Le Pôle Instrumental Contemporain et l’Ensemble Télémaque sont centraux, dans le paysage des musiques de création et leur diffusion, à Marseille. Curieux et ouverts sur le monde, le lieu comme l’Ensemble offrent un regard singulier sur la musique contemporaine.
À Marseille, la culture a ses temples. La musique, loin d’être à la traîne, s’étend tant en esthétiques qu’en lieux d’accueil. Largement représentée en centre-ville – bien que les lieux de diffusion manquent – elle ne l’est pas forcément dans les quartiers plus éloignés. Tombée à PIC en 2013, la salle installée à la place d’un ancien cinéma, dans le nord de l’Estaque, offre alors un nouveau lieu d’écoute et de création à tarif préférentiel pour les habitants du quartier. Pour autant, l’Ensemble Télémaque avait été, lui, monté en 1994 par le compositeur Raoul Lay. Dans un amour très assumé pour les compositeurs de son temps, l’Ensemble crée et diffuse ses œuvres, avant de développer les croisements entre les esthétiques artistiques comme le cirque ou la danse, dans les années 2000. Outre des représentations sur les scènes nationales et internationales, l’Ensemble développe des activités de transmission et de médiation, dans un désir d’accessibilité des musiques contemporaines pour tous. Il obtient d’ailleurs le label Atelier de Fabrique artistique du ministère de la culture, en 2016. En 2018 naît le rendez-vous annuel « October Lab », plateforme internationale de création et d’échanges musicaux. Si plusieurs créations de l’ensemble ont marqué les esprit, telles qu’ « Une histoire de la musique moderne en 88 minutes » ou bien encore « Carmen, l’opéra déplace », c’est cette année l’œuvre mêlant théâtre et musique « Mon premier mari était scaphandrier » qui permettra de capter l’essence singulière de la musique de Raoul Lay.
Le PIC, lui, est un foyer d’accueil pour toutes les musiques, si tant est qu’elles soient innovantes. Il a ainsi accueilli la résidence de l’œuvre pour voix et instruments de Maura Guerrera « Transphonie de Marseille », à découvrir cette année et réunissant un panel exceptionnel de musiciens marseillais, ou bien encore le travail du septet jazz progressif marseillais Gesir. Bien sûr, le lieu – doté d’une excellente acoustique – offre systématiquement à entendre les restitutions des résidences dans son auditorium, et offre également des répétitions ouvertes et des stages de création sonore à des centres sociaux pour faciliter les rencontres entre jeunes publics et artistes.
Lucie Ponthieux Bertram