POMME

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Après deux albums, « À peu près » et « Les Failles » sortis respectivement en 2017 et 2019, Pomme, de son vrai nom, Claire Pommet, continue d’apporter sa douceur et sa poésie sur la scène musicale française. Durant une période musicale sombre pour tous les artistes, Pomme a accepté de répondre à nos questions.

 

Si tu devais te définir en quelques mots, Pomme ce serait-qui ? 

J’ai 24 ans, je suis une autrice-compositrice-interprète et je fais de la chanson française. Enfin ce qui s’y apparente.

 

Comment as-tu vécu ton confinement ?

Je l’ai vécu de manière assez houleuse, il y a eu des moments super chouettes, très créatifs et des moments de pression et d’anxiété intense, d’ennui mêlée à de l’angoisse vis-à-vis de la suite.

 

Tu évoques souvent la solitude et le fait que tu aies pu te sentir seule. Pour toi, cette solitude est créatrice ou plutôt anxiogène ?  

Non j’adore être seule. Je passe beaucoup de temps seule depuis que je suis ado et j’aime beaucoup cela. Néanmoins, il y a toujours des moments où cela peut devenir pesant, plus je passe du temps seule et plus je m’éloigne de la réalité et des gens de mon âge, donc il y a des moments où cette solitude a pu être lourde à porter mais elle me permet de créer, d’être libre. Je suis assez contrainte par mon emploi du temps et les journées passent vite, alors c’est très important pour moi de pouvoir me retrouver seule.

 

Pourrais-tu me donner trois inspirations prédominantes dans ton travail ?

Je lis énormément de livres féministes et de bandes dessinées, j’aime les dessins et les illustrations. J’écoute énormément de musiques différentes, je n’en ai pas une qui m’inspire particulièrement, j’écoute de la chanson comme du rap, de la pop ou bien de la folk. J’écoute et m’abreuve de toutes sortes de musiques. Je m’inspire aussi, bien sûr, de mon quotidien, des expériences que je vis et des émotions que je ressens.

 

Quelles sont les différences entre « Les Failles » et la réédition « Les Failles cachées » ?  

C’est tout simplement une édition complète de mon album. Lorsque je suis allée en studio, j’ai enregistré seize titres et quand j’ai fait la tracklist de l’album, l’année dernière, je n’avais pas envie de faire un album trop chargé mais plus concis, de douze titres. Je savais que j’allai tôt ou tard rajouter les quatre titres supplémentaires. Alors c’est vraiment parti du même prototype de création et j’en ai juste fait une édition augmentée.

 

Que penses-tu de l’ampleur autour des  « Failles » ? Il est à l’origine d’un filtre Instagram et tu as lancé une ligne de vêtement, comment tu vies tout cela ? 

Tout ce que tu as cité, c’est à mon initiative et ce sont des choses que j’ai créées donc je ne me sens pas dépassée. Je contrôle tout ce qui découle et sort autour de ce projet. Je suis juste contente qu’il y ait cette résonance autour de l’album, car cela me ressemble et est à mon image.

 

Cela fait trois ans aujourd’hui que ton premier album « A peu près » est sorti, quelle est la différence entre la Pomme d’il y a trois ans et la Pomme d’aujourd’hui ?

Franchement ? Tout. J’ai tellement changé et grandi, j’ai su affirmer mes goûts, je sais mieux ce que je veux car j’ai pris confiance en moi. J’ai acquis plein d’expériences en musique ou sur scène. En trois ans j’ai évolué, je suis passée d’une adolescente à une adulte, à essayer de l’être en tout cas. Cela va faire presque dix ans que je fais des concerts, au début c’était dans des bars et ce n’était pas mon métier mais cela donne de l’assurance.

 

Tu as toujours le trac avant de monter sur scène ?  

Je suis toujours stressée les trente minutes précédant le concert mais c’est du bon stress. Quelquefois, il peut prendre le dessus et j’ai un peu une voix de chèvre sur les premières chansons (rires). Mais ce n’est jamais négatif.

 

Quant à ta scénographie, elle est toujours intimiste et tu amènes une ambiance épurée, c’est un choix de ta part ? 

Il y avait ce besoin, par rapport au premier album, de revenir à quelque chose de beaucoup plus minimaliste. Sur le projet des « Failles », il était impératif d’aller à l’essentiel et de ne pas seulement décorer pour décorer, de ne pas mettre des choses inutiles mais de montrer aux gens ce que je suis vraiment, de me reconnecter à mon public. Car tout mon travail m’a permis de m’affirmer.

 

Lors d’une interview tu avais évoqué ta déception lorsque tu étais adolescente de ne pas pouvoir t’identifier à un artiste gay, aujourd’hui tu aides beaucoup les jeunes vis-à-vis de cette affirmation, comment le vois-tu ?

Je le comprends de plus en plus car on m’en parle énormément. Cela me touche beaucoup car je me suis trop souvent retrouvée dans des situations étranges lorsque j’étais adolescente et cela s’expliquait par le manque de représentations auxquelles je pouvais m’identifier. Je pense qu’inconsciemment l’artiste que je suis devenue remplit les cases que je n’avais pas durant mon adolescence. C’était beaucoup moins facile il y a dix ans d’être une artiste ouvertement lesbienne, aujourd’hui les artistes osent s’affirmer et ne font plus semblant d’être ce qu’ils sont. Mais pour moi, c’était un besoin et ce n’était pas calculer, je voulais me sentir moi-même dans ma vie comme dans mes projets artistiques. Si cela aide et remplit l’espace public de plus de diversités, il faut le faire.

 

tu as choisi de prendre position sur la place de la femme ou bien sur homosexualité, qu’est-ce que tu dirais à la société pour faire bouger les choses ? 

Je n’ai pas la prétention de pouvoir faire bouger les choses, mais il faut toujours garder l’esprit ouvert, d’être toujours plus tolérant car il y a toujours des sujets sur lesquels on n’est pas forcément au courant. Il faut garder cette dynamique de tolérance.

 

Comment vis-tu le fait d’être exposée médiatiquement ?  

Je n’ai pas fait de la musique pour être connue, mais ça ne me dérange pas forcément. Cela n’a pas bousculé ma vie, parfois c’est perturbant de sortir et de se dire que les gens peuvent me reconnaitre. Ce n’est pas invivable, car il y a beaucoup de gens qui ne me connaissent pas et ceux qui viennent me voir sont toujours bienveillants et adorables. Je n’ai pas un rapport compliqué avec ça car je n’en suis pas à un stade où je ne peux pas sortir de chez moi.

 

Et de quelle manière cela se passe-t-il dans ta sphère personnelle ?  

J’ai eu du mal à garder contact avec mes amis d’enfance, car c’est délicat de trouver un terrain commun lorsque l’on prend des chemins différents. Mais je m’adapte, ce n’est pas forcément évident mais il me semble que ces évolutions sont plus simples à gérer quand on se montre souple. De plus, j’évite souvent de parler de mon métier et de dire que je suis musicienne.

 

Avec le recul, comment perçois-tu ton travail aujourd’hui ? Tu y trouverais des choses à refaire ?  

J’apprends beaucoup sur le terrain, de mes expériences et de mes erreurs.

 

De quelle chanson es-tu la plus fière ? 

Je suis assez fière de « On Brûlera » et de ma chanson « Anxiété », car ce sont des thèmes peu évidents et je suis heureuse d’avoir pu les mettre en chanson. Mais surtout que les gens puissent aimer cela. Ma musique me permet de dire les choses que je ne saurais pas dire autrement, de mieux me comprendre et de pouvoir mettre des mots sur ces choses complexes.

 

Qu’est ce que l’on pourrait te souhaiter pour 2021 ? 

J’aimerais que le Covid soit moins dangereux pour que la vie et la culture reprennent comme avant. Me reposer car je ne me repose pas assez et d’être toujours plus tolérante.

 

Romanne Canavese

 

Le 20/11/20 au Théâtre de l’Esplanade – Draguignan (83), le 10/12/20 au Silo – Marseille (13) et le 12/03/21 au Cratère – Alès (30).

www.pommemusic.fr

 

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