Art du partage, partage de l’art : voici le credo de la semaine de la Convivència, ce festival de musique du monde aux quinze bougies. Créé par Jean Colomina, dans son ancien magasin de disque, afin de partager sa passion de la musique, ce festival très investit dans les démarches éco citoyennes, nous fait chaque année découvrir une sélection de musiciens choisie au coup de cœur.
Pourriez-vous nous présenter brièvement le festival ?
Convivència est un mot provençal qui n’a pas de traduction littérale, à mi-chemin de connivence et convivialité. Cela reflète l’état d’esprit du festival : une manifestation gratuite, se déroulant dans un bel espace ombragé, et ayant à cœur de développer un axe écoresponsable. Nous tenons beaucoup à être à proximité des gens : le public a la possibilité de rencontrer les musiciens après les concerts durant les Cafés Tchatches.
C’est la quinzième année du festival, pourriez-vous faire le bilan de ces années ?
J’ai créé le festival quand j’étais disquaire. Il était organisé dans la rue piétonne à côté du magasin. A ce moment-là, il y avait déjà énormément de monde. Puis mon magasin a fermé, et avec l’accord de la ville nous avons déménagé dans un espace beaucoup plus important. Le public a suivi, s’est démultiplié. La volonté de créer le festival était profonde, nous voulions un endroit pour partager, avec nos clients au début, avec le public ensuite, de créer cette convivialité autour de la musique, et des messages allant de pair avec elle.
Pour les quinze ans, allez-vous prévoir des festivités en plus ?
Cette année, il va y avoir des manifestations dans un quartier populaire de la ville, en partenariat avec une association du quartier, mais la programmation n’est pas encore établie. Il va également y avoir des tables rondes sur des thèmes éco-citoyens, sur les circuits courts, sur les monnaies alternatives aussi, comme celle utilisé durant le festival : la miette. Mais aussi des ateliers d’écritures, dont les textes seront lus. Il y aura probablement une ou deux scène ouverte pour les jeunes groupes d’Arles.
Pourriez-vous nous en dire plus sur les artistes programmés ? Comment choisissez-vous la programmation ?
Hormis lundi, les concerts démarrent à midi, ça a toujours fonctionné comme cela. Nous avons Broussaï, un groupe de reggae français, aux textes revendicatifs, Delgres dont les textes parlent de l’esclavage. Mercredi nous accueillons une chanteuse Syrienne, Waed Bouhassoun. Sa musique est d’une grande beauté. IL y aura un coté plus festif avec Fiera, un groupe occitan, et Officina Zoé. Pour nous c’est important d’avoir ce côté, citoyen. C’est surtout un côté humaniste, et ça a toujours été là. Il faut voir la chanteuse Waed ce qu’elle écrit sur la Syrie, cela nous touche.
Avez-vous des souvenirs à nous faire partager ?
J’en ai deux : il y a deux ans environs, il pleuvait, et il fallait annuler le concert. Nous avons proposé au groupe, des chanteuses A cappella, de faire le concert, dans une salle à notre disposition, très petite. Elles ont acceptés. Il n’y a même pas eu besoin d’installer de sono, elles ont tout fait A capella, c’était magique, tout le côté technique était remplacé par leur voix. Pour le second, nous avions programmé un chanteur sénégalais, il avait sorti un disque et devait faire une tournée en Europe. Malheureusement, son laisser-passer a été annulé, comme beaucoup d’autre à cette période-là, et il a dû rester au Sénégal. Nous avons trouvé un groupe pour le remplacer mais nous tenions vraiment à le faire revenir. Quelques années plus tard, il a finalement pu chanter à la Convivència, et ça a été magnifique, il nous a envoyé un message, pour nous dire « que ce concert lui avait permis de retrouver sa voie ». Même si sa carrière ne s’est jamais remise de cette histoire, cela reste un moment fort du festival.
Hélène Salimbeni
Du 11/07 au 16/07 à l’Espace Léon Blum – Arles (13)
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