JAZZ à JUNAS : JENKINS – SURNAM – SHABAKA HUTCHKINS

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#NVmagLiveReport

Le 20/07/22 – Carrières de Junas (30)

Ce deuxième jour du Jazz à Junas commence à 18h, au temple du village pour le concert d’Olly Jenkins & John Owens. Deux musiciens anglais installés à Montpellier. Un duo tout en émotion, une voix douce (Jenkins), presque plaintive, des arpèges acoustiques et des vibrations électriques (Owens). Du songwriting à l’anglaise, des poèmes en musique qui évoquent aussi bien la stupeur du chanteur face à la montée du populisme (The Tide) que des souvenirs de sa ville de Manchester. Après leur set, inauguration dans ce même temple « Femmes en Jazz. Une autre histoire du jazz ». Une exposition passionnante et indispensable sur des musiciennes et compositrices du début du 20e siècle complément oubliées de nos jours.

21h, retour aux carrières pour le concert du John Surman quartet. Le clarinettiste britannique est entouré de Alexander Hawkins au piano, Neil Charles à la contrebasse et Stephen Davis à la batterie. Qu’il soit à la clarinette basse (au son envoutants) ou au soprano (plus lyrique) Surman est le maitre du souffle. Jamais trop, tout en délicatesse même dans les rares fortissimo. A ses côtés, le pianiste Alexander Hawkins est lui tout en swing alors que Neil Charles distille quelques belles walkin’ bass ou des solos farceurs à l’archet. Parfois la mélodie tarde à sortir, chacun des membres du quartet ajoute sa petite touche avant qu’elle soit enfin complété.

En rappel, ils jouent « Central Park West » de John Coltrane. « On ne sera pas aussi bon que lui mais on va faire de notre mieux. » prévient John Surman. Et ils l’ont fait, un nouvel instant magique à Junas !

Changement total de genre et d’ambiance avec les londoniens « Sons of Kemet », le projet de Shabaka Hutcings. Un batteur et une batteuse, un tuba et un ténor. Formation particulière pour une musique qui l’est tout autant. Energie primale, énergie urbaine, pulsation venue d’Afrique. Musique ethnique, organique, violente et revendicative. Theon Cross au tuba produit des infrabasses qui font vibrer la terre des carrières qui pourtant en ont vu d’autres. Polyrythmie. Chacun des deux batteurs insuffle le sien pour permettre à Shabaka de développer des longues phrases énervées, répétitives qui finissent dans une transe chamanique. Le public, jeune, se lève, gagne le devant de la scène pour bouger, danser et -osons- communier avec les fils de Kemet. Une communion païenne et intense.  Là non plus Coltrane, son Spiritual, ne sont pas loin. Puis Hutchings troque son ténor pour une flûte bansouri, moment d’apaisement propice à la méditation. Mais trois notes sorties du tuba nous ramènent à la réalité.

Jacques Lerognon

 

 

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