, de l’arrivée soudaine de la guerre en Ukraine, cela fait également écho aux souffrances et aux crises traversées. “Du sang sur les fleurs” est un autre titre qui fait référence aux conflits qui agitent le monde actuel …
Absolument ! Quel gâchis, des humains massacrés, pourquoi toute cette violence ?
Le texte m’est venu lorsque j’ai vu que des enfants Ukrainiens, déportés en Russie, c’était juste insupportable ! Je voulais illustrer cette sensation, de toucher à ce qu’il y a de plus beau et de fragile, de l’instrumentaliser pour des combats d’égo, car derrière ces guerres ce sont souvent des hommes, qui de par leur délire mental et mégalomane en viennent à provoquer ces guerres et à sacrifier des peuples, des femmes, des enfants, des personnes fragiles et vulnérables.
Dans toute cette noirceur, il y a une lueur d’espoir sur le titre “Luminaria”, peux-tu nous expliquer l’origine de cet instrumental ?
Tout simplement, j’ai composé ce titre à la suite de la naissance de mon fils. L’idée de le mettre à la suite était de contrebalancer sur “Du sang sur les fleurs”. Je voulais mettre en avant la renaissance et l’espoir retrouvé par les gazouillis d’enfant.
Il y a également un autre instrumental “Immuable” avec des bruits d’horloge, sur le disque, pourquoi cette pause ?
Dans cet album, il y a plusieurs passages, où l’on parle du temps qui passe, comme dans les “enfants de la rage” où Viber a écrit : ‘‘Et c’est le temps qui nous regarde’’. Nous sommes confrontés au temps qui passe, après 26 ans de carrière, ce qui n’est pas rien. Même si nous gardons un état d’esprit jeune, nous avançons en âge. Ce morceau apporte un peu d’air à l’ensemble de l’album, d’où les 2 interludes. Nous voulions un album qui démarre et s’arrête soudainement, avec 2 pauses au milieu.
Le titre “V(empire)” est un subtil jeu de mots, qui décrit un buveur de sang comparable à ceux qui nous gouvernent ?
Oui effectivement, ce morceau est inspiré par le délire de Poutine, mais ça pourrait être inspiré par tellement d’autres à travers l’histoire. Cette allégorie de mégalomane, de vouloir créer un empire, et d’asservir un peuple entier, en suçant leur sang. Il les vide en substance de toute réflexion. Ceux qui veulent s’opposer n’ont pas le droit de s’exprimer.
Qu’est-ce qui donne encore espoir aux “enfants de la rage” ?
Je dirai les moments où l’on se retrouve, les concerts, les actions dans les associations militantes, les festivals. Il y encore de belles choses qui rassemblent, il y a encore beaucoup de positif mais les médias n’en parlent pas assez. Cet album regorge de connotations d’espoir à l’image de la pochette, avec cette lumière céleste, à prendre au second degré bien sûr, car les gens ont besoin de se raccrocher à des choses pour ne pas sombrer, d’où l’instrumentalisation des peuples, la montée en puissance des sectes etc…
“Inanité”, clôture le disque, mais qu’est-ce qui est vain pour toi ?
Rien n’est vain, mais il peut y avoir des moments de vide et de doutes. Ce texte a été écrit par Viber dans un moment où rien ne sortait, il a été écrit en dernier et finalement c’est une belle conclusion, car cela reflétait aussi l’angoisse des adolescents pendant le Covid, la crise et les décisions politiques leur ont volé une partie de leur jeunesse. Il reste malheureusement encore des séquelles pour ces jeunes.
Céline Dehédin
Le 26/04/2024 au 6Mic- Aix-en-Provence (13) et le 18/05/2024 au Stockfish – Nice (06).