Arrivé au milieu de la dernière décennie, PLK n’attend pas pour faire parler de lui. Celui qui a déjà vendu plus d’un million d’albums enchaîne les succès et les gros tubes nationaux. Portrait d’une des figures de proue du rap français.
Des débuts fulgurants
Mathieu Pruski, dit PLK, grandit à Paris (XIVe), avant de déménager chez sa grand-mère à Clamart (92). D’un père polonais et d’une mère corse, Polak commence tôt le rap grâce à cette dernière. La découverte des morceaux de Notorious B.I.G. l’emmène à écrire des textes avant l’âge de dix ans, puis à rentrer au sein d’un groupe : le Panama Bende. Le trio sort un premier EP “ADN” permettant à PLK de mettre un pied dans le bain. Tout s’enchaîne vite pour lui, il se lance en solo et sort trois projets en trois ans : “Dedans” (2016), “Ténébreux” (2017) et “Platinium” (2018). On y retrouve des succès comme “All Night” ou encore le titre “Copine”. Il participe également à l’émission “Rentre dans le cercle”, du rappeur Sofiane, dans laquelle on aperçoit de nombreux rappeurs comme Caballero & Jean Jass ou encore La Fouine. Il propose alors une prestation remarquable aux côtés d’autres artistes tels que Vald et Cheu-B.
“Polak” : le grand bain
La carrière de Mathieu connaît un véritable tournant en octobre 2018. Il sort “Polak”, qui est bien accueilli dès sa sortie, puisqu’il reçoit un disque d’or (50 000 ventes) en seulement quelques mois. Avec ce projet, PLK passe d’un rookie bourré de talent, à un prétendant au futur top de la scène rap française. L’album est propulsé par de nombreux hits, avec entre autres le titre éponyme “Polak”, “Dingue” ou encore le single “Monégasque”. Cet opus contient également de belles collaborations puisque Nekfeu, SCH et Paluch (rappeur polonais) l’accompagnent dessus (de quoi bien démarrer une carrière). On retrouve notamment les artistes sur les morceaux “Waow”, “Hier” et “Gozier”. L’album fonctionne à merveille, mais c’est bien grâce au média Booska-P et à leur format “1 son en 1 heure” que Polak fait parler de lui. On retrouve ainsi à la fin de l’album “Émotif (Booska 1H)” qui va rester pendant longtemps, son morceau le plus connu.
L’ascension : un “Mental” solide
L’année d’après, PLK sort une nouvelle mixtape : “Mental”. Celle-ci va permettre au jeune homme de valider sa place parmi la crème des rappeurs. Des tubes un peu plus chantés comme “Un peu de haine” et “Problèmes” ressortent du projet, élargissant son public et touchant d’autres auditeurs. On retrouve 19 titres dans ce projet dont quatre collaborations avec Maes (“Cartelo”), Timal (“Toute l’année”), Aladin 135 (“Corazon”) ou encore Tessa B (“Tout recommencer”). Cet opus, comme le précédent et une vraie réussite pour PLK puisqu’il est certifié disque d’or un mois après sa sortie et est également double platine aujourd’hui. “Mental” confirme Mathieu dans le haut du panier et comme il le dit : “Je fais des hits et je t’emmerde” (“Un peu de haine”). Toutefois, le plus dur n’est pas fait. S’il cumule déjà un bon nombre de projets, il lui manque cependant l’album qui va le faire changer de dimension et le faire se démarquer des autres. En somme un projet qui le fait rentrer dans son prime.
Le prime “Enna”
PLK continue son ascension et sort son deuxième album studio “Enna” (qui est la contraction des prénoms de son petit frère Enzo, et de sa petite sœur Léna, mais aussi le nom de son label Enna Music France). Ce projet est une immense réussite (aujourd’hui certifié triple platine avec plus de 300 000 ventes) pour le rappeur et le propulse tout en haut. Après une entrée en matière remarquée avec “Enna”, il annonce une réédition de l’opus (“Enna Boost”). Celle-ci porte le total à 29 titres et sept collaborations de haut niveau encore une fois avec Niska, Rim’k, Heuss l’Enfoiré, Hamza, SDM, SCH et Oboy. Ce dernier permet à PLK de faire encore un immense tube en duo sur “Attentat”. Il ne s’arrête pas là et va, en 2021, rentrer définitivement dans la catégorie des stars. En binôme avec le marseillais Soso Maness, Mathieu sample un vieil air russe (“Kalinka” d’Ivan Larionov) pour proposer le hit de l’été : “Petrouchka”. Ce morceau reste, à l’heure actuelle, le plus gros succès du rappeur.
Un léger contretemps dans sa carrière
Tout n’est pas tout rose non plus pour PLK. Le 17 juillet 2022 à la Grande-Motte, il est placé sous contrôle judiciaire pour l’agression d’un policier municipal. Il est condamné en octobre 2022 à un an de prison à effectuer à domicile sous surveillance électronique pour « violences volontaires sur dépositaire de l’autorité publique n’ayant pas entraîné une ITT supérieure à huit jours ». Cette histoire fait tache dans la carrière du rappeur même s’il n’est, ni le premier, ni le dernier, à faire valider sa “street cred” par des actes. Si Polak s’est dit “très déçu de lui-même” suite à ça, il se défend quand même, en répétant qu’avec l’obscurité, il ne savait pas qu’il s’agissait d’un policier. Un léger contre-temps donc dans l’ascension fulgurante de PLK, qui ne l’empêche pas de repartir de plus belle. Il se montre d’ailleurs en apparaissant dans les albums d’autres artistes notamment sur “Escorte”, dans le projet de Werenoi (“Carré”). Sa carrière est relancée.
Un lien avec ses fans
Si PLK est sur une autre planète, il garde quand même les pieds sur terre. Le meilleur moyen pour cela c’est sa simplicité et son authenticité. Ainsi, il crée un EP en collaboration avec ses fans. “2069’” sort le 14 avril 2023 et tous les aspects de ce projet ont eu l’aide des auditeurs du rappeur. On retrouve parmi les postes proposés des stagiaires, des directeurs artistiques, des attachés de presse ou encore des responsables du merchandising, le tout se fait sur inscription. Ce projet fonctionne un peu moins que les albums précédents, mais rien de dramatique non plus. On peut écouter tout de même de gros hits comme il en a l’habitude avec “Demain” ou encore “Nouvelles”. “2069’” contient deux featurings avec Dinos (“10 minutes”) et Kerchak (“7/7”). Ces singles permettent notamment à PLK d’être le premier rappeur français détenteur d’un disque de platine avec un EP. Pas mal pour un projet collaboratif de seulement dix titres.
PLK version 2024
Après une belle année 2023, Polak ne doit pas rater le coche en 2024. Il décide alors de prendre le taureau par les cornes et de l’entamer de la meilleure des manières. Il sort “Chambre 140”, un album en trois parties. Néanmoins, elles ne sont pas dépendantes l’une de l’autre et ne donnent pas l’impression d’être bâclées. Ces trois parties peuvent chacune être un album complet. Le projet est long d’une trentaine de titres (beaucoup plus que la moyenne dans le rap français), respirant grâce à six interludes placés tous les cinq morceaux. Il fait appel à peu de monde pour collaborer avec lui sur “Chambre 140” mais les featurings sont choisis minutieusement et sont efficaces. Hamza, Jul, Vacra, TIF ou encore Gazo l’accompagnent tout au long des trois fractions du projet. Chaque album est évidemment un succès commercial dès sa sortie (comme tous les opus du rappeur) et place un peu plus Mathieu parmi les grands. Alors que nous réserve l’avenir de PLK ? Difficile à dire au vu de sa discrétion médiatique, mais nul doute qu’il restera au top du rap français.
Axel Spicciani
Le 13/04/2024 au Dôme – Marseille (13), le 14/04/2024 au Palais Nikaia – Nice (06), le 27/06/2024, dans le cadre de l’Aluna Festival, à Ruoms (07), le 17/07/2024, dans le cadre du Festival de Nîmes, aux Arènes de Nîmes (30), le 24/07/2024, dans le cadre du festival Le Son By Toulon, sur le Parvis du Zénith de Toulon (83) et le 05/09/2024, dans le cadre du Delta Festival, sur les Plages du Prado – Marseille (13).
Photo : Nkruma.