Le Metal à Marseille : résilience et professionnalisme.
Bien que moins florissante que d’autres scènes metal en France, la scène marseillaise s’illustre pour son professionnalisme et sa longévité, puisque deux de ses enfants chéris sont parmi les groupes les plus réputés et les plus vendeurs de la scène metal hexagonale. On pense à ETHS et Dagoba bien sûr, actifs depuis le tout début des années 2000, mais aussi à une flopée d’autres comme Blazing War Machine, Dirty Wheels, Miserable Failure pour ne citer que les principaux…
Isolée géographiquement, ne bénéficiant que du passage de peu de tournées européennes, la scène metal reste active grâce à l’étonnante résilience de structures presque historiques comme le disquaire Sabre Tooth (25 ans), Le bar/restaurant La Maison Hantée (près de 30 ans), les clubs tels que Le Poste à Galène, le Molotov ou la Machine à Coudre qui se risquent à des programmations pointues, et bien sûr le label Season of Mist, plus gros label indé de metal français et également plus gros distributeur du genre, depuis déjà 20 ans.
La vie n’est pas rose pour l’un ni l’autre de ces acteurs, qui ont su néanmoins à force de travail acharné se maintenir à flots et même pour certains, à devenir un parangon du genre à travers l’hexagone et au-delà. Les marseillais vous expliqueront bien volontiers pourquoi une fois de plus, dans le metal comme dans d’autres domaines ils font office d’exception, nageant toujours à contre-courant (dans le vieux port). Néanmoins, le metal comme tous les genres de niche sait tirer son épingle du jeu en période de crise grâce à son audience particulièrement fidèle et un tantinet collectionneuse. Le métalleux préfère manger des pâtes pendant six mois plutôt que de rater un Hellfest, qu’on se le dise.
Car si la ville de Marseille est souvent critiquée pour son manque d’ambition et un certain attentisme, n’allez pas dire aux métalleux locaux de se contenter de ce qu’ils ont. Ils sont fiers de vous expliquer qu’ils ont autant de bars rock qu’à Paris, et n’ont pas à rougir des nombreuses salles et infrastructures mises à leur disposition pour voir des concerts ou répéter. Certes la périphérie de Marseille, tout comme la périphérie parisienne n’attire pas les foules et une salle devenue « classique » pour voir des groupes locaux comme « le Local » à La Penne sur Huveaune a dû fermer. Mais grâce à l’entraide et surtout à la pénurie de concerts dans la région, le Korigan à Luynes résiste bien et a vu se produire nombre de groupes cultes tels que Entombed, Cynic, Misery Index, Dillinger Escape Plan et bien d’autres encore…
Tous les styles de rock et de metal sont ainsi représentés à travers toutes les salles, clubs et bars de la ville : de l’extrême à La Salle Gueule, du ska au Traquenard, du metal couillu au Ace of Spades, du punk au Molotov, du Hard Rock à la Maison Hantée, impossible de ne pas trouver son QG et sa tribu.Pas si mal pour une ville qui est le plus souvent ignorée par les grandes tournées internationales qui visitent Paris, parfois Rennes, parfois Strasbourg, plus rarement Toulouse ou Montpellier… Alors certes Marseille est la deuxième ville de France en densité de population, mais elle n’a pas la culture profondément rock de la Bretagne, ou la proximité toute germanique de l’Alsace Lorraine.
Elle prouve ainsi qu’encore et toujours elle est une ville à l’identité forte, résistante, rebelle et inclassable. Viva Massilia Metal !