Figure de proue du rap français, bourreau de travail comme il se défini lui-même, Akhenaton publiait en novembre dernier son 5ème album solo intitulé « Je suis en vie ». Déjà 3 morceaux extraits de l’album en rotation et autant de clips tournés, Chill, 46 ans, prouve qu’il a conservé sa ligne de conduite artistique, comme il nous le confiait « je suis dans mes textes tel que je suis dans la vie »
Quand est-ce que tu as décidé de faire cet album ?
En fait à la base cet album n’était pas du tout prévu, j’étais focalisé sur le travail de la tournée avec IAM. Puis Def Jam m’a proposé de sortir un album solo avant la fin de l’année et le seul créneau de disponible était novembre. J’ai accepté parce que j’ai vu cet album solo comme un challenge. J’ai démarré les premiers morceaux en avril 2014 et l’album était fini courant septembre.
C’est un planning très serré !
Tout à fait. Et puis une fois que je dis oui, je me lance à fond dans les morceaux, même si j’ai connu des moments de doute où je pensais que je n’y arriverais pas et d’autres moments d’euphorie où tout s’enchaîne à merveille. Du moment où j’ai commencé à enregistrer les premiers morceaux, le processus de création s’est vraiment enclenché de manière plus importante. Et comme à mon habitude j’ai enregistré plus de morceaux que l’album n’en compte. Ça a été une expérience éprouvante mais j’en garde un très bon souvenir. Le plus long a été de réunir un nombre suffisant d’instrus de qualité à partir desquels j’allais pouvoir développer mes idées de thèmes que je souhaitais aborder.
En solo tu t’autorises beaucoup de choses (thème, featurings, choix artistique).
Quand je suis en solo, j’assume seul mes choix, qu’ils soient artistiques ou de featurings, alors qu’avec IAM, il faut que chaque décision contente les cinq membres du groupe. Sur cet album j’ai eu le loisir d’inviter Veust, RED K, Cut Killer, Shurik’n. J’ai tellement aimé la performance de Meryem Saci sur « Hi Tech Love » que j’ai carrément coupé mon passage et conservé uniquement le sien.
Le thème de la famille est très présent dans « Je suis en vie », c’est important à ce point pour toi ?
C’est tout simplement central dans ma vie. Cela a même eu une incidence sur le titre de l’album. J’ai été très affecté de la perte de mon père et de mes grands-parents ces dernières années. Mais grâce à l’amour que j’ai reçu de la part de mes enfants et de mon épouse, et que je leur ai donné en retour, j’ai pu avancer. Je vais te dire une chose : je ne me travestis pas dans mes textes ! Ce que je raconte dans mes chansons, c’est ce que je suis au quotidien.
Tu dis « les grands ne sont grands que parce que nous rampons à leurs pieds ».
Cette phrase est extraite du titre « Même les anges ». Ça vient de l’idée que nous pensons ne rien pouvoir changer quant à l’état du monde. On nous impose un système de fonctionnement que nous validons dans nos comportements de tous les jours, et c’est ça qui me gêne profondément. « Ils ne sont grands » uniquement parce que nous acceptons ce qu’ils nous imposent.
Pourquoi as-tu décidé de faire une pochette dans la continuité de celle d’ « Arts Martiens » ?
Le concept de cet album est basé sur un ver de Miyamoto Musashi, un samouraï itinérant à l’époque du Japon féodal, qui faisait des duels à mort pour asseoir sa renommée. Et un matin en se levant, il contemple la nature et il se dit « je suis vivant ». Cette simple phrase m’a énormément touché, dans tout ce qu’elle sous-entend. Musashi a eu une vie où la mort était omni-présente, il a tué plus de 60 personnes, et il réalise soudain que l’essentiel de la vie réside dans quelque chose de simple. Quand on est artiste, nous pouvons nous égarer dans des modes de vie fastueux, en flattant son égo. Et suite à des leçons de vie difficiles, nous nous rendons compte que la vie est précieuse, avec sa famille ou d’autres bonheurs simples et accessibles.