OMER AVITAL

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S’il ne fallait qu’un mot pour décrire l’art et la personnalité d’Omer Avital se serait sans aucun doute la générosité. Par la vigueur de sa contrebasse, il transmet une énergie incroyable sur scène. Il exhorte les solistes à donner le meilleur d’eux-mêmes et ses compositions riches d’influences et de couleurs transcendent le public. Il est un pionnier parmi les musiciens talentueux originaires d’Israël qui ont marqué le jazz de ces dernières années.

 

Vous avez un père marocain, une mère yéménite, vous avez grandi à Tel Aviv et vous vivez depuis longtemps à New-York. Vous mixer toutes ces influences en permanence, néanmoins j’ai l’impression que votre dernier album « Abutbul Music » est plus new-yorkais que les précédents, qu’en pensez-vous?

C’est possible, j’essaie toujours de trouver un équilibre mais le fait que j’aime New-York et que j’y vis depuis que j’ai 20 ans, est bien sûr prédominant. Je reste tout de même ouvert à d’autres possibilités et je combine beaucoup d’influences, c’est mon style. Je peux tout aussi bien travailler sur un projet entièrement marocain ou yéménite car je connais très bien ces musiques. Tout est possible du moment que je joue du jazz, les styles co-existent. Je reste avant tout un musicien de jazz et je pense que c’est la musique la plus incroyable qui existe au monde. J’y ai tout simplement intégré ma personnalité avec mes influences et ces traditions se sont interconnectées. Même si le jazz est très diverse aujourd’hui, je suis très respectueux de sa forme artistique et de son histoire humaine. Je ne serai jamais un artiste de fusion, je ne veux pas abandonner des éléments essentiels du jazz et du blues, c’est une vocation.

 

Vous avez enregistré votre album à Paris, pourquoi ce choix?

Nous avons une relation particulière avec Paris et la France, avec nos amis, les gens qui aiment la musique, les producteurs, les clubs, les festivals et le public. Ce que j’aime à Paris c’est les mélanges, où j’ai grandi et où je vis il y a des cultures dominantes. En Israël par exemple, les gens n’étaient pas très ouverts à ma culture marocaine-yéménite. Quant à New-York, elle n’est pas vraiment représentative de l’Amérique, alors qu’en France c’est différent. A Paris des algériens, des tunisiens, viennent à mes concerts, personne ne discute de politique ou de religion, il y a aussi les amateurs de jazz et tout le monde se retrouve autour de la musique. Ils l’aiment c’est tout, ils la comprennent et s’y reconnaissent. Dans un sens j’ai trouvé une maison, je peux jouer à Nice, à Marseille ou à Paris le public reconnait mon style. Que je joue une chanson marocaine ou du blues yéménite, les gens réagissent, ça fait partie d’eux, c’est impressionnant.

 

Des journalistes vous ont surnommé le « Mingus israélien », comment le prenez-vous? Est-ce que cela met beaucoup de pression sur vos épaules?

Premièrement c’est un très beau compliment, mais quand même un peu étrange. J’essaie de ne pas y penser, tout ce que je veux c’est être moi-même. Les gens m’aiment pour ce que j’apporte et ça n’a pas forcément de rapport avec Mingus, même si c’est une des mes idoles. En ce qui concerne la précision « israélien » c’est un peu étrange parce que je vis à New York et j’ai d’autres cultures.

 

Peut-être est-ce en référence à la vague de musiciens israéliens, avec entre autres Avishai Cohen, qui a déferlé sur le jazz mondial ces dernières années. Comment expliquez-vous ce phénomène?

Avec Avishai nous étions les premiers, nous avons à peu près le même âge. Quand j’ai déménagé à New York, beaucoup de gens me demandaient pourquoi, ils me disaient que le jazz était mort que ça ne marcherait pas. Je voulais jouer avec mes idoles, c’est tout. A la fin des années 90, j’ai signé avec Impulse, c’était le label de Coltrane et Mingus et en même temps Avishai Cohen jouait avec Chick Corea. Quand les gens font des choses pour la première fois, ils ouvrent des portes et tout devient plus facile. Lorsque nous sommes revenus en Israël nous étions devenus des exemples et en même temps l’enseignement et le niveau se sont élevés. Aujourd’hui l’un de mes musiciens à 20 ans, il est né à ce moment là, je vois les nouvelles générations elles sont là, c’est évident.

 

Evelyne Rydlöf

www.omeravital.com

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