LE PDG

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[dropcap]C[/dropcap]ontrairement à ce que son titre et sa pochette laissent croire, « 3ème Type », le premier album instrumental du PDG (Producteur De Génie) n’a pas été inspiré par le film « Rencontres Du Troisième Type » mais plutôt par « L’Histoire Sans Fin ». En effet, le beatmaker de Saint-Laurent-du-Var l’a conçu comme un véritable trip, un voyage astral dans le cosmos d’un protagoniste qui n’aurait pas quitté son canapé malgré l’altération de sa conscience.

 

Connu pour son travail au sein du trio Le Pakkt, Christian Ferra alias Vargas Au Mic quand il rappe, a franchi un cap depuis le dernier album des Niçois, « Musiques Meurtrières » (2011). En témoignent les sons de leur prochain opus, « L’Album Lent », à venir courant septembre et ceux de son projet perso qui nous intéresse présentement. Soit douze titres teintés de mélancolie mais attirés par l’espace qui s’inscrustent durablement dans ce disque dur qu’on appelle le cerveau.

Quand as-tu commencé à faire du son ?

En décembre 2009. C’est Zippo (rappeur du Pakkt, NDLR) qui m’a montré les bases du logiciel Fruity Loops, qui s’appelle maintenant FL Studio et depuis je ne l’ai pas lâché. Je suis juste passé de la version 7 à la 10, sur laquelle il y a notamment plus de sons de synthés. J’ai toujours aimé la musique, peut-être parce que mon père était guitariste étant plus jeune.

Ta palette sonore est assez large mais on sent une préférence pour les samples de rock progressif…

Ouais, c’est mon côté Alchemist (producteur de rap US, NDLR). J’aime les trucs un peu barrés mais avec un minimum de mélodie et un grain chaleureux. Et en plus, la grande majorité de ces groupes, ayant sévi pour la plupart dans les années 70, sont restés inconnus ou quasi. Donc ça a l’avantage d’être moins connotés que des grands noms. Je parle de groupes comme Focus, Mona Lisa, etc. Des Hollandais, des Portugais, des Hongrois comme Omega, samplés récemment par Kanye West, des formations obscures quoi. Mais ça m’arrive aussi de sampler des trucs plus connus, comme du krautrock, du William Sheller, du Michel Polnareff, ou encore Janis Joplin, dont on peut entendre la voix sur « Énergie Solaire ».

Excepté quelques éléments de batterie, il y a une nette prédominance analogique…

Bah ça sonne mieux, c’est plus vivant. Il y a même du thérémin sur l’intro et sur « Parfait ».

D’où la surprise quand arrive « Raw Material », l’OVNI électro-house !

C’est clair que j’ai pas l’habitude de faire des morceaux comme ça mais bon, là, le personnage que j’ai imaginé en train de tripper avait débarqué sur une planète où les gens étaient très sympas et festifs… et il s’éclatait bien quoi. (rires)

Et c’est quoi le délire sur « Skoll Music » ? On dirait un chant de secte, haha.

Ah, là, la voix samplée chante « High in the sky, walking down the street » mais j’ai modifié la fin des mots « sky » et « street » pour que ça sonne comme « Skoll », qui est une marque de bière. C’est un genre d’hymne si tu veux. (rires)

Et « Tour D’Ivoire », c’est un morceau sur la démence ou bien ?

Non, mais c’est le moment où le mec en question est au sommet de la montagne magique. Il voit l’oracle là, carrément. Après ça redescend. Et ça se termine par « D.R.E.A.M. », où on apprend que le gars a rêvé en fait, comme le gamin dans le film. « D.R.E.A.M. » qui est pour l’anecdote l’acronyme de « Drugs Rule Everything Around Me », petit clin d’œil au Wu-Tang Clan.

Un morceau qui est d’ailleurs un bon exemple de la fusion que tu pratiques avec ses nappes de synthé radioactives, sa steel guitar et son beat trap…

Et la basse c’est un chant de gorge indien… En fait, je fais de la musique, tous les jours ou presque. J’ai déjà deux ou trois autres projets terminés. Alors peu importe qu’on l’appelle fusion hip-hop ou psychédélisme sobre comme j’ai déjà entendu, pourvu qu’on l’écoute. (sourire)

 

José Guerreiro

www.lepdg.bandcamp.com

 

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