MARINA KAYE

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A seulement 24 ans, Marina Kaye a déjà sorti trois albums. Elle participe également à l’album “L’Héritage Goldman” qui vient de paraître. Entretien.

A tout juste 24 ans, vous avez déjà sorti 3 albums. Comment avez vous vécu votre fin adolescence et votre début de vie de jeune femme ?

Assez difficilement, depuis l’âge de 13 ans, je n’ai jamais cessé de travailler. Sur le moment, je voyais ça comme un énorme échappatoire, alors que c’est à cet âge-là qu’on se crée des amitiés, qu’on va à l’école, qu’on se construit. Je n’ai pas eu ça. Effectivement, cela m’a permis de construire ma carrière, mais d’un autre côté cela m’a enlevé des moments.

Vous avez eu du soutien de vos parents ?

Je me suis toujours sentie seule, c’est bien pour ça que la musique était une échappatoire. Je n’ai pas eu ce soutien, c’est assez compliqué. Mais avec Jan Erik Frogg (son producteur), les choses ont très bien marché, tout s’est enchaîné et je me suis sentie entourée.

Justement, comment on fait pour réussir quand on est une fille du Sud ?

J’ai un destin un peu particulier que je ne peux expliquer moi-même. J’ai participé sans prétention à « Incroyable Talent », que j’ai eu la chance de gagner. Dans l’année qui a suivi, j’ai posté pas mal de reprises sur YouTube. Mon producteur m’a remarqué en cliquant sur une recommandation de cette plateforme. Cela fait partie des choses qu’on ne contrôle pas trop. En l’espace de 2 ans, on a commencé à travailler sur mon premier album, j’ai rencontré beaucoup de gens, puis j’ai signé chez Universal. C’est beaucoup de travail, mais énormément de chance. 

Donc, les réseaux sociaux ont joué un rôle important dans cette chance ?

À l’époque, c’était différent, on était quand même beaucoup moins qu’aujourd’hui à faire des covers. De nos jours, tout le monde est entrepreneur, influenceur, tout le monde sait faire des choses. À présent, je me sens perdue dans tout ça. J’ai 24 ans, mais j’ai l’impression d’en avoir 60 quand je regarde toutes ces personnes aux multiples compétences. Je viens de la génération où on utilisait YouTube pour le fun. On ne se prenait pas au sérieux.

Pourquoi avez-vous choisi d’écrire et de chanter en anglais ?

Ça c’est fait naturellement. Déjà petite, j’étais très attirée par la culture anglo-saxonne, je chantais en yaourt sur les chansons en anglais et faisais semblant de répondre à des interviews. Mon producteur est francophone de naissance mais né aux États-Unis. Il m’a beaucoup aidé.

Par rapport à votre participation à l’album « Génération Goldman », comment c’est arrivé? C’est votre label qui vous l’a proposé ?

Non, j’ai tourné une émission en juin 2021 sur TF1 : « La chanson secrète Florent Pagny », et j’ai rencontré un directeur artistique, Michel Boulanger, qui travaillait au même poste chez Sony. Il était sur le projet Goldman et quand il m’a vu chanter, il a voulu que je sois sur l’album. Il a donc contacté mon label et mon producteur. Quand le projet est arrivé, ça m’a plu immédiatement. Par contre j’ai de suite imposé le titre « Pas Toi ».

Pourquoi ?

C’est le titre que je préfère. Étant très émotive, j’aime chanter dans cet état. Cette chanson raconte une histoire, qui en tant que jeune femme me touche énormément, que ce soient les paroles et la mélodie. Du coup, je me suis toujours dit que si un jour je faisais quelque chose sur Goldman, ce serait ce titre .

La photo de la pochette de votre dernier album « Twisted” et le shooting qui s’ensuit sont splendides. Cela laissait à penser à une Marina plus femme, plus affirmée?

Non, je ne suis pas dans le marketing. Quand je fais les choses, c’est naturel. La pochette de l’album c’est un photographe qui me suit depuis le début : Yann Orhan. Je travaille avec des personnes que je connais de longues dates. 

Le 28 décembre, vous avez passé un « petit coup de gueule » sur votre Instagram par rapport aux restrictions du gouvernement. Pourquoi ?

Honnêtement, je pense que la corde a été assez tirée. Il faudrait peut-être essayer d’écouter ce qui ferait du bien aux gens mentalement. Je n’ai pas la prétention de savoir ce qu’il faut faire. Mais au lieu de compter les variants et d’imaginer un monde « dangerous », essayons de reprendre une vie normale.  On m’a fait des reproches en me disant que je n’avais pas été confrontée à cette maladie. La Covid, je l’ai eu deux fois et j’ai perdu mes grands-parents à cause de cette maladie. Comme beaucoup de personnes, j’ai énormément souffert de tout ça. Je pense sincèrement que ce n’est pas une raison d’arrêter le monde.

A travers vos chansons vous véhiculez des idées et des messages avec vos ressentis et votre sensibilité artistique…

C’est difficile car quand on ne s’exprime pas, on nous dit qu’on est des démagos. Par contre, quand on s’exprime on nous dit qu’on est juste des artistes et qu’on ne comprend rien. Il n’y a pas vraiment de bonne façon de faire. Personnellement à 24 ans je n’en peux plus. Je pense aux générations inférieures, à ces petits-enfants qui ne peuvent pas jouer avec leurs copains, aux jeunes de 18 ans qui ne peuvent pas vivre leur vie en sortant avec leurs amis. On est déjà une génération très marquée qui fonctionne beaucoup avec les réseaux sociaux, pas très épanouie avec les relations humaines. Je me demande ce que ça va donner dans quelques années.

Quand vous étiez petite, vous rêviez de quoi à part la musique ?

Je rêvais d’Amazonie. J’étais tout le temps dans mon jardin accrochée aux arbres. J’avais besoin de  nature et de me sentir libre. Je suis quelqu’un comme ça de toute façon, j’aime me sentir libre, que les choix m’appartiennent. 

Qu’est-ce qui vous inspire aujourd’hui?

Je n’ai pas de références fixes. Parfois j’entends une chanson d’une scène d’un film ou de la vie qui va me provoquer quelque chose en moi. Je suis surtout quelqu’un de très émotive et de très sensible. J’arrive pas toujours à expliquer pourquoi. Pourquoi à tel endroit ,telle personne, ça peut être autant dans le positif que dans le négatif. Je suis surtout très ouverte au petit message de la vie, à l’univers. Tout est énergie je fonctionne beaucoup comme ça.

Valérie Loy

 

 

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