TYLER KRAUSS : Bronx Banda: Arturo O’farrill & The Bronx

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Ce documentaire, découvert lors de sa diffusion au festival du film panafricain de Cannes, décrit la relation du pianiste de jazz Arturo O’farrill avec son quartier d’origine, le Bronx. A travers ce récit en image et en musique, il décline tous les aspects de sa relation d’amour avec ce creuset de créativité qu’est le Bronx, ce quartier qui l’a porté au summum de son art et de la reconnaissance qu’il pouvait en espérer. En effet, ce pianiste lauréat de 6 Grammy Awards est originaire de ce district mythique qui recèle aussi de son lot de difficultés humaines et sociales. Dans documentaire, il rassemble une bonne dizaine de musiciens de talent et l’essence de sa démarche est synthétisée dans une de ses phrases “je ne voulais pas amener les gens du Bronx vers le jazz, mais le jazz vers les gens du Bronx pour leur rappeler que leur musique vient de là, de la vie quotidienne de ces gens.’’ La musique qui en est issue semble chercher à sortir le quartier de la léthargie et du repli sur soi qu’a été la pandémie de COVID dans un pays où la plupart des pauvres n’ont pas la moindre protection sociale sur laquelle s’appuyer. Les très belles tranches de vie ici mises en scène, nous rappellent que nous avons tous des images et des représentations de ces quartiers populaires new-yorkais, bruyants et bigarrés et qu’elles participent à une sorte d’imaginaire collectif planétaire. 

Les extraits de concerts sont aussi magnifiques de simplicité et d’authenticité dans la relation à l’art et au public que pour leur qualité musicale typiquement new-yorkaise. En effet, les musiciens de cette ville ont un style raffiné sans être sophistiqué, léger mais toujours empreint d’un groove de malade sans aucune emphase ostentatoire. Cette ode à la musique latino des quartiers pauvres de New York est un véritable bonbon qui fond dans la gorge et diffuse des saveurs sucrées que j’ai trouvées fascinantes de subtilité et de justesse. Une espèce de synthèse parfaite de ce que le monde peut produire de meilleur au 21 ème siècle. Un siècle de mixité et de partage qui peut créer les pires frictions, la violence la plus ignoble, des drames humains tout comme des miracles de chaleur humaine et de création. Bienvenue dans le monde du contraste, vu que nous y sommes, plongés jusqu’au cou et même davantage, autant en tirer le meilleur, ne serait-ce que pour donner l‘exemple aux générations du futur.

Emmanuel Truchet

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