Le second album est un cap redouté par bien des artistes, d’autant plus quand le premier a connu un succès immédiat, comme c’est le cas pour The Shoes. Mais avec « Chemicals », sorti le 8 octobre dernier, le duo originaire de Reims semble avoir réussi à conjurer le mauvais sort. Malgré une composition longue et parfois difficile, le résultat est au rendez-vous. Puissant, moderne, lumineux, « Chemicals » flirte avec la pop sans s’écarter de son ADN électro et underground. La musique du 21ème siècle, vous avez dit ?
Musicalement, en quoi « Chemicals » se différencie-t-il de « Crack My Bones » ?
Je ne peux pas dire que c’est un virage… mais presque. Pour composer « Chemicals », nous sommes repartis de zéro. Nous avons changé de studio, d’équipe, essayé de nouveaux instruments… Nous cherchions à faire quelque chose de riche et complexe au niveau de la production et des arrangements. Même s’il est peut-être plus sombre que le précédent, c’est un album accessible pour tout le monde. Certains morceaux sont plus mainstream, d’autres plus complexes et parleront aux fans de la première heure. J’ai l’impression qu’aujourd’hui, nous assumons toutes nos influences et qu’on fait une musique qui nous correspond, propre à notre identité sonore. C’est un aboutissement. Nous sommes assez fiers de cet album. Sa conception a pourtant été plus longue que pour le premier album.
Dans quel état d’esprit étiez-vous durant sa conception ?
Il est vrai que nous avons eu pas mal de phases de doutes durant la composition de l’album. Le problème, c’est le manque de recul. Quand tu restes à huis clos pendant un certain temps, tu ne sais plus si les mélodies sont bonnes, si la musique te plaît… Composer un album, c’est toujours une sorte de combat, de remise en question permanente. C’est épuisant moralement et physiquement mais ça vaut le coup.
Parle-nous davantage de tes influences. Se situent-elles aussi bien à l’intérieur des clubs qu’à l’extérieur ?
Oui, totalement ! Personnellement, j’ai adoré la scène underground math-rock anglo-saxonne, des trucs comme Flynt ou les Chemicals Brothers qui nous ont influencé jusque dans le choix du titre de l’album. Mais j’aime aussi beaucoup de morceaux pop beaucoup plus produits. Je trouve justement que la scène électronique française actuelle est très intéressante. Des mecs comme Gesaffelstein arrivent à mélanger ces deux aspects avec une force incroyable. C’est aussi quelque chose que l’on a essayé d’avoir dans notre musique, cette puissance sonore.
Durant les 4 années qui ont séparé les deux albums, Benjamin et toi avez collaboré avec de nombreux artistes d’horizons différents comme Woodkid, Joke ou Sage. Qu’est-ce que tu retiens de ces expériences ?
Ça a été très formateur et très agréable de travailler avec d’autres artistes. C’est un partage de sensations, d’idées, d’influences, de manière de bosser… Je crois que c’est nécessaire d’avoir une ouverture et de rester à l’écoute sur ce qui se fait autour de soi. Un dernier mot sur l’importance de la vidéo dans votre œuvre.
Certains clips qui ont accompagné « Crack My Bones » ont fait sensation, comment imagines-tu les prochains ?
Nous en avons un peu marre des clips tournés en super qualité qui racontent une histoire, la vie d’un type… Un clip doit être un support à une chanson, pas l’inverse. La vue et l’ouïe sont deux sens qui fonctionnent en même temps, le but c’est de magnifier le son avec l’image. Avoir une narration, ça ne m’intéresse plus trop. Je cherche plus à créer une sensation globale.