NARROW TERENCE

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Autodidactes et poly-instrumentistes, Narrow Terence est un groupe de musique français originaire de Rognes dans les Bouches-du- Rhône. Le groupe est fondé en 2004 par Antoine et Nicolas Puaux. En 2005, les deux frères décident de tenter leur chance à Paris. Dès lors, ils feront la rencontre d’artistes aux talents et aux styles musicaux divers. L’avenir semble prometteur. En 2007, ils réalisent leur premier disque « Low Voice » auquel s’associent plusieurs artistes. Leur musique leur permet d’enfoncer des portes pour se produire sur des scènes et en particulier celle du Printemps de Bourges en 2007. Pour le reste, ils nous le relatent avec passion à travers une interview qu’ils ont bien voulu nous accorder.

 

Vous avez plusieurs formules sur scène en fonction du contexte, du cadre ?

Oui, cela a toujours été dans l’ADN Narrow que d’essayer de s’adapter aux lieux, de jouer avec les ambiances. Nous prenons autant de plaisir à jouer en acoustique qu’en électrique, nous essayons de ne pas nous «enfermer ». C’est assez chouette, je trouve, parce que nous essayons de jouer avec les contextes. Mais cela n’aide pas forcément l’image du groupe, cela n’aide pas à se définir, parce que les gens ne savent plus très bien si nous sommes acoustique ou électrique. Mais finalement, c’est la musique qui est fondatrice alors nous partons avec l’idée qu’il faut aller au bout de cette démarche.

 

Est-ce que c’est quelque chose qui est vraiment important pour vous, qui vous permet de garder plus de fraîcheur ?

En effet, il y a souvent eu dix versions d’un même morceau. Nous n’en faisons pas dix pour trouver la meilleure, mais plutôt en se disant « tiens, selon l’humeur ça ne pourrait pas se jouer plus comme ça ce soir là ? ». J’exagère un peu en disant dix mais c’est vrai que nous avons des morceaux qui ont quatre ou cinq visages. Et en fonction de la formation, nous pouvons les interpréter différemment.

 

Pour ce qui est des enregistrements et des albums, êtes-vous restés dans le même état d’esprit ? Changer les concepts, les formules d’un album sur l’autre ?

Oui tout à fait. Cela s’est vu dernièrement car il y a un grand écart entre notre dernier album et le précédent. Ce dernier avait été enregistré en acoustique, dans une chapelle avec une dimension live. Tout avait été enregistré en deux jours.

 

C’était une envie un peu spontanée ?

Oui. C’était aussi la conséquence du deuxième album qui avait eu un accouchement douloureux au niveau de la production. Cela avait mis beaucoup de temps, nous avions pas mal patiné sur les mix, cela avait été assez « inerte ». Nous nous étions dit, après la sortie de l’album, que nous ferions le prochain complètement différemment. Il y avait un côté thérapeutique à le faire de manière très instantanée. L’acoustique était un bon pitch justement parce que cela nous amusait de reprendre des morceaux. C’est un mélange de chansons inédites et de vieilles chansons réarrangées en acoustique. Évidemment, nous avions choisi les plus lourdes et les plus électriques, pour leur trouver un costume qui soit vraiment surprenant. Cela n’a pas mal fonctionné et il y a également un documentaire qui est sorti autour du disque. Pour beaucoup, Narrow était devenu un groupe acoustique. Et quand « Rumble-O-Rama » est sorti, c’est un retour que nous avons beaucoup eu. Les gens reconnaissent le groupe, ce n’est pas un souci, mais parfois on nous a dit « je pensais que vous vouliez être plus folk ? ». Si nous remontons l’histoire au premier voire au deuxième disque, on constate que l’électricité était là. Cela nous semble quand même fondamental de créer un univers plutôt qu’une étiquette. Et Narrow est un univers large, à l’image de la musique que nous écoutons, à l’image des individualités du groupe, à l’image de l’ouverture d’esprit que nous souhaitons insuffler dans notre musique. Fatalement, nous en venons à faire des grands écarts d’un album à l’autre voire d’une chanson à une autre.

 

Quelque part, considérez-vous qu’une chanson n’est jamais complètement aboutie, qu’elle peut toujours évoluer et être retravaillée ?

Oui, il y a d’ailleurs des chansons du dernier album qui sont des chansons qui ont dix ans, qui sont restées en jachère. Nous ne rougissons pas de l’écriture que nous pouvions avoir il y a plusieurs années. Nous ne sommes pas dans une optique progressiste de la musique où « plus nous avançons, mieux nous écrivons ». Il y a de vieilles choses que nous arrivons à déterrer, à reformuler autrement, à rejouer autrement. Il n’est donc pas rare de voir de très vieux morceaux apparaître sur les albums.

 

Le dernier album est relativement récent. Est-ce que vous vous êtes déjà projetés dans de futurs enregistrements ?

Nous avons toujours un peu cela dans le coin de la tête. Et comme nous sommes curieux, nous aimerions bien croiser les fers avec d’autres groupes sur le principe de la création. Lesquels ? Nous pourrions en citer douze, mais nous aimerions essayer de confronter notre univers et de le faire résonner autrement.

C’est-à- dire faire une chanson, une collaboration ?

Oui. Il y a une largesse dans ce que nous propose notre spectre musical qui permet de pouvoir abriter beaucoup d’univers d’autres groupes et de les exploiter avec eux. Nous avions pensé à peut-être essayer de faire un disque plus hardcore, un disque plus world. J’utilise des grands mots, mais nous sommes dans l’idée de remettre de la vitalité dans le groupe en se nourrissant de l’énergie d’autres groupes. Nous aimerions aussi faire un travail en collaboration avec des conservatoires, avec des enfants, en particulier sur l’album « Rumble-O- Rama » qui a beaucoup d’arrangements de cuivres et de cordes. Cela pourrait être une belle option pour faire une version « orchestrale » du set avec des élèves du conservatoire. Nous avons déjà engagé quelques démarches dans ce sens là. C’est aussi un fantasme de pouvoir entendre les cuivres et les cordes en masse sur des arrangements que nous avons pensé comme ça sur le disque et que nous ne pouvons pas forcément retranscrire à quatre, voire pas du tout. Nous voudrions également développer les tournées à l’étranger.

Jusqu’à maintenant vous avez eu des accroches à l’étranger ou c’est encore un peu difficile ?

Un petit peu avec le bureau export avec qui nous avions travaillé qui nous avait envoyé jouer en République Tchèque, au Portugal, et un peu en Angleterre aussi. Donc nous avons joué un peu à l’étranger, ce qui est agréable et assez chouette. Les codes du public français sont déjà très différents d’une ville à l’autre ; mais quand nous jouons en dehors du pays, avec la barrière de la langue, nous nous trouvons un petit peu en déséquilibre entre les morceaux pour présenter les choses, nous avons moins d’aisance. Cela nous ramène à quelque chose de très pur dans ce que nous envoyons sur scène et nous avons eu de chouettes retours. Ce sont des concerts qui font beaucoup progresser. Et le grand fantasme serait de partir sur les routes des États Unis. C’est la musique de là bas qui nous a donné envie d’en faire, en particulier la scène grunge de Seattle.

 

Donc le point de départ, on peut dire qu’il vient de ces groupes là, de ces styles là ?

Notre terreau c’est la scène de sub-pop de Seattle. C’était assez fou de voir tous ces gens extrêmement solidaires, composer ensemble. C’était ce que nous avions envie d’entendre à l’époque. Nous étions ados et nous sommes tombés dans la soupe Nirvana très tôt. C’est ce qui a vraiment cristallisé l’idée d’un label fédérateur avec une scène qui se débrouille, et qui y va, et qui joue pour jouer, même si elle gagne à peine de quoi se payer une boîte de beans à la fin du concert. Cela a été le vrai déclencheur. Ensuite, il y a eu beaucoup de rencontres musicales. Je parle pour mon frangin qui est tombé vraiment sous le charme de Mike Patton et qui a à peu près tous les disques de tous ses projets. Il fait des choses très éclectiques donc c’est aussi probablement de là que nous tenons l’envie de faire plein de choses différentes. Il y a aussi Tom Waits, évidemment, qui est un monsieur qui nous a beaucoup influencés, la scène belge des années 90 avec dEUS, Zita Swoon, DAAU, etc. Tout ce melting pot en sorte !

 

Vous faites partis du label Sounds Like Yeah ! (SLY) qui est un label particulier, avec une ambiance familiale et beaucoup de collaboration entre les groupes. Est-ce que c’est cet aspect là qui vous a attirés vers ce label ?

Oui, l’aspect familial, encore une fois, est assez fondamental. Il n’est possible de travailler, à mon avis, qu’avec des gens avec qui nous pouvons aussi dîner après avoir bossé, que ce soient les musiciens ou les partenaires de groupes. Donc c’est vrai que cela a été un argument fort. Pour la petite histoire, parce que nous n’avons rien à cacher, un des fondateurs du festival Yeah ! et donc du label SLY, est Arthur Durigon, un ami de longue date, et qui est par ailleurs le manager du groupe depuis des années. Nous avons eu une proposition par son biais et dans laquelle nous nous sommes reconnus immédiatement, avec une manière de faire les choses dans un esprit collectif, mutualisés dans la tâche. Tout cela nous a plu.

 

Et vous avez fait des collaborations entre groupes ?

Pas encore. Nous étions sur un projet de reprise d’un morceau d’un des artistes, King, qui avait joué l’année dernière au festival Yeah ! Là, c’était plutôt avec Narco Terror, qui est un groupe dans lequel je joue avec mon frère. Bon, cela ne s’était pas fait pour des histoires de logistique, les délais étaient un peu courts. Mais, je sais que le label a cela en tête et donc je pense que cela se fera éventuellement. Ce qui serait assez amusant, et ce dont je parlais avant, ce serait de croiser les fers avec ces groupes. A commencer par les artistes du label, parce qu’ils sont là et dans un bon état d’esprit. Oui, cela se fera probablement.

 

Sarah Foudrier

www.facebook.com/narrowterence

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