Le 25/07/2023, dans le cadre du Festival Off d’Avignon, à La Luna – Avignon (84).
Au Off du festival d’Avignon, il y a du théâtre, beaucoup mais aussi des spectacles musicaux. C’est à l’un d’eux, intitulé « Rag’n’Boogie » que nous avons pu assister. En près d’une heure trente, le pianiste Sébastien Troendlé va nous raconter les débuts de la musique noire américaine et de celles et ceux qui les ont faits. De 1619, l’arrivée des premiers esclaves sur les terres nord-américaines jusqu’à la naissance du jazz avec Jelly Roll Morton son créateur auto-proclamé, à la fin des années 1920. Il commence sa narration en s’accompagnant d’un kalimba avant de vite rejoindre le piano droit avec lequel il va illustrer de façon magistrale, les différentes évolutions de cette musique qui va devenir le ragtime et le boogie-woogie. Cake-Walk, Minstrels ou rent-parties, les esclaves, les musiciens noirs s’échappent peu à peu de l’influence de l’église pour faire une musique moins spirituelle mais plus spiritueuse dans des Barrel Houses. Sur la droite de la scène des images d’archives, des dessins sont projetés pour mettre en lumière les propos et les notes du pianiste.
Il y a beaucoup d’humour dans le récit de Sébastien Troendlé et aussi quelques belles parties de piano. Une très belle version de « How long Blues » de Lee Roy Carr, assez éloigné de celles de Hot Tuna ou Eric Clapton que l’on connaissait. Bien sûr, il joue aussi du Scott Joplin, du Fats Weller et l’un de ses propres rags. Petit moment hilarant, il accompagne en direct un court film de Buster Keaton. Instant de détente bienvenue pour le public car la condition des noirs américains à l’époque (et encore aujourd’hui) ne prête guère à rire. Formidable pédagogue, narrateur passionné et pianiste virtuose, Sébastien Troendlé nous a fait passer un excellent moment, nous a appris beaucoup de choses et nous a donner envie plonger dans les bacs de vinyles des disquaires vintages pour dénicher une petite perle de piano stride, de ragtime ou encore de bons vieux boogies.
Jacques Lerognon
