VILLA FANTÔME

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Entre élégance anglaise, trompettes vengeresses et clins d’œil aux géants des années 80, Villa Fantôme explore la face cachée du rock. « Seconde Zone » confirme un goût pour l’ellipse et les histoires de marge, où l’énergie de la scène transcende la mélancolie du vinyle.

Je suis vraiment ravi de cet échange avec toi pour parler du nouvel album de Villa Fantôme sorti sur le label At(H)ome et qui s’appelle « Seconde Zone ». L’album précédent était chez le même label ?

Oui, le premier album était déjà sous la confiance d’At(H)ome , qui sont des vieux de la vieille du rock’n’roll. Nous nous connaissons depuis longtemps mais nous nous étions perdus de vue. Ils ont eu la curiosité d’écouter notre album et nous ont fait confiance. Cela fait maintenant quatre ans que nous travaillons ensemble.

Tu es un ancien de La Ruda Salska, groupe ska rock qui a vécu entre 1993 et 2012. Vous tournez encore sur scène mais il n’y a plus d’album qui sort, que gardes tu de cette période ?

Nous jouons toujours avec La Ruda effectivement, Nous faisons des concerts régulièrement, depuis l’été 2024. Nous avions envie de nous retrouver, de refaire de la scène, ressentir à nouveau ces sensations, cette adrénaline, sans pour autant se projeter sur la création, ou sur la production d’un album. Nous savions que le Ruda ne pouvait pas s’inscrire dans le présent sur ce terrain là, donc cette idée de créer un groupe avec Manu est devenue vitale. Retrouver l’enthousiasme de la création, de faire de la musique ensemble, d’écrire des chansons tout simplement. Nous ne voulions pas faire une Ruda bis, nous voulions aller dans une ambiance un peu plus froide, plus anglaise, un peu plus proche de Joy Division, Depeche Mode ou The Cure.

Un univers plus pop rock, voir new wave parfois, avec quelques bribes sonores de La Ruda, comme des lignes de trompettes sur certains titres.

Oui carrément, mais au départ ce n’était pas prévu au programme. Nous avions besoin que ça dégaine un petit peu. Comme dans un univers cinématographique et cette trompette nous permet de percuter, comme un vengeur masqué qui déboule au milieu du scénario pour donner de la gueule à l’ensemble. 

2022, c’est la sortie de votre premier album, « Villa Fantôme », qui a été très bien reçu par la presse et par le public. Comment on se sent à la sortie d’un premier album dans un univers différent alors que le public vous connaît sur un autre registre ?

Nous étions plutôt excités, c’est ce qu’on vient chercher justement, de savoir si nous sommes capable de faire autre chose. Nous étions aussi un peu craintifs évidemment, comme chaque groupe qui sort un disque, mais nous avions l’ambition de bien faire les choses, de faire quelque chose qui nous plaise et nous ressemble. Que l’album soit bien accueilli par la critique, qu’il soit bien compris et que personne n’y voit un doublon avec La Ruda était important pour nous.

La façon d’écrire est en plus forcément différente qu’avec La Ruda qui était plus dans l’énergie et la vitesse des mots.

Complètement, Villa Fantôme c’est une musique de peu de mots et c’est volontaire. Nous devons passer par l’ellipse. D’avoir le choix des mots et de leur sonorité, c’est casse gueule au possible. Il faut faire et refaire sa copie plusieurs fois, l’équilibre est difficile à trouver, mais nous étions très fiers de ce premier album.

Nouvel album « Seconde Zone », pourquoi ce titre? Juste parce que c’est la deuxième étape ? 

Non, nous n’y avons pas vu cela. En musique il y a deux zones, deux vitesses, celle très médiatique où nous n’avons pas notre place, et la seconde zone où il y a les cafés concerts, où les gens viennent découvrir des artistes. C’est ce que vous faites avec vos fanzines ou web radio. Vous essayez de faire remonter à la surface et de faire vivre ces groupes. La seconde zone c’est ça, des musiciens avec de vrais parcours.

Un album aux sonorités plus années 80 que le précédent, même dans la façon de chanter. Même dans le dossier de presse lorsque vous parlez des chansons, rien n’est dit directement, tout est suggéré, vous avez des phrases du genre « c’est comme ci Depeche Mode s’étaient invité sur une chanson où ils ne devraient pas être ».

Oui, ce sont des influences qui sont sous-jacentes mais qui sont bien réelles, parce que c’est que nous écoutons, nous sommes des grands fans de Depeche Mode, The Cure, Joy Division. Ce sont des groupes que nous écoutions aussi quand nous étions mômes. Nous en utilisons certains effets en restant Villa Fantôme, sans singer les choses. Toutefois, nous avons envie que ça ressorte. Nous sommes un peu comme des gamins dans un magasin de jouets. Nous avons envie de ressembler à nos « héros ». Nous en avons beaucoup dans la musique, cela nous permet de nous tester à quelque chose qui nous est cher. 

C’est difficile de parler de toutes les chansons d’un album, mais j’ai tiré  trois titres afin d’aller un peu plus dans le texte et dans les messages que vous portez. Ainsi, « Origine » est pour moi une chanson très nostalgique, sur l’évolution de la consommation musicale.

« Origine » elle est un peu onirique, et c’est justement le peu de mots utilisés fait qu’il faut aller de soit même un peu plus loin dans la compréhension. Le texte parle un peu des illusions perdues. Elles peuvent être politiques, musicales, la perte d’une certaine pureté au fil des années, à tout sur interpréter, une fraîcheur d’esprit qui n’existe plus.

Ensuite « Labyrinthe », celui qui se glisse dans notre cerveau et dans le sens de la vie ? Dans le texte j’aime beaucoup la phrase « je ne peux plus en sortir, où est le sens ? », est ce une quête d’une approche du sens de la vie ?

Oui tu tapes dans le mille, exactement. « Quelle est cette voix qui me parle sur ce ton ? », là nous sommes aussi dans un questionnement personnel et universel. Nous finissons par nous retrouver dans un labyrinthe de pensées qui nous fait douter, nous sentir mal. Nous voyons que nous nous en sortons pas, ce qui traduit un peu un trauma, et où est le sens de la sortie de tout ça ?

Dernier titre choisi « Les Paul » référence à la célèbre marque de guitares. Un texte utopiste sur le fait de ne pas aller au combat, sauf en chansons ?

Pour le coup ce n’est pas du tout ça (rires) mais tu n’es pas le premier à me le dire donc c’est que j’ai un problème dans la construction du morceau. C’est une chanson qui est très à plat,  elle parle d’un personnage qui est un peu paumé. La proposition est nette, c’est de mettre de côté tous ses soucis et de prendre la route avec sa Les Paul, de monter dans un camion et de faire de la musique. C’est pas plus con que ça. C’est une chanson un peu à la Renaud, assez figurative. Une chanson très premier degré.

L’album est sorti en format vinyle, c’est une volonté depuis le début ? Le premier était déjà sorti sous ce format.

C’était la volonté unique même au départ. Notre seule ambition était de sortir les disques en vinyle, pour l’objet et parce que cela fait partie de notre génération. Toutefois, nous nous sommes aperçu, à notre bonne surprise, que des gens continuaient d’acheter des CD, mais de voir sortir le 33 tours c’est comme un rêve d’ado qui se réalise. Et c’est pour nous le vrai beau format, qui nous permet en plus de mettre en avant la pochette de l’album, d’un rose efficace.

Des concerts et festivals, j’imagine, sont prévus.

Oui, nous sommes en phase de conquête de notre public, car au-delà du succès critique, nous en sommes au premier stade de la découverte de l’audience de cet album. Nous espérons que nous réussirons à convaincre un maximum de monde de venir et de nous être fidèles.

Franck Inizan

villafantome.fr

📸 Villa Fantôme par Titouan Bouiller.

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