MAGMA

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Zoom Magma

Collaboration avec Chassol, décès prématuré de leur ancien guitariste James Mac Gaw, séparations, renouements, confinement, … 2 ans après son 50ème anniversaire de carrière active, le légendaire et inépuisable groupe Magma repart à l’attaque pour une énième tournée ! Sincère, mystique, à la fois abordable et complexe, partant sur des tangentes imprévues dans lesquelles on comprend que tout est lié, comme l’est sa musique; une petite excursion dans l’esprit de son créateur, compositeur et batteur Christian Vander qui nous annonce ce que Magma nous réserve et répond également avec sympathie à quelques questions restées sans réponses à travers les années sur l’univers de Kobaïa.

Y a-t-il des sources littéraires, philosophiques, ésotériques ou autres qui sont la base des messages spirituels de Kobaïa et Magma ?

Héhé, c’est une petite question particulière… Forcément, on est passés par des choses: [Georges] Gurdjieff, certaines lectures un peu ésotériques aussi, évidemment… Forcément, on puise un peu ça et là les sources, c’est compliqué… De toutes manières, moi, spirituellement, musicalement, la personne qui m’a le plus inspiré, c’est John Coltrane; même son comportement, la manière dont il développait sa musique et, au fil des années, de son parcours, la manière dont il a rendu claire sa musique… Quand j’ai découvert John Coltrane, j’ai abandonné toute autre piste musicale. Voilà: c’était la voie pour moi. À chaque disque de John Coltrane, on pouvait s’attendre à tout. Chaque fois, c’était une découverte. On plongeait d’un univers à l’autre et ce n’était pas une redite de quoi que ce soit. Il nous amenait tout de suite dans des mondes. Donc moi, j’ai pris exemple sur lui. Je veux toujours surprendre. On m’attend là… mais non. Chaque disque de Magma a une couleur différente. Je n’utilise pas un filon comme font certains jusqu’à épuisement et je ne fais pas dans la redite non plus. Cet exemple, c’est John Coltrane qui me l’a donné. Peut-être que j’aurais pu me laisser influencer… ça n’a pas été le cas. J’ai découvert John très jeune et ça a été ma voie tout de suite. Donc essentiellement, j’écoutais John Coltrane mais j’écoutais du classique aussi. Je dis souvent que les musiciens de rock, ici, s’inspirent de musique rock alors qu’en Angleterre et aux Etats-Unis, non: ils connaissent toutes sortes de musiques. Que ce soit le jazz, le classique… ils n’écoutent pas que du rock, ce qui fait qu’ils puisent leur inspiration dans diverses choses. Ils vont pouvoir écouter [Olivier] Messiaen ou [Béla] Bartók et c’est ça la différence. La manière dont ça les enrichit, c’est autre chose…

Jésus Christ apparait sur la couverture de votre album solo « To Love » (1988). Y a-t-il un lien entre Kobaïa et la Chrétienté ou est-ce juste plus personnel ?

Non, non, franchement. Mais je vois ce que vous voulez dire. C’était parce qu’il y avait cette gravure qui était posée sur le piano et, à l’époque, j’étais partisan de ne rien changer dans les choses. On entre dans la maison, on fait des photos et voilà. C’est comme ça. Demain sera différent peut-être.

Mais vous citez également Jésus Christ à la fin de l’album « Zëss » (2019)…

Non mais je peux comprendre mais cela n’a aucune importance. J’ai écrit une phrase: “Nous avons l’art de fâcher les dieux”. Vous savez, moi, je suis un adepte, un disciple de Ptah, le grand dieu créateur d’Egypte. Donc aucun rapport. Sur mon piano trône actuellement Ptah… et deux gardiens.

D’ailleurs Alice Coltrane en avait fait un album… [« Ptah, The El Daoud », 1970]

Alice ? Eh oui, vous voyez, il n’y a pas de hasard parce qu’en fait, je ne le savais pas. Je l’ai su plus tard. Non mais il y a beaucoup de choses. Il y a des ondes… comme quoi les choses existent, on le sait.

À travers votre œuvre, il est souvent question d’un monde en péril sauvé de l’extérieur, mais depuis les albums « K.A. » (2004) ou plus récemment « Félicité Thösz » (2012), il devient sauvé de l’intérieur. C’est une théorie qui vous parle ?

Mais attendez, sur chacun des albums, c’est échec et mat, vous savez. Inexorablement.

Donc il n’y a pas du tout de revirement qui s’est passé à un moment ?

Non. Il y a toujours un espoir mais… ça ne fonctionne pas. (Rires) J’ai quelques DVD de tous types de styles et une amie m’a dit « Tu n’aurais pas un film qui se termine bien ? » (Rires) Je ne sais pas pourquoi, mais oui, c’est comme ça. Là, je vous conseille un très bon film qui passe sur Netflix qui s’appelle « Fractured » (2019). C’est un très bon moment de suspense. Si vous voulez voir un film ésotérique, vous connaissez peut-être, on ne le trouve pas toujours, ça s’appelle « The Shout ».

Oh, j’adore. C’est un film de 1978 avec John Hurt, c’est ça ?

C’est ça.

Et le cri qu’il pousse, on s’en rappelle à vie.

(Rires) Ouais, le cri c’est même pas tant ça parce qu’on s’attend à quelque chose de très impressionnant mais c’est surtout ce qu’il projette, vous voyez ?

Oui, et la tension pour arriver à ce moment.

Oui, il y a un passage extraordinaire où le gars, John Hurt, est plus ou moins musicien, il joue avec des bidules et fait des sons un peu spéciaux. Et le maître qui est à côté lui dit: « J’ai écouté votre musique… Elle est vide. » (Rires) C’est tellement vrai…

Plus sérieusement, Magma est un symbole fort de résistance dans ce pays depuis 50 ans, comment vivez-vous la période actuelle ?

Ce qui nous arrive là ? (Souffle fort) Ecoutez, je ne vous cache pas que ce n’est pas facile parce que je pense que ça atteint quand même un peu psychiquement. On disait « Après, ce sera… », qu’il y a l’avant et l’après, quoi, et je commence à en être conscient quand même parce que je vois les choses d’un autre regard. Je ne sais pas. Quelque chose a bougé.

En positif ?

Je ne sais pas encore. Je ne peux pas l’analyser tout à fait. Peut-être que c’est une impression, c’est subjectif, là, actuellement. Déjà, on a quand même pratiqué un peu. On a fait deux concerts. Les deux premiers concerts, même si c’était des répétitions, c’était quand même deux concerts. Un an et demi sans jouer, ça ne m’est jamais arrivé de ma vie.

Vous allez pouvoir vous rattraper.

Oui, j’espère. Non mais franchement, les choses sont un peu différentes, il faut se remettre dedans. C’est bien, la batterie, parce qu’en même temps, on fait du sport, c’est physique comme instrument. Et puis on travaille bien spirituellement aussi, l’esprit fonctionne bien. Je ne suis pas du genre à aller faire de la marche à pied ou faire du jardinage. C’est non et non. Contrairement à la chanson de [Henri] Salvador: “Moi, J’Préfère La Marche À Pied”. (Rires) C’est vraiment pas mon truc.

Comment s’est passée la période de confinement et limitations de déplacement pour Magma ? Est-ce que cela a compliqué votre processus créatif ou, au contraire, est-ce que cela vous a permis de travailler différemment et obtenir de nouvelles choses ?

Moi, je n’ai pas composé durant cette période parce que je ne voulais pas que les musiques soient quelque part touchées par les événements, voire que s’immiscent à l’intérieur des choses liées à ce qui nous arrive. Ne pas avoir à dire d’ici quelques temps: « Voilà, j’avais composé ce morceau mais l’ambiance était morose, etc. » En général, je compose un peu hors de tout, donc j’ai préféré m’abstenir, attendre le moment meilleur si il vient.

Vous venez de commencer votre tournée avec un nouveau line-up qui inclut pas mal de remplacements…

Vous savez, il fallait du changement parce qu’au bout d’un moment, quand on ne peut plus s’apporter quoi que ce soit ni d’un côté ni de l’autre, il faut du changement. C’est logique. Sinon ça devient presque un fonctionnariat. Et là, il est temps de changer.

C’est une formation qui marque également le retour d’Emmanuel Borghi dans le groupe…

Il n’est pas revenu dans le groupe, il travaille toujours avec moi mais dans le contexte jazz.

Cela peut-il laisser présager qu’un retour d’autres anciens membres est envisageable à l’avenir ?

Non, pour l’instant, le groupe marche très bien. Super musiciens. Il y a Simon Goubert qui est revenu, et puis Thierry Eliez aussi qui tient un autre clavier. Donc là, vraiment, la formation est excellente. Puis on a une section de voix extraordinaire. Je le dis, je n’ai pas peur de le dire (rires): moi, ils m’ont carrément estomaqué. J’écoutais depuis la salle le résultat du chant, je me disais « Wow, c’est pas bien, c’est pas super, c’est extraordinaire !” Il ne faut pas trop le leur dire mais bon… (rires)

Comptez-vous interpréter une partie de « La Fin Des Temples » de James Mac Gaw sorti l’an dernier ?

Non, ce n’est pas prévu pour l’instant au programme.

Pourquoi n’y a-t-il eu aucun album des trios, quartets, quintets coltraniens avec votre contrebassiste fétiche Emmanuel Grimonprez après toutes ces années ?

Eh bien là, on va se retrouver en trio avec Manu Borghi. Je pense que là, il devrait se passer quelque chose. C’est compliqué parce que nous, on aime cette musique, on la joue par plaisir. Bon, elle a été jouée et réalisée au mieux, on peut dire, et bien jouée, par on-sait-qui… [John Coltrane – ndlr.] Donc, je ne sais pas si on peut amener quelque chose à cette musique-là. Pour nous, c’est un plaisir de la jouer. On arrive à découvrir des choses, je cherche des voies parallèles par exemple, mais pas tout à fait au point encore. Ce n’est pas une question de mise au point, c’est une question de confiance. Donc on a très peu travaillé depuis ces années avec le trio. Là, il y a matière, peut-être, pour arriver à sortir un truc un peu étonnant sur ce contexte musical. Maintenant, jusque là, on ne va pas présenter un quartet ou un quintet qui va être une redite – et encore ! – de ce qu’a fait John ! On joue les mêmes titres, sauf que les gens ne sont pas John [Coltrane] ni McCoy [Tyner], vous voyez. C’est compliqué…

Avez-vous eu des envies de collaborations qui ne se soient pas réalisées ? Par exemple avec Christian Decamps, le chanteur de Ange, Art Zoyd ou autres ?…

Non. Je suis désolé. Une collaboration que je regrette et que j’aurais aimé poursuivre ou je ne sais qu’est-ce, c’est avec Jannick Top qui est le bassiste qui a joué [dans Magma] en ’73-’74, qui est, pour moi, du génie pur.

Est-ce que l’enregistrement d’un nouvel album studio est en cours ?

Là, on va enregistrer à la fin de l’année, je pense, des petits titres courts de chacun. On a un titre de Simon [Goubert], un titre du pianiste Thierry Eliez qui est intéressant aussi au niveau des voix. Moi, j’ai proposé deux morceaux et j’ai un morceau d’un ami à moi qui est parti, là. Cinq, six couleurs différentes…

Vous savez à peu près pour quand on peut l’espérer ?

Là, je ne sais rien. Je pense décider plus ou moins sur la fin de l’année mais je n’ai absolument aucune précision. Et je ne crois pas que Stella en sache plus que moi. Je crois que pour l’instant, on va déjà faire cette tournée – avec plaisir, d’ailleurs – et puis on tourne deux, trois des morceaux dans cette tournée là qui figureront sur l’album… en vinyle !

(Rires) Il faut le préciser !

(Rires) On perd l’habitude !

Qu’en est-il de morceaux comme « Titilbon », « Morrison In The Storm »  ou autres qui n’existent que sur des bootlegs live. Comptez-vous un jour les enregistrer en studio ?

Il était question de monter « Morrison In The Storm », en effet. Et puis finalement, je ne sais pas… j’ai hésité, j’ai fait un autre choix. Pas définitif, hein. Ça ne s’intégrait pas forcément à ce qu’on faisait là. Peut-être dans le cadre d’un petit disque…

Une compilation d’enregistrements inédits ?

Très possible ! Il peut y avoir des choses qui se promènent dans les bandes…

Au début des années 1990, vous aviez évoqué un projet « Magma Aeterna » que vous sembliez désirer à base de machines. A-t-il été abandonné ?

Il n’est pas abandonné, il a été reporté à chaque fois, faute de machines. On n’a pas les machines au niveau pour faire ce que je veux réaliser.

Qu’est-ce que vous vous attendez à obtenir ?

C’est-à-dire que c’est assez difficile à expliquer. Je voulais utiliser les mesures, les temps en microcosmes, créer une musique à dimensions. En fait, par rapport à un thème, il faut qu’il soit assez primaire, je dirais, pour qu’on en définisse bien le déroulement. Pas une chose trop complexe puis que ce soit déjà le complexe dans le complexe, etc… À ce moment-là, je voulais développer un thème simple où, à l’intérieur des rouages, tout était une sorte de mécanique qui se déroulait… C’est comme une peinture, une fresque, mais à niveaux, à étages, qui contiendrait un petit impact de grosse caisse, de caisse claire, une impulsion. À l’intérieur, on pourrait y mettre une symphonie tellement le déroulement est lent. Et sur un « Pak ! », dedans, il y aura un [il imite une sorte de roulement de batterie] donc, évidemment, ça nécessite la réduction des instruments à ce niveau-là. C’est assez difficile à expliquer. J’avais étoffé un plan sur un cahier, j’avais tout noté précisément.

Mais vous pensez que ce serait réalisable techniquement ?

C’est difficile, parce que moi, je ne suis plus au stade des mesures ou des temps. J’en suis au stade de découper les temps, de les fendre en deux si vous voulez une image grossière, mais bien plus qu’à ce niveau-là. Ce sont des petites particules de temps. Et le temps déroule. Et le tempo est tellement lent qu’il est quasiment insituable, mais par contre, il défile à une vitesse folle en même temps.

Ce serait un peu comme à 40 BPM mais en triple croches ?

Je ne travaille pas les triples croches, vous savez. Il n’y a pas une impulsion dans Magma qui n’est pas au minimum à la triple croche. Moi, je suis à la quintuple, sextuple croche, vous voyez. En fait, je suis arrivé à un stade où je travaille avec des points d’impact, en imaginant que chaque impact est une position quelque part dans le temps.

Mais vous avez dû écouter tous les artistes électroniques qui font des choses très, très saccadées…

Oui, j’ai écouté des choses, mais si vous voulez, le problème n’est pas d’avoir des instruments qui feraient des sons comme ci, comme ça. Le problème, c’est de le vivre à l’intérieur, de l’avoir en soi. Donc moi, je pratique ce genre de choses depuis des années, des années, des années ! Pour avoir une précision de scalpel voire mieux ! (Rires) Donc, c’est ça l’idée ! Mais il faut le vivre en soi. Je le vois bien, les musiciens travaillent très souvent à la double croche et les mecs, quand ils travaillent à la triple, c’est « Han ! Oh la la ! ». Pour moi, la triple, c’est rien du tout. Une fois, j’avais des saxophonistes, on avait fait un arrangement en triples croches. Les gars arrivent, trombone, trompette, tout ça: « Ouais, super, des triples croches, on va s’amuser ! » Bon, déjà, il n’y a rien de spécial pour moi dans une triple croche… La première pêche, c’était à la triple quelques mesures plus tard. On tourne trois heures au moins, on n’arrivait toujours pas à mettre la première pêche et il y avait tout l’arrangement derrière qui continuait. Au bout de trois heures, pas une note n’était mise, et le gars me dit: « Oui mais euh… vous ne tenez pas compte de l’inertie de l’instrument ». Je lui ai dit: « Bon bah venez dans le studio… Voici un crayon. Prenez le crayon et quand vous avez les moments de la pêche qui arrivent, vous tapez légèrement avec le crayon sur la console à l’endroit où vous devez jouer votre impact. » Il n’est jamais venu. Le lendemain, on a dû changer de section.

Du coup, « Aeterna », c’est pas pour demain…

Non. Mais de toutes manières, je travaillais seul. Il fallait simplement l’outil pour réaliser ça. Je n’avais pas l’intention de travailler avec quiconque. Ça ne sert à rien. Le gars n’était pas en mesure de comprendre ce que je voulais faire. Moi, tout est noté, je sais exactement la manière dont je dois procéder mais c’est un peu fastidieux à expliquer.

Et même à l’imaginer, en fait.

Je crois que ça dépend de celui qui l’imagine. Une fois le résultat obtenu, vous pouvez le faire écouter: « Bon, voilà ce que je voulais ». Mais avant, non, c’est impossible à imaginer puisque c’est moi qui l’ai imaginé. Donc, l’expliquer…

Comptez-vous ressortir des enregistrements live video d’époque ?

On n’a presque rien !

Il semblerait que l’INA a les droits du concert à Pantin en 1977, on pourrait espérer aussi une édition DVD du concert de Perpignan 2020…

Personnellement, je ne possède rien de ce genre. Il faudrait demander à Stella qui est peut-être plus au courant. On fait partie des gens qui ont été peu filmés, vous voyez. Bon, c’est pas pour dire “comme John Coltrane” mais John Coltrane a été très peu filmé. Hier soir, je regardais un film de lui qui a été colorisé à Comblain-La-Tour. Si ce n’est pas lamentable de voir ça… On voyait bien qu’ils avaient des caméras un peu partout. Pourtant, dans les plans, on ne voit que les visages des gars. Ne pas voir le batteur déjà, aussi, Elvin Jones, c’est quand même insensé. On entend un déferlement de tonnerre derrière mais on ne le voit pas jouer. John, on le voit, mais que de buste ou de visage, c’est inimaginable. Je pense que pour des gens comme ça qui ont travaillé dans le monde entier, John a été très peu filmé. Où j’étais surpris, c’est au Japon, alors qu’ils sont toujours un peu à la pointe de tout, soi-disant qu’ils auraient filmé aussi ses derniers concerts vers 1966…

Quel sont vos plus beaux souvenirs de concerts depuis 50 ans ?

Oui, justement, j’en ai un mais… cette bande mystérieuse… Colmar…

1974, non ?

Ouais, exactement. Ça a été un concert exceptionnel mais on n’arrive pas à mettre la main sur la cassette.

Ah mince !

Moi, je sais qu’un gars a enregistré puisque je l’ai vu dans la salle. C’est pour ça que je cherche. Donc il y a une personne qui a enregistré mais elle ne s’est jamais manifestée. Peut-être qu’elle est en-dehors de tout. Peut-être que cette personne a disparu. Que dire ? Mais je sais qu’une personne était juste en face de la scène et enregistrait. C’est pour ça. Il s’est trouvé que ce concert était exceptionnel !

Y a-t-il des morceaux spécifiques de Magma que vous êtes le plus heureux d’interpréter, dont vous êtes le plus fier ?

Non, je suis souvent content de travailler sur de nouvelles choses, parce que c’est normal, mais c’est pas pour ça que ça remet en question ce qui a été fait. On revient régulièrement sur les thèmes qui ont déjà été joué. J’aime bien revenir sur « Köhntarkösz » (1974), un morceau que j’aime beaucoup. « Mekanïk (Destruktïw Kommandöh) » (1973) est joué régulièrement… En petits thèmes, il y a beaucoup de choses. Moi, j’aime bien aussi quelques thèmes de mes disques solo ou même du disque « Attahk » (1978). Il y a certains thèmes que j’aime beaucoup qui ont été moins pratiqués. Quelquefois, quand quelqu’un met un morceau d’une certaine époque, c’est toujours agréable. Je trouve que cette musique tient bien dans l’ensemble au fil des années, elle ne bouge pas trop. Je trouve que c’est plutôt pas mal. J’ai du mal à me faire un avis objectif…

Magma pourrait-il exister sans vous un jour ?

Il y a des gens qui continuent à poursuivre leur démarche, leur œuvre. Si jamais cette musique tient, elle peut être interprétée très différemment aussi.

La musique subsisterait par d’autres mais le groupe tel qu’il est continuerait ?

Ce serait difficile, je pense. Et pourtant, je n’ai jamais composé la musique autour de la batterie. La batterie est considérée en dernier. Je fais la musique d’abord et après, moi, je m’intègre.

Vous composez principalement à la guitare ou au piano ?

Piano. Je compose au piano et je travaille tout au piano. Les voix, tout. Et après, eh bien il faut que je trouve une place pour moi, la batterie.

Vous devriez faire un concert de piano solo peut-être…

J’ai fait deux, trois concerts avec des morceaux plus personnels, je dirais… mais visiblement, j’ai l’impression que les gens ne s’y intéressent pas. Peu de gens se déplacent pour ce type de chose…

Ils vous voient comme batteur surtout, c’est peut-être pour ça.

Ouais, mais ça, ça a toujours été. Même Offering [side project jazz de Magma – ndlr], ça a été difficile puisque les gens demandaient à ce que je sois à la batterie. Il n’y a que quand Offering n’a plus fait de concerts que les gens ont commencé à demander enfin “Ah, et Offering alors ? C’était bien !” Oui, mais… trop tard, quoi.

Vous pourriez considérer reprendre des titres d’Offering avec des arrangements à la Magma ?

Oui, vraiment ! Moi, je suis d’accord et il m’est arrivé de le proposer à Stella qui m’a dit: « Non, on ne va pas mélanger Offering et Magma » mais je ne sais pas pourquoi ! Non, moi je suis vraiment d’accord là-dessus ! Je voulais même proposer « Another Day » mais c’était compliqué puisqu’il fallait un batteur.

Est-ce que vous pourriez considérer repartir en concert dans le reste du monde (Amérique, Asie, …) si on vous le proposait ?

Oh, maintenant, j’avoue franchement que commencer par une bonne petite tournée française fait du bien. Parce que prendre un avion tous les jours, passer à la douane tous les jours… En 2018, on avait décidé de faire une année sabbatique parce que bon, on était fatigués de, sans cesse, l’avion, l’avion, l’avion… et on s’est dit « Bon, cette année, on va être relax ». Evidemment, c’est tombé juste avant le confinement. Mais on tournait sans cesse, sans cesse…

Et vous comptez revenir dans la région bientôt ?

Pas la moindre idée. Je ne regarde pas le calendrier. On m’informe la veille, je préfère ! Je suis au jour le jour. C’est pas mal ! Et puis en plus, ça évite d’avoir des déceptions. En cas d’annulations, je ne suis pas déçu !

 

Christopher Mathieu

Le 15/10/2021 à la salle Guy Obino – Vitrolles (13), le 16/10/2021 à l’Espace André Malraux – Six-Fours-les-plages (83) et le 17/10/2021 au Rockstore – Montpellier (34).

www.magmamusic.org

 

 

 

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