« SPECIAL MARSEILLE » ALINE

0
41

 Aline, la pop ligne claire

Adoubée par Etienne Daho, la pop frenchie et affranchie du groupe prend toute sa mesure sur son deuxième album « La Vie Électrique ». Pour Nouvelle Vague, le leader d’Aline revient sur ce deuxième album enregistré par le légendaire Stephen Street (The Smiths, Blur).

« La Vie électrique », ça signifie quoi, pour toi ?
Romain Guerret : il s’agit de l’atmosphère lourde et pesante qu’on vit depuis quelques années. On a l’impression qu’il suffit d’une étincelle pour que tout explose. Avec ce titre, j’emprunte la métaphore du néon, qui peut éclater à tout moment. Car cette tension qu’on vit actuellement annonce une tempête que chacun attend de manière plus ou moins résignée, parfois dans la surexcitation.
On parle beaucoup d’influence anglaise à propos d’Aline, mais dans « La Vie Électrique », il y a aussi un patrimoine français, très présent, notamment dans les paroles.
Oui, Aline c’est construire non pas un tunnel sous la Manche mais un pont qui relie deux cultures que j’adore : la musique anglo-saxonne à la culture française. Pas évident de concilier ces deux mentalités si différentes. Dès mon premier groupe Dondolo, j’écrivais en français, dans un style plus second degré : avec Aline, cette écriture est devenue plus naturelle. J’avais des choses à dire et je ne pouvais les dire qu’en français. Je n’ai pas intellectualisé, je sais juste que je ne veux pas chanter de “chansons à textes”, il faut que ce soit pop,  rythmique, fluide, que ça sonne très simple… en apparence. Je suis autant admiratif d’Etienne Daho, d’Yves Simon et de Gainsbourg que de Pierre Delanoë (Joe Dassin) ou Claude Lemesle (Michel Delpech), des paroliers extraordinaires qui racontent des histoires auxquelles on peut s’identifier.
Les chansons d’Aline sont sentimentales mais pas affectées, c’est un équilibre difficile à trouver ?
Je suis naturellement assez détaché, je n’aime pas l’hystérie, le drame ni même la passion, je suis plutôt spectateur. Ça se ressent dans mon écriture et mon interprétation : ma voix plane au dessus de la musique, c’est le reflet de sentiments assez nuancés. Dans la chanson française, il peut y avoir trop d’affect, comme chez Jacques Brel, qui est très démonstratif, je préfère Barbara ou Reggiani. Mon sentiment, c’est qu’on chante comme on est, on ne peut pas se cacher.
C’est un vrai coup d’éclat d’avoir embauché Stephen Street pour enregistrer cet album !
On avait mis son nom au bas d’une liste en plaisantant…Pour nous, c’était inespéré. Et par un heureux concours de circonstances, ça s’est fait. Dans la musique il faut toujours essayer de concrétiser ses rêves. Proposer Aline à ce producteur, ce n’était pas très raisonnable, mais en travaillant avec un homme qui a enregistré des albums cultes qui nous ont influencé, quelque part on s’est payé une tranche d’histoire de la pop musique. À la limite, on s’en foutait presque de ce qu’allait être cet album ! L’industrie de la musique, c’est parfois difficile en ce moment : travailler avec Stephen Street, ça nous a permis de revenir à l’état de gamin.
L’adoption d’Aline par la scène pop française est remarquable : il y a eu l’invitation d’Etienne Daho à la Salle Pleyel à Paris, les featurings avec des groupes français historiques comme Les Désaxés…
Vu de l’extérieur, oui, mais pour atteindre le grand public on manque de relais plus conséquents. On a été présélectionnés pour Les Victoires de la Musique mais on n’a pas pu aller plus loin car on n’a pas la grosse maison de disques derrière… Je ne me suis pas dit qu’il fallait plaire à Paris mais effectivement il y a eu de bons échos. C’est dû au fait que dans cette vague « french pop », on était les premiers avec La Femme à chanter en français, donc les gens se sont emparés de ça, parce que c’était nouveau et intéressant. Notre éditrice est l’ancienne manageuse d’Etienne Daho, ça a facilité les choses, que toute cette nouvelle scène se réclame de lui l’a touché.
À la quarantaine, tu te rends compte que tu as une voix d’ « éternel jeune homme » ?
Je ne suis pas un grand chanteur mais je voulais chanter de la façon la plus naturelle qui soit. Il y a en effet quelque chose d’assez éthéré, c’est peut-être ça qui donne l’aspect « jeune ». Je suis assez mélancolique, un peu nostalgique… Aline ne parle que de fuite du temps et de jeunesse perdue, quelque part. Dans toutes mes chansons, je raconte toujours la même chose, finalement.

Hervé Lucien

En concert le 29 avril (+ guests) au Moulin (club), Marseille.

Crédit photo : Paul Rousteau

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici