Hugo Kant fait partie de ces artistes émergents à suivre de près. Dans la lignée des meilleures formations de la sacro-sainte écurie Ninja Tune (The Herbaliser, Bonobo, etc.), l’artiste marseillais apporte sans rougir une pièce de choix à l’édifice abstract hip hop / downtempo de ses « aînés ». Un tissu sonore construit tout en finesse, richement orchestré, pour des ambiances cinématographiques variées et imagées.
Commençons par revenir brièvement sur ton parcours ?
Je suis musicien depuis assez longtemps. J’ai commencé jeune par le piano au conservatoire. Adolescent, j’ai joué dans des formations de rock, de jazz rock, des styles assez influencés par l’acid jazz, ce genre de choses. Après le Bac, j’ai fait 2 ans de jazz à l’IMFP, une école à Salon de Provence. Ça faisait un moment que j’avais envie de faire un projet solo. J’ai donc monté Hugo Kant il y a maintenant un an et demi.
Tu as fait partie de plusieurs formations, dans différents styles, de Güs Weg Watergang (acid-jazz / rock psyché) en passant par David Lafôre Cinq Têtes (chanson). Qu’est-ce qui t’as amené sur la voie du downtempo et de l’abstract hip hop ?
Les goûts évoluent au fil du temps. Le batteur du Güs Weg Watergang me faisait déjà écouter des choses comme Amon Tobin il y a une dizaine d’années. Je suis un peu rentré par ce biais-là, par ce genre d’artistes.
Comment est né le projet Hugo Kant ?
Cela faisait pas mal de temps que je travaillais sur des morceaux, comme ça, à la maison, avec mes influences, mes goûts, en utilisant un peu tous les instruments que j’avais sous la main : la guitare, les claviers, la basse, la flûte, etc. J’avais envie de concrétiser tout ça, d’où ce projet.
Ça s’est fait sur le long terme donc. Il n’y a pas eu un déclic ?
Il y a toujours un déclic. Il faut toujours s’y mettre à un moment donné. Ca correspondait à un moment où je jouais dans un peu moins de groupes, j’avais arrêté avec David Lafôre qui me prenait pas mal de temps. Ensuite, j’ai décidé d’arrêter avec une autre fanfare, pour me consacrer pleinement à ce projet-là.
Hugo Kant : d’où vient ce pseudonyme ?
La partie « Kant », c’est mon surnom, ça vient de mon vrai prénom : Quentin. J’ai choisi « Hugo Kant » pour faire un peu plus complet comme nom. Je trouvais que ça sonnait pas mal comme ça.
Qu’est ce qui t’intéresse dans ce style ? Comment qualifies-tu ta musique ?
C’est toujours dur de qualifier soi-même sa musique. Mais ce que j’aime avant tout, c’est le mélange entre le travail de composition et les retouches sonores qui permettent de rentrer dans un univers. J’aime bien les choses qui font voyager, avec pas mal d’instrumentation : un travail sonore qui permet de faire de la « musique imaginaire ».
Avec le recul, qu’est-ce qui est le plus intéressant pour toi : une formule en groupe ou un projet solo ?
Sur scène, nous sommes trois en live et c’est un plaisir de jouer en groupe. Après, pour ce qui est du travail de composition, c’est aussi appréciable de tout composer, tout préparer seul, pour transférer ça ensuite sur scène, en faisant des changements avec les autres membres du groupe. Quelque part, c’est plus simple de composer seul qu’en groupe. Ça prend un peu moins d’énergie. Après, ce sont des choses différentes. À plusieurs, les résultats ne sont pas les mêmes, ils comprennent les influences de tout le monde.
Comment se passent vos performances sur scène ? Y a-t-il un travail visuel qui se couple à celui du son ?
Pour l’instant non, nous n’avons pas de travail avec la vidéo. Nous le ferons peut-être plus tard. La priorité aujourd’hui, c’est d’avoir un set live qui soit vivant, en essayant de s’amuser sur scène. Nous jouons beaucoup de parties qui sont sur le disque, nous les bouclons en direct, nous nous amusons avec. Nous faisons également des parties improvisées, en plus de ce qu’il peut y avoir sur le disque. Du coup ça fait un peu un live en entre-deux, avec le son du disque qui est vraiment présent, plus beaucoup de parties instrumentales jouées et improvisées (batterie / guitare / claviers / flûte / basse).
Un mot sur ton dernier disque composé de remixs ? Comment s’est passé le choix des artistes ?
On m’avait pas mal demandé de faire des remixs. Je suis rentré en contact avec pas mal d’autres artistes sur Internet et c’était l’occasion de les faire participer. Ce sont surtout des gens avec qui j’ai des affinités musicales.
Ta musique est très cinématographique, on pose tout de suite des images sur le son, sur les ambiances. T’inspires-tu du cinéma pour composer, ou pas du tout ?
Je ne m’inspire pas vraiment du cinéma pour la composition, non. Les morceaux partent vraiment d’une idée musicale, souvent au clavier ou à la guitare. Après, je viens y rajouter des samples, des éléments de films que j’ai bien aimés et qui viennent enrichir le morceau. Mais je pars rarement d’une idée de film, c’est plutôt l’inverse. Je fais des morceaux purement musicaux qui sont basés sur des ambiances et des styles différents. Chacun y développe ensuite sa part d’imaginaire.
Petit quizz cinéma :
– Quel est ton réalisateur fétiche ?
Je dirais Terry Gilliam, le réalisateur de « Brazil ».
– Ton meilleur film de tous les temps ?
Il n’y en a pas vraiment un qui sort du lot. Je ne suis pas très difficile, je regarde un peu de tout. J’aime bien la science-fiction, les films de fantasy, ce genre de styles-là.
– A quand la réalisation d’une bande originale de film ?
On me pose souvent la question. J’ai abordé le projet d’abord pour faire de la musique en tant que telle. On va voir où ça me mène après. C’est un autre travail que d’écrire pour le cinéma.
Des projets à venir ?
Je suis entrain de finir mon 2e album, qui est bien avancé. On va essayer de sortir un EP avant l’été et l’album à la rentrée, en septembre/octobre. On y retrouvera notamment 4 morceaux avec des featurings au chant, 2 MCs, et 2 chanteuses.
Matthieu Bescond
Le 13/04 à la médiathèque Albert Camus – Antibes (06), le 03/05 à l’Escale – Aubagne (13) et le 29/06 dans le cadre du Festival des Nuits Carrées – Antibes (06).
Hugo Kant – Dark Night Dreams – Concert Jeunes… par EspritMusique