Melody Gardot est une musicienne américaine d’origine polonaise, qui naquit le 2 février 1985. douée de multiples talents, elle écrit, compose et interprète le jazz de manière admirable, telle les plus grandes officiant dans les années 50 et 60.
Débutant sa carrière officiellement en 2005 avec la sortie d’un premier EP remarqué “Some Lessons – The Bedroom Sessions”, elle arrivera à travers celui-ci à expliquer et transmettre la douleur qui fut sienne lors de son terrible accident de vélo survenu 2 ans auparavant. Clouée au lit pendant près d’une année, sa convalescence fut difficile, éprouvante et rédemptrice à la fois. Grâce à la musicothérapie, elle parviendra à se rétablir somme toute partiellement, tout en faisant simultanément l’apprentissage de la guitare, qui lui pemettra ainsi de composer ses douces et magnifiques rengaines enjolivées par sa voix suave au timbre raffiné. Commencera alors pour elle une nouvelle vie où elle aura la possibilité concrète d’interpréter et de jouer ses propres morceaux sur scène, dans des cafés et petites salles de concert, dans les environs de Philadelphie. Suite à cela, elle sera très vite appréciée et sollicitée pour ses talents qui sautent aux yeux, à tel point qu’une radio locale la remarquera pour finir par la faire signer sur un label, et pas des moindres : Universal Records. son premier album publié en 2006 “Warrisome Heart”, aura la grande chance d’être réédité 2 ans plus tard sur le mythique et prestigieux label de jazz Verve Records. Larry Klein sera désormais son nouveau producteur pour un second album “My One And Only Thrill”. A ce moment là de sa carrière un arrêt sur image permet de réaliser toute l’importance de l’influence qu’ a pu avoir sur elle la grande et immense Billie Holiday. nous pouvons rapidement établir les connexions musicales du “son” Melody Gardot. bossa nova, jazz vocal, folk, tout ça fait partie intégrante de ses inspirations les plus évidentes et relatées dans ses structures mélodiques. Non dépourvue de ressources au niveau artistique, elle tente aussi parfois quelques incartades dans la musique pop rock.
Ses tournées seront nombreuses durant ces années-là, en passant d’ailleurs très souvent par la France, où elle a réussi à construire autour d’elle un cercle d’initiés et d’admirateurs fidèles. En 2009, un de ses plus gros succès “Who Will Comfort Me”, aura la privilège et l’honneur d’entrer dans le top 10 américain dans la catégorie jazz. Les traumatismes très nombreux subis lors de son accident de vélo de 2003, démontrent toute la force et la détermination de cette immense artiste, mais avant tout l’être humain remarquable et admirable qu’elle peut être. Les diverses thérapies médicales lui ayant permis une rémission partielle mais conséquente auraient pu lui être aussi bénéfiques que fatales, notamment sur le plan mental et psychologique. Force est de constater qu’elles lui ont été totalement salvatrices. Et même si les lunettes qu’elle est dans l’obligation formelle de porter aujourd’hui peuvent obstruer son regard, celui qu’elle porte désormais sur la musique confirme la plus grande intégrité qui émane de sa nature humaine de femme du monde.
En 2009 paraîtra la reprise du splendide classique “Over The Rainbow”, ainsi qu’un duo étonnant avec notre chanteur crooner national Eddy Mitchell, mais sur l’album de celui-ci. Au fil de l’avancée de sa carrière et sa discographie, les influences ressenties se font plus éclectiques avec comme premiers intervenants des artistes tels Miles Davis, Janis Joplin, Duke Ellington ou encore Bessie Smith et Judy Garland. Devenue militante de la musicothérapie, elle n’hésite jamais à en faire l’éloge avec une bienveillance des plus respectables. En effet, celle-ci lui aurait permis de sortir de la torpeur et de la décrépitude qui étaient son lot quotidien à l’époque de son malheureux accident. Forte de ses expériences à tous les niveaux de sa vie de femme, elle évoque sur son tout dernier album sorti en 2015, différents aspects des observations qu’elle a pu enregistrer dans sa mémoire, comme cet homme assis dans les rues de Los Angeles à qui l’harmonica a été dérobé, et qui en puriste musicien qu’il est, n’a pas envie d’un autre car il considère qu’il ne sonnerait jamais comme l’ancien. A 30 ans aujourd’hui, Melody Gardot a décidé d’apprendre aussi à jouer de la trompette car sa passion pour la musique demeure inaltérable et croît même au fil des années. Ayant débuté très jeune sa carrière, elle peut aborder dans ses créations musicales des thèmes que d’autres artistes n’ont pas du tout la maturité d’appréhender au même âge.
“Currency Of Man” son quatrième et dernier opus porte la marque des plus grands, même si paradoxalement il ne contient aucune chanson d’amour. Plus soul et ryhtm’n’blues que ses prédécesseurs, l’empreinte d’un artiste comme Ray Charles peut parfois apparaître de manière laconique. Le travail sur la voix prend aussi une dimension inédite, avec une étoffe, une puissance et une chaleur dans celle-ci bien plus importantes que sur la plupart de ses compositions passées. Elle a sollicité à nouveau le producteur Larry Klein sur ce nouveau disque car il a semblé qu’il était totalement en phase avec les nouvelles aspirations de sa muse préférée. Le réalisme et l’abnégation qui figurent sur celui-ci sont exemplaires et marquent aussi un virage dans sa carrière. “Currency Of Man” est un tournant clé de sa vie de jeune artiste à l’expérience et la notoriété déjà bien ancrées. En effet, elle y évoque des thèmes d’un réalisme glaçant avec une lucidité à toutes épreuves. Pour contrebalancer des textes souvent marqués d’une solennité respectable, la production et les arrangements chiadés de Larry Klein font preuve d’une chaleur, tout droit issue des plus belles heures de la musique afro-américaine.
Ce nouvel opus donne à Melody Gardot la grandeur et l’étoffe des crooners de jadis avec en plus un soupçon de fragilité et de candeur irrésistibles. Son pouvoir de résilience face aux évènements tragiques qui ont pu gâcher ses plus jeunes années, est tout à fait remarquable et exemplaire. Sa foi en la musique est désormais un trait profond de sa personnalité. Jamais elle ne douta de la force et de la détermination qui allaient l’habiter au cœur même de son être. Elle n’a plus besoin de traiter de l’amour dans ses chansons, au sens propre et littéral, elle est intrinsèquement une femme de l’amour. Si l’hésitation et le doute liés à la difficulté de percer des débuts transpiraient de manière relativement flagrante, ils ont laissé place aujourd’hui à une confiance et des convictions acquises au gré d’une vie semée d’embûches. Personne ne pourra plus se mettre en travers de la route d’une artiste dont l’existence repose sur le fait de procurer plaisir et bonheur à ses auditeurs toujours admiratifs de ses œuvres. Melody Gardot est une étoile qui ne filera jamais. Elle sera toujours là pour contribuer à enrichir la galaxie musicale de celles et ceux qui gardent au fond d’eux l’esprit enfantin, rêveur et contemplatif. Melody Gardot est une artiste comme il n’en existe plus, dans la veine de Ella, Billie et Marilyn, qui du haut des cieux magnifiés de leurs présences, doivent être fières de scruter leur splendide et émouvante progéniture.
Frédérick Jourdon
Le 23/03 au Pasino – Aix-en-Provence (13), le 06/04 au Corum – Montpellier (34) et le 07/04 à l’Espace André Malraux- Six-Fours (83).
melodygardot.co.uk