POINTU FESTIVAL

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Du 01/07/22 au 03/07/22 sur la presqu’île du Gaou – Six-Fours-les-Plages (83).

Après deux ans d’absence, Le Pointu faisait son grand retour ce premier week-end de juillet. Festival ayant vu le jour en 2015, avec une programmation résolument rock indé, répartie entre deux espaces, Le Pointu débarquait en ce début d’été, pour une sixième édition organisée par le service culturel de la ville de Six-Fours-les-Plages, et l’appui du département du Var. Dire que celle-ci était attendue relève de l’euphémisme. Et l’affluence du public, malgré une première version payante, d’un événement qui s’était toujours voulu gratuit malgré des affiches d’une qualité indéniable et indiscutée jusqu’à présent, ne fit que confirmer la réputation de ce grand rassemblement que l’on espère implanter de manière pérenne.

Trois jours de concerts, de prestations artistiques, avec encore et toujours la même motivation de la part des organisateurs, surprendre, émerveiller, convaincre… Le niveau de la gageure était, cette année, d’autant plus difficile à maintenir, que de nombreux aléas extérieurs allaient intervenir, mettant à rude épreuve la patience et les nerfs des protagonistes de cette grand-messe indie : des grèves dans le monde des transports, des bagagistes et autres professionnels de la logistique allaient provoquer, au mieux, un prêt de matériel, instruments et amplis, entre groupes, consolidant au passage l’esprit de fraternité et d’entraide régnant au sein des artistes ; au pire, l’annulation de groupes n’ayant pas pu se rendre sur le site à temps.

 

Vendredi 01 juillet : 

L’ouverture des portes ayant lieu, chaque jour de ce week-end, à 18h30, les festivaliers allaient pouvoir prendre, auparavant, toute la mesure de la beauté des lieux. Un festival directement implanté sur le bord de la Méditerranée, dans un cadre somptueux, face au coucher de soleil. Que demander de mieux ? La disposition même de la scène principale, surplombant la presqu’île, donnait au site une dimension de gigantisme se fondant à la perfection dans le naturel du paysage. L’ensemble est encore plus impressionnant lorsque observé de l’autre côté de l’unique pont donnant accès au festival et qui renforce le sentiment d’extraction momentanée du fan de la morosité de son quotidien.

Côté organisation, énormément de bonnes choses. À tout moment, le dispositif mis en place pour l’accueil du public fonctionne. Tout est d’une très appréciable fluidité. L’obtention des bracelets, le retrait de l’accès à l’espace Chill, l’achat des jetons (dont la micro-économie sera extrêmement bien reçue par les utilisateurs, le festival remboursant consigne et jetons non utilisés) des sandwichs et des boissons. Le temps d’attente, quel que soit le lieu et la nature de celui-ci, n’excède pas les 5 minutes. Vous ne ratez jamais une chanson. Un service de sécurité présent, mais discret et souriant, apporte un sentiment de sûreté sans, à aucun moment, donner dans l’excès.

L’espace Chill, très demandé aux vues des préventes de celui-ci, est un lieu permettant au festivalier de profiter, un peu plus, au court laps de temps nécessaire au démontage et remontage de scène pour le défilé des groupes. Mais, là encore, les équipes de techniciens firent preuve d’une remarquable efficacité dans la gestion du matériel. Bref, à l’espace Chill, on se repose, on reprend une bière, on écoute un groupe ou bien un DJ supplémentaire, mais ça ne dure jamais très longtemps. L’heure de retourner sur la scène principale revient, à chaque fois, très vite.

Premier groupe à accueillir les festivaliers en ce vendredi, Unschooling, groupe franco-canadien livrant un rock sans tâche ni approximation, c’est surprenant et, déjà, le ton est donné. Au Pointu, la puissance et l’énergie ne passe pas par la saturation du son comme certains autres types musicaux aiment à s’y prêter. Le rock indépendant renverse par la recherche du son, l’attitude sur scène, une application stricte de l’héritage reçu des plus grandes formations pop-rock des décennies précédentes. Première déconvenue du festival, l’annulation de l’anglais Bartees Strange pour cause de problème de transport, est certes une déception qui fera craindre, très justement, par la suite, que le phénomène ne se reproduise, mais n’entachera en rien la motivation du festivalier. Pour les organisateurs, on est prêt, on sait faire, on enchaîne. Très attendus, les britanniques de Beak>, super groupe composé de Geoff Barrow (Portishead), Bill Fuller (Fuzz Against Junk) et de Will Young (Moon Gangs) remplacé ce soir par, citons Geoff Barrow, « Le mec de Londres ». La soirée s’enchaîne avec Jungle, déferlante de disco et de funk. Duo en studio, Jungle se compose de pas moins de sept musiciens. Bénéficiant d’une superbe fin de journée, le collectif enchante l’assemblée qui explose littéralement de bonheur au son des hits diffusés par les londoniens. Clôturant cette première journée, le duo australien The Avalanches dévoile un set électro tourné vers une performance croisée de DJs épaulée par une projection colorée sur écran géant en fond de scène. Côté Chill-out, on notera l’excellente prestation du quintet Sandcastle, groupe de post-punk basé entre Marseille et Toulon. Un savant mélange entre Idles, The Cure et Slowdive. Un excellent premier volet qui s’achève et qui laisse rêveur quant à la suite des festivités.

 

 

Samedi 02 juillet :

A nouveau une très belle journée et un public plus nombreux que la veille, l’effet The Hives très probablement. Cette fois, aucune annulation à reporter, mais des bagages restés au départ de l’aéroport forceront la tête d’affiche à jouer sur un matériel prêté pour l’occasion. The Spitters, quatuor toulonnais mettent déjà d’entrée la barre à un niveau très élevé. Le résultat est sans appel et le nombre incroyablement élevé de tee-shirts, sacs et autres merchandising à l’effigie du groupe visible et porté par les fans ne nous fera pas dire le contraire. Un son parfait pour une musique rock très très efficace. Un sans-faute. Autre surprise attendue au virage, Bryan’s Magic Tears, dont les titres ont colonisé les ondes des plus prestigieuses radios locales de l’hexagone [NDLR : merci radio Béton! (Tours)]. Le groupe n’a, sur scène, d’égal que la qualité de ses enregistrements studio. C’est extrêmement original malgré de multiples influences déclarées par le quintet et le groupe est accompagné d’un véritable charisme. L’affinité avec le public prend effet immédiatement. Le milieu d’affiche est assuré par Caroline. Contrepied total, le groupe surprenant de la journée. Huit musiciens sur scène, des cordes, des cuivres, une batterie, des guitares, le tout dans un ensemble jouant ce qui semble être perçu plus comme une improvisation déstructurée qu’un concert à proprement dit. Le bruit de la mer retranscrit sur une partition et retransmis live au milieu de formations rock au possible. Un vrai décalage c’est certain, mais une émotion indéniable. L’expérimentation au sens le plus artistique de la lettre. Les New-Yorkais de Geese viennent ensuite accélérer le mouvement. A voir la moyenne d’âge du groupe, on serait en droit de se demander quel type de musique la formation de Brooklyn s’apprête à nous offrir. Le choc. Le show est incroyablement bien ficelé, c’est extrêmement précis. Une énergie folle, une maturité qui estomaque et un concert qui, de l’avis général, n’est pas près d’être oublié. Peut-être, LA révélation de ce samedi. Le point commun entre l’espace Chill et la scène est justement la qualité des prestations. Certains groupes, à l’instar des franco-britanniques de MadMadMad, ayant même l’opportunité d’exercer leur charismatique électro-rock sur le Chill le samedi avant d’enflammer la grande scène à l’ouverture du dimanche.

La journée se conclut sur la prestation sur-vitaminée des Suédois de The Hives. En résumé, dixit le chanteur, le meilleur groupe de rock du monde. « Nous n’avons pas nos instruments mais on s’en fout ! Vous ? Oui ? Aussi ? Alors jouons du rock !!! ». Frontman à l’énergie débordante, Pelle Almqvist assure un show dantesque. La musique est explosive, « Notre guitariste a un ennui avec sa guitare non fonctionnel, alors on va jouer une chanson pour laquelle nous n’avons pas besoin de lui ok ? ». Rien n’arrête le groupe. Leurs meilleurs singles seront tous interprétés : « Hate to Say I Told You So », « Tick Tick Boom », « I’m Alive », etc… Batteur déchainé, guitariste ultra présent et chanteur finissant le pantalon déchiré après s’être lancé dans le public. Vous vouliez un tsunami, Le Pointu vous offre The Hives

Dimanche 03 juillet : 

La vraie force du festival, c’est sa faculté à maintenir son public en haleine jusqu’à la dernière minute. Et, malgré un dimanche débutant sous les vibrations des smartphones annonçant l’annulation du groupe Cigarettes After Sex, tête d’affiche littéralement désirée plus qu’attendue, se trouvant dans l’impossibilité de se rendre sur place, il ne saurait être question de baisser les bras en cédant au défaitisme. Aussi, pour ceux et celles qui n’auraient pas eu la chance de découvrir MadMadMad la veille, le festival propose une séance de rattrapage version allongée du concert du groupe débutant cette dernière ligne droite. Une claque no-wave, post-punk and disco et un plaisir prolongé pour les festivaliers s’en offrant une deuxième partie. C’est une nouvelle fois d’Angleterre que nous vient le succulent concert suivant. TV Priest. post-punk très charismatique, le style de TV Priest est saisissant. Le public assiste, répondant très positivement, à la montée en puissance du quatuor. Les qualificatifs manquent pour décrire l’impression laissée par la compositrice, interprète, musicienne, chanteuse australienne Stella Donnelly. A en lire dans les yeux du public, il semblerait qu’enchanteresse soit ce qui se rapproche le plus de la réalité. Une voix magique maîtrisée à la perfection, un charisme inouï et une fusion totale avec les festivaliers qu’elle séduit avec son humour. Débutant et finissant son set en solo avec sa guitare électrique, Stella est en totale harmonie avec son public, qu’elle fait chanter sur le morceau “How Was Your Day”. D’autres titres notables avec “Beware of The Dogs” et “Die” ou encore “Mechanical Bull” séduiront le public. Le groupe la rejoignant s’appaire à la perfection avec la jeune artiste. L’assemblée présente chante et danse sur commande de l’artiste espiègle. Une vraie communion. Côté Chill-out on embarque d’un dans un road-trip avec le groupe toulonnais Varlifornians, du label Toolong Records, extrait du documentaire « Varlifornia Dreamin » : une ambiance californienne aux accents surf-rock.

Au jeu des chaises musicales, c’est donc au groupe anglais de Brixton que revient désormais la mission de conclure cette édition du festival Le Pointu, la tête d’affiche Greg Gonzales et son groupe Cigarettes After Sex n’ayant pas pu rejoindre le site. A la déception et la tristesse du public touché par cette nouvelle, va très vite succéder le regain d’énergie dispensé par Shame. Aussi jeunes soient-ils, les anglais venus tout droit de Brixton retournent tout. Une véritable explosion. Là où l’événement sur la presqu’île devait se terminer sur une touche de tendresse et de mélancolie, viennent le déferlement et la facétie. Un show sans limite, de l’électricité à l’état pur. Un très grand moment de rock alternatif. 

Le Pointu. Une carte postale musicale ouverte sur la mer, une ambiance féerique, des images qui font rêver, une programmation du domaine de la perfection, une organisation exemplaire et un festival qui s’ouvre pour les vrais fans de très bonnes musiques gourmands de surprises et de nouveautés, de sept à soixante-dix sept ans. Ni plus ni moins qu’un show dont on souhaiterait que tous les autres rassemblements culturels de la même dimension s’inspirent.

Aurélie Kula

www.pointufestival.fr

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Aurélie Kula
Aurélie rejoint l'équipe de Nouvelle Vague en 2013, en tant que rédactrice. Après plusieurs contributions, elle intègre le bureau du journal au sein duquel elle effectuera les missions liées à sa nouvelle fonction de secrétaire de rédaction pendant plusieurs années, ce qui l'amènera à couvrir beaucoup de concerts et de festivals, comptes rendus et interviews d'artistes de renoms et internationaux. Aurélie est en charge du "Son du jour" sur la page Facebook de Nouvelle Vague, publié tous les jours à 13h. Amatrice de jazz, IDM, dream pop, néo classique et de punk rock (en gros FIP), elle est aussi une grande collectionneuse de vinyles. Ses autres passions sont, à ce jour, la photographie, la littérature, la basse, les arts martiaux et le yoga. A présent, elle travaille en tant qu'assistante de production pour l'influenceur Nota Bene, youtuber spécialisé dans la vulgarisation de l'Histoire et le Gaming.

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