Auteur-compositeur-interprète français né en 1968 à Perpignan, Cali est à mi-chemin entre chanson française et rock, revendique une position d’artiste engagé et concerné par les problèmes de la société et du monde. Cali c’est des tubes qui résonnent dans la tête comme “C’est quand le bonheur ?” ou “Elle m’a dit”, mais c’est aussi un poète et un homme sensible. C’est à travers son nouvel album “Ces jours qu’on a presque oubliés, volume 1”, qu’il est revenu sur scène et s’est livré sans fausse pudeur. Rencontre avec un homme bouleversant.
Nous vous rencontrons, dans le cadre de cette mini-tournée assez chargée pour découvrir votre album.
Très chargée effectivement, car ma vie est très chargée. L’idée c’était de faire un tour de France, en amont de la grosse tournée, dans des lieux intimistes pour partir à la rencontre du public et lui faire découvrir ce nouvel opus en guitare/voix. J’appelle cela des promenades musicales, cela me permet d’avoir un premier retour en face à face avec le public. Je parle avec les gens présents, et cela me permettra d’étoffer mon prochain spectacle de tournée. C’est un album très organique, je le compare à un petit enfant qui arrive au monde. On essaye de le faire tenir debout. Il est là, il titube un petit peu. Il va grandir et évoluer.
Est-ce que vous définissez les chansons de ce disque comme nostalgique ?
Je dirai plutôt mélancolique, car la nostalgie, je compare cela à une tombe que l’on va fleurir de temps en temps, et qui reste là. J’aime bien l’idée de refuge à travers “Ces jours qu’on a presque oubliés, volume 1”. Les mots de ce disque me permettent d’avoir 16 ans à nouveau. L’adolescence est fondatrice de l’humain. J’ai l’impression, en vieillissant, d’être dans une montgolfière qui se rapprocherait du sol.
Parlons de l’enregistrement de cet album, qui a une tonalité un peu brute.
Lorsque j’ai commencé cet album, j’avais envie de freiner et de prendre mon temps et de laisser respirer les chansons, de laisser les imperfections, et les moments d’émotions des premiers jets de l’enregistrement. Par exemple le titre “T’es où Lili”, je l’ai joué en une seule prise en guitare/voix avec un micro. Nous avons intégré quelques arrangements par la suite, mais ça reste un album très organique, et très spontané.
Côté textes, cet album est plus posé et moins survolté que vos précédents.
Merci de me dire cela et je suis complètement d’accord. Je suis fougueux et j’ai souvent essayé d’allumer des feux à droite, à gauche. Le feu de cet album, est plus un petit feu de bois, pour se réchauffer et non pas celui de la colère et de la révolte. Dans le titre de l’album, le mot ‘presque’ est important. Aujourd’hui, tout va trop vite, j’ai donc ralenti le rythme pour ce disque.
Dans cet album, il y a un hommage à Alain Souchon, pouvez-vous nous en parler ?
Ça part d’une histoire vraie. J’ai perdu 8 fois sur 8 aux Victoires de la Musique, et à chaque fois je rentre à la maison bredouille, mais ce n’est pas grave. Je m’amuse à dire en concert que c’est truqué. J’étais à Orly, je rentrais chez moi, un peu ivre de la veille de cette défaite. Je reçois cet appel téléphonique d’Alain Souchon et il m’a consolé. On ne se connaissait pas et donc il a cherché mon numéro de téléphone, pour me dire qu’il aimait mes chansons. J’en ai donc fait cette chanson.
Du coup, quelles sont vos influences en dehors de Souchon ?
Quand j’étais petit, on écoutait beaucoup de Léo Ferré à la maison ou même de la musique classique, mais j’ai également des références Anglo-Saxonnes punk, je suis aussi très fan de Deus, et je ne m’en cache pas. Tout cela est en moi. On nous colle parfois des étiquettes, mes albums ont été classés dans rock, chanson française ou même world. J’aime l’art au sens large, j’écris des livres, je fais du théâtre etc., j’aime m’amuser dans tous les sens.
Il y a eu lors du pressage de l’album, un couac et donc le presseur a interverti les disques et les pochettes entre vous et les Wampas, une future collaboration avec Didier Wampas serait-elle envisageable ?
Ça m’est arrivé d’être en conflit avec Didier, par rapport à ses prises de position vis-à-vis de certains chanteurs qu’il critique ouvertement, mais c’est un punk tellement gentil et adorable, avec un talent fou. Nous avons fait l’été dernier un duo sur scène et j’ai adoré. Blague à part, ça ne m’a pas fait rigoler, mais parait-il que les fameux pressages sont devenus collectors.
L’amour incandescent, n’est pas vécu par toutes et tous. Sachant qu’on s’y brûle le cœur, est-ce un bonheur ou un malheur d’être épargné du brasier ?
Je pense qu’il ne faut surtout pas être épargné. Si nous passons à côté de cela, nous ne sommes pas vivants. Ça serait absurde, s’il ne se passe rien entre naître et mourir. Ce moment à vivre, d’être fou amoureux, où plus rien n’existe autour, est juste incroyable, car c’est un moment surréaliste ! Il ne faut pas se protéger de ça, sinon à quoi bon vivre ?
Question à la con : Comment le divin hasard rencontre l’heure angélique ?
Je crois qu’il ne faut pas y répondre, car justement essayer de répondre à cette question, c’est comme vouloir attraper la mer avec un filet !
Céline Dehédin et Valérie Loy