La trajectoire musicale de Jon Onj suit une courbe ascendante, sans que cela ne doive rien au hasard. Après « Fochain », il sort l’album « Tekibama » : soulwave électro teintée de RnB, de funk et de hip-hop. Rencontre.
Comment as-tu commencé la musique ?
Mon cousin faisait de la batterie et ça me fascinait, quand j’avais 10 ans. Il est gaucher et il m’a un peu appris. Je ne suis resté que deux ans au conservatoire, je n’y avais pas le droit de jouer de la batterie en gaucher… Vers 16 ans, avec mes copains, nous avons lancés un groupe de rock en autodidactes : du rock véner, du death métal, hyper rapide. À côté de ça, ma sœur a toujours chanté. Elle prenait beaucoup de cours, inspirée par Whitney Houston ou Mariah Carey. Nous sommes de la génération du Hit Machine, du RnB de la fin des années 90’, début 2000. J’ai en moi ces deux influences très différentes.
Et le chant ?
Un ami en BTS son a appris à composer sur ordinateur : avec des amis, nous allions régulièrement chez lui pour poser des voix, écrire nos premières paroles et composer ensemble. C’est comme ça que j’ai commencé à chanter, à me dire que ma voix pouvait être cool ? Puis je suis allé à des Open Mics tous les lundis pendant un an. Mine de rien, ça m’a permis de prendre confiance sur scène ! Par la suite, nous avons monté une coloc avec un studio, avec des amis, dans le 94. C’est à ce moment que nous avons monté un premier projet sérieux, Backbone, entre trip-hop, soul et RnB. J’ai continué à chanter, et commencé à jouer du piano après qu’on m’ait offert un synthétiseur. Ça m’a ouvert à l’harmonie, à la composition et c’est comme ça que j’ai lancé en 2019 mon projet Jon Onj.
On lit souvent les noms de Prince ou de Mickael Jackson à l’évocation de ta voix, dans la presse. Qu’est ce qui t’inspire ? Comment définis-tu ton projet ?
Je suis très influencé par le RnB, Justin Timberlake, Janet Jackson ou Laureen Hill. Le hip-hop US de la même époque aussi. J’adore Otis Redding, Bill Withers, Aretha Franklin et bien sûr Prince, Michaël Jackson, ou bien Frank Ocean ou SBTRK, plus récemment. Mon projet, je dirais que c’est de la soul-wave au chant : un chant soul posé sur de la musique électronique, des synthétiseurs. Dans mon deuxième album, il y aura également pas mal de RnB, avec des rythmiques plus saccadées.
Comment se sont passées tes premières scènes marseillaises ?
En janvier 2023, j’ai co-organisé au Makeda une soirée « No Scrubs » qui était 100% RnB. Je me disais que cette scène-là n’existait pas encore en tant que telle et, mine de rien, cette esthétique est assez invisibilisée. C’était ma première à Marseille avec mon groupe, et quelques pros étaient dans la salle. Sarah, de la Mesón, m’a vu et m’a programmée au OFF du festival Au Large, sur le Toit-terrasse de la Friche, en juin de la même année. C’était génial, il y avait plein de monde et l’accueil était super. C’est un des meilleurs concerts de ma vie. Je me suis installé à Marseille peu de temps après, et mon seul but a été alors de vivre de ma musique.
Les tremplins semblent avoir été bénéfiques à ta carrière…
Oui ! J’ai d’abord postulé aux Inouïs du Printemps de Bourges, l’an dernier, et suis allé jusqu’aux auditions live, au 6Mic. Ici, nous rencontrons très facilement les professionnels du milieu de la musique, c’est vraiment positif pour les artistes. Grâce à ça, mon projet a gagné en visibilité sur la région et on m’a programmé le mois suivant aux Passagers du Zinc en première partie de Keziah Jones ! S’en est suivie une quinzaine de concerts dans l’année. J’ai aussi participé au tremplin Orizon Sud organisé par le Makeda, et je l’ai remporté ! Je ne m’y attendais pas du tout, il y a tellement de beaux projets, y compris dans mon style ! Le prix, c’était du live : j’ai eu la chance de jouer à la Fiesta des Suds. Depuis l’automne dernier, je suis avec Chinese Man Records en tour. Tout ça s’est vraiment bien goupillé. Très objectivement, quand tu as un projet émergent, soit ça stream directement quelle que soit la qualité, ce qui est absurde. Soit comme moi ça prend du temps, sans être sûr que ça soit accompagné, et cela même si le live fonctionne et que le set est rodé.
Parle nous un peu de « Tekibama », ton nouvel album.
Il y a pas mal de morceaux que j’ai composés pendant le Covid, hyper chaleureux, enrobants, même si je n’aime pas ce mot. Des morceaux velours, comme « I can’t wait too long » on avait le temps de fignoler, travailler des textures de voix et des effets, ça se sent. Je me rends compte à quel point le processus de création peut être rapide, et le travail qui suit, lent, pour un artiste émergent. Ça fait déjà cinq ans que j’ai commencé à l’écrire, mais pour autant, je n’ai pas été fainéant ! (rires). J’ai aussi écrit des titres plus récemment, comme « Could you be mine », en duo avec la super artiste marseillaise Liquid Jane. Ce featuring, nous l’avons fait en une après-midi, il nous a donné des frissons ! Il y a donc treize titres sur l’album, comme symbole de Marseille. Sur scène, je suis accompagné de Simon Bérard à la basse, Philippe Vagner à la batterie et Rémi Ghesquière au clavier ; nous ferons une release party au New Morning, à Paris, aurons pas mal de dates cet été et j’espère mettre en place une tournée à partir de l’automne.
Lucie Ponthieux Bertram
Le 15/03/2025, dans le cadre des 5 ans du 6Mic, au 6Mic – Aix-en-Provence.
Photo : Salomé Alfonsi.