[dropcap]I[/dropcap]l y a des musiques qui collent à la peau. Il y a des groupes qui se prénomment bien. Il y a Petite Musique. Loin, bien loin, de la pop et des courants électro, un retour humain vers l’harmonie des accords, des voix, de la musique et de ses créateurs. Rencontre avec la voix de Bastien, un peu maltraitée par son téléphone vieux de dix ans, mais qui fournit l’essentiel : des réponses qui dépassent parfois les questions.
Quelles sont tes inspirations ?
Ca va de Nirvana à Brel en passant par Joe Dassin. C’est en faisant les marchés aux puces que je me suis forgé une culture musicale. J’achetais des vinyles un peu au hasard et j’ai découvert comme ça des artistes de tous les univers. Mais l’enfance de Cédric et moi a été bercée par la chanson populaire, par Sardou, par Enrico Massias, ce qu’écoutait notre mère en fait.
Tout d’abord comment a commencé l’aventure Petite Musique ?
C’était en 1999, on travaillait avec mon frère, Cédric dans la petite épicerie familiale de la Seyne-sur-Mer. Et pendant les pauses, l’après-midi, on grattait et chantait. C’était un peu fait de bric-à-brac, j’ai acheté une batterie sur un coup de tête, j’ai appris à en jouer grâce à un dico qui m’a permis de placer les éléments correctement, puis est venue la guitare, j’ai appris un accord, puis deux et enfin le violon a fini de peaufiner le tout. Tout s’est fait de manière auto-didacte. Pas toujours dans les règles de l’art, je jouais de la batterie avec les pieds et du violon à l’orientale, Cédric chantait et jouait de la guitare. C’était un petit miracle. Comme si chacun avait la moitié d’un cerveau. Ca a duré un certain temps, puis en 2003, un an après la vente de l’épicerie, tout a vraiment commencé. Nous ne jouions plus que nos propres créations. On s’est lancé. C’est là qu’est né le duo Petite Musique.
Maintenant vous êtes cinq, pourquoi ?
En fait pour le dernier album, les chansons sont venues les unes après les autres et nous nous sommes rendu compte que pour leur rendre vraiment justice, il fallait plus de deux gars. A deux ,on ne pouvait leur fournir qu’un bikini et ces chansons demandaient une belle robe de soirée. De manière toute à fait naturelle, Tony, qui est un ami de mon frère, nous a rejoint avec sa guitare électrique et son banjo. Puis Olivier, que nous ne connaissions pas beaucoup mais qui nous avait dit que si un jour nous avions besoin d’un batteur, il serait là, a agrandit nos rangs et c’est Buck, le bassiste qui a mis un point final à cette nouvelle configuration. Nous n’avons pas eu besoin de chercher. Tout le monde était déjà là.
Pourquoi ce nom, Petite Musique ?
Cédric avait un chat qui s’appelait Petit Chat. Finalement le nom s’est imposé de lui-même, même si la possibilité de « Joli Bordel » nous a séduits un temps. A posteriori, Petite Musique colle bien, à contrario de la grande musique, nous souhaitions quelque chose de simple, qui reste dans la tête. Populaire, mais pas populiste, de la musique d’artistes qui ne viennent pas de grandes écoles.
L’air de rien tu parles beaucoup de cette épicerie…
L’épicerie ? Mais c’est un monde l’épicerie ! C’est encore plus utopique de vouloir en vivre que de se lancer dans la musique. Aucun de nous n’a jamais dit par exemple « si dans deux ans ça ne fonctionne toujours pas on arrête.» Du coup après avoir grandit dans cette atmosphère, nous n’avions plus peur de rien.
Manon Feldmann
Le 04/10 dans le cadre du festival du Cri du Rocher – La Garde (83)