OXMO PUCCINO

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Artiste emblématique de la scène hip-hop, Oxmo Puccino entame la tournée de son nouvel album. Huitième réalisation de l’artiste, « La Voix Lactée » dévoile une production moins organique que ses derniers travaux. Un retour aux sources pour le « black desperado » du rap français aux presque vingt ans de carrière.

 

J’ai l’impression que dans « La Voix Lactée » vos textes sont moins sombres qu’auparavant ?

Beaucoup moins sombres. J’ai voulu aller dans un élan de positivisme forcené. L’album résulte aussi du climat en France. Je réagis à mon environnement. Il y a eu le 7 janvier et à la sortie de l’album, le 13 novembre. Je me suis dit que face à ça, la seule chose à faire était d’y mettre du sien en apportant un peu de lumière.

 

Vous avez dit que l’expérience artistique se produisait sur scène. Malgré les médias actuels, les tournées restent le meilleur moyen de convaincre le public selon vous ?

Le but de toutes ces vidéos est de vivre l’expérience. C’est un luxe de pouvoir assister aux choses par procuration mais c’est dans le but d’y participer. Tout amène à cette rencontre qui va nous changer. La scène, c’est le summum. On ne peut pas voir tous les jours Lady Gaga en concert. En attendant ce moment exceptionnel, on le vit en vidéo. C’est pour cela que le nombre de vues est multiplié. Mais cela n’approchera jamais la réalité. La vibration, la chaleur, la moiteur de la foule, l’attente de l’artiste ne sont pas téléchargeables.

 

En parlant du groupe PNL, vous avez récemment déclaré que la rue n’avait plus été aussi bien chantée depuis longtemps. Le rap a- t-il connu une période de creux selon vous ?

Les années 2000 ont vu naître le rap « spectacle » qui s’inspirait du gangstérisme américain. C’est devenu du divertissement, plus que de la réflexion. Ce rap « spectacle » n’a rien à voir avec la réalité car on connait les codes à suivre pour en produire. PNL, eux, sont arrivés avec un style qui apprenait quelque chose de la rue. Ils expriment la vie comme à l’époque de Lunatic, en parlant de la rue d’une manière qui n’a jamais été faite.

 

Dans « Ton Rêve », vous ne dressez pas un portrait très élogieux de la jeunesse. Vous évoquez une perte de repères. Pensez-vous que les jeunes ont grandi dans une société moins structurée et moins structurante qu’auparavant ?

Bien sûr, c’est beaucoup plus compliqué. La transmission, la cellule familiale aujourd’hui sont chamboulées. Qui sont les modèles ? En qui croire ? Cela nous définit aussi. Aujourd’hui il n’y a plus de modèles ; plus de grands politiciens. La position parentale a énormément changé et son influence a diminué. Les jeunes sont livrés à eux mêmes et ce n’était pas le cas de ma génération.

 

Vous avez également dit dans une interview que vous auriez eu la trouille de commencer votre carrière dans le rap aujourd’hui… Cela veut-il dire que le rap « conscient » n’a plus sa place ?

Les gens auront toujours besoin de réfléchir. Cela prend du temps pour germer mais ça ne vous quitte plus jamais. Pour comprendre un morceau comme « le vide en soi », il faut avoir perdu quelques personnes, sinon ce n’est qu’un morceau poétique. Il faut avoir aimé pour ressentir « le jour où tu partiras ». A contrario, danser ou prendre du bon temps sont des choses programmables à tout moment. Les gens ont compris « l’Enfant Seul » à partir de leur vécu. Ils n’étaient pas habitués à des textes qui ne revendiquaient que l’amour. Les choses prennent leur temps, et quand les choses arriveront moi je serai déjà là.

 

Thomas Bovyn

Le 18/03 à l’Omega Live – Toulon (83) et le 19/03 au Moulin – Marseille (13)

www.oxmo.net

 

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