Le 09/07/22 à la Pinède Gould – Juan-les-Pins (06)
En apéro dans la petite pinède, le trio de Christophe Imbs nous donne à découvrir, pour les Jammin’ Summer Sessions, les compositions de son nouveau projet avec Joan-Eche Puig et Anne Paceo. Très beau jazz acoustique dont quelques sonorités electro s’échappent des nombreuses pédales d’effet reliés par de gros câbles rouges.
C’est en petite formation simplement accompagné du batteur Raúl Herrera (à la superbe moustache) et son contrebassiste de toujours Yandy Martínez Rodriguez que Roberto Fonseca se présente sur la scène mythique de la pinède Gould. Le trio est l’ossature de son album Yesun (2019). Il s’installe derrière le piano avant de nous adresser quelques mots en français puis, de sa main gauche énergique, lance ce concert. Impassible les cigales bruissent encore dans les pins alentours. S’il est l’un des maîtres du jazz cubano, Roberto Fonseca ne se contente pas de faire vibrer les rythmes de son île natale. Il piment ses compositions de toutes sortes de sauces fortes: afro-jazz, swing, soul. Et même quand il reprend “Besame mucho” après une longue introduction à la contrebasse, c’est pour le réinventer de façon extrêmement lente comme se fondre dans l’ambiance un peu moite de ce début de soirée. Pour redonner un peu de vigueur, il se tourne vers son clavier électrique et le Moog pour un thème plus dynamique. Il ne saurait finir son set sans le passage obligé -que tout le monde attend- le fameux ” Mambo pa la niña”. Il nous apprend le texte ” Niña yo se sue te gusta….Mambo” pour qu’on puisse l’accompagner en rythme et dans la tonalité.
A peine le temps d’un court rappel, car comme Fonseca nous le rappelle (justement) il faut respecter les horaires pour accueillir ensuite les Snaky Puppy.
Pas de temps mort, violon, trompette, basse électrique donnent le “la” d’un concert où le groove est le maître-mot. Un gros son rempli tout l’espace jusqu’au haut des gradins bien garnis. La plupart des titres de leur set sont encore inédits, leur prochain album sort en septembre. Leur jazz fusion est franchement réjouissant. Chacun des membres du collectif de Brooklyn a l’air heureux d’être là et de jouer pour nous et aussi pour eux-mêmes. Trompette et saxophone d’un côté, innombrables claviers de l’autre sont là pour faire la fête. Michael League, le chef de troupe derrière sa basse manage sa bande discrètement mais efficacement. Au violon, Zach Brock s’essaie à quelques parties country avant de réintégrer un jazz-rock plus approprié. Bref, le temps passe vraiment vite avec eux mais quel dommage qu’il s’obstinent à user, voire abuser, des Moog et autres synthés Prophet ou Mellotron qui ont l’air d’amuser sincèrement les deux claviéristes. Ne boudons pas notre plaisir car la formidable énergie communicative qu’ont développé les deux groupes nous laisse ravis.
Jacques Lerognon