À l’occasion de la sortie de l’album “Shake That Three”, nous avons passé un bout de matinée hors du temps, à discuter comme des copains avec Stéphane Signoret et Patrick Atkinson, guitariste et chanteur fondateurs du groupe marseillais, rejoints par Simon Granier, jeune batteur ayant intégré la formation plus récemment.
Vous êtes très bien suivis par la presse sur “Shake That Three”, votre dernier album. Avez-vous beaucoup de dates prévues les mois à venir ?
Stéphane : C’est vrai qu’on a été surpris d’avoir un tel relais : on a eu des chroniques dans Rock and Folk, Rolling Stones, Magic… Nous avons pas mal de dates à venir mais ça reste dur à trouver, les dates de concert… Nous n’avons pas de tourneur. Nous avons déjà joué à Paris, Lyon et Nîmes, Bourg en Bresse, Saint-Étienne, Périgueux, Toulouse, Reillanne… Sans vouloir faire le vieux con, j’ai connu une période où quand tu avais ce genre de promo, ça débouchait sur beaucoup de concerts ! Maintenant, c’est un peu plus difficile. Le fonctionnement est un peu vicieux : ce sont toujours les mêmes groupes qui monopolisent toutes les dates. C’est dommage.
Peut-on revenir sur la genèse du projet ? Sur vos envies de l’époque et l’idée générale du projet ?
St. : En fait, lorsque j’ai arrêté de jouer avec les Neurotic Swingers, j’ai joué avec quelques petits groupes, mais rien de bien sérieux. Nous avons un jour reformé les Neurotic pour une date unique, et avec Pascal, le guitariste, nous est venue l’idée de monter un autre groupe. Pour le choix du chanteur, je me suis souvenu avoir vu jouer Patrick à l’Espace Julien dans French Revolution ; j’avais beaucoup aimé sa manière de chanter, à la fois très pop, crooner et très rock and roll. J’avais vraiment envie de ça à la voix, sans m’enfermer dans une esthétique particulière. Nous avons donc contacté Patrick sans savoir ce que ça allait donner ! Nous nous connaissions très peu.
Patrick : D’abord, je me suis dit que je n’avais pas envie de chanter dans un groupe punk-rock ! Cependant, lorsque nous avons répété en studio la première fois, j’ai retrouvé ma voix et j’étais très heureux. Plein de musiciens sont partis de Pleasures car ils voulaient faire de la musique énervée (rires), mais Stéphane et moi, on s’est vraiment connectés, on a cherché ce côté pop music, avec des vrais refrains. Nous le voulions. On s’était dit un soir qu’on voulait quelque chose de “sexy et groovy”. Je pense qu’on a su garder le côté groovy (rires).
St. : Nous avons recruté des jeunes pour avoir le sexy ! (rires, encore). Sérieusement, j’aime bien les albums où il n’y a pas dix fois le même morceau, je ne voulais pas choisir entre pop et rock.
P. : Nous n’avons d’ailleurs jamais parlé de références, nous ne nous identifions pas à d’autres groupes. Nous avons toujours parlé avec des adjectifs plutôt qu’avec des comparatifs. Sur “Shake It On Down”, on fait à la fin un clin d’œil aux Rolling Stones en reprenant les accords de “Sympathy for the devil”, volontairement.
Justement, comment se passe le travail de composition, pour ce projet ?
St. : Chacun amène ses idées en studio, et nous rebondissons dessus. Par expérience, maintenant, je n’apporte pas de produit fini en répétition : j’aime laisser l’espace aux autres. Je peux amener couplet / refrain mais pas de pont, je tais même parfois mes idées de mélodies…
P. : J’amène plus les morceaux en entier, pour ma part, mais il arrive bien sûr que celui-ci change totalement avec les autres. Peut-être que ça va changer, avec l’arrivée de Loïc et Simon. Pendant le covid, on a passé pas mal de temps à deux, en acoustique, à travailler les morceaux.
Quelles envies ont accompagné la création de ce deuxième album ?
St. Personnellement, j’avais une envie de plus d’orchestration, de mettre plus de guitare acoustique dans cet album.
P. : Le premier, nous l’avons fait très vite, nous n’avons pas beaucoup creusé sur les chœurs, peut-être.
St. : Oui, il y a des morceaux que j’adore et qui marchent bien dans le premier mais nous aurions pu aller plus loin au niveau de l’enregistrement. Là, on a beaucoup de guitares, de percus, de chœurs…
Vous qui avez des groupes depuis longtemps maintenant, comment se passe le travail avec des musiciens de plus jeunes générations, est-ce que quelque chose change dans les pratiques ?
P. : Nous avons fait notre premier concert avec Loïc, et c’était super : il a appris les chansons très rapidement. Nous sommes contents, Loïc (nouveau bassiste du groupe, NDLR) et Simon ont joué ensemble, tu le sens. Avec Stéphane, nous nous connaissons très bien, nous sommes un peu comme deux couples, en fait (rires).
St. : Une chose est sûre, accueillir de nouveaux musiciens a fait changer les morceaux. J’ai écouté des anciennes versions de notre titre “You are a revolution”, par exemple, et il était moins groovy que maintenant ! Simon apporte ce côté plus dansant, je ne sais pas si c’est générationnel mais ça dépend de la qualité et de l’expérience des musiciens, c’est sûr !
Simon : Je trouve que le rock moderne est un peu plus dansant, comme chez les Viagra Boys, par exemple.
On a dû vous la poser cinquante fois, la question sur votre nom, mais…
St. : C’est toujours très compliqué de trouver un nom. On a cherché plein de trucs, et c’est venu comme une évidence, comme ça, d’un coup.
Si. : Moi, je trouve que ça illustre bien la simplicité de l’écriture de Pleasures. Tu posais la question du générationnel, je trouve en effet que Stéphane et Patrick sont plus facilement enclins à quelque chose de simple, sans complexité inutile. Le nom l’exprime bien. Nous ne sommes pas un groupe de laboratoire, nous ne cherchons pas à réinventer le rock. Nous aimons ce que nous faisons.
St. : Oui, nous faisons ça pour le plaisir, sans être égoïstes. “Pleasures”, ça exprime aussi ce qu’on veut procurer au public ! Nous ne voulons pas faire des choses que pour nous.
Du plaisir, vous avez l’air d’en prendre aussi dans l’élaboration de vos clips !
St. : Nous avons en effet une belle relation musicale et artistique avec Marcia Romano et Bruno Sabatier. Je connaissais ce dernier lorsqu’il était rédacteur en chef de Technikart. D’ailleurs, à ce moment-là il ne me répondait pas beaucoup niveau promo (rires). Marcia est une scénariste très talentueuse et reconnue. Ils sont venus tourner ici, à Lollipop, une scène de film, pendant deux jours. Je les ai rencontrés comme ça. Nous avons bien sympathisé et je leur ai proposé de nous faire un clip en pensant qu’ils allaient dire non, mais ils ont été très enthousiastes et ils ont tourné le clip de “Sweet soul loving”. Ils ont eu cette idée de mettre en scène une fille qui livre des vinyles comme des pizzas un peu partout dans Marseille. Récemment, nous avons fait avec eux deux nouveaux clips, dont un avec des images d’un vieux film érotique. C’est surprenant, peut-être. Nous aimons beaucoup l’idée de l’autodérision. Nous en sommes à cinq clips avec eux, et nous allons en faire un nouveau très vite ! Nous en sommes très heureux.
Qu’est ce qu’on vous souhaite, pour 2024 ?
St. : Des festivals !
P. : Aller jouer au Canada !
Lucie Ponthieux Bertram
(version intégrale sur nouvelle-vague.com)
Le 30/05/2024 au Makeda – Marseille (13).