Zoom : OLIVIA RUIZ

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Après avoir essuyé quelques “sales coups” de la vie, Olivia Ruiz est allée se ressourcer à Cuba et Los Angeles pour y écrire, seule, son quatrième album, « Le calme et la tempête ». L’album tout en contrastes, en clair-obscur affiche une tonalité parfois sombre à l’instar de « Volver ». Mais « Lomo and Me » aux accents sud américains apporte dans son sillage une touche joyeuse, qui permet de conserver une première lecture agréable.

Mine de rien cela fait déjà dix ans que la petite est dans le circuit, essuyant les plâtres de la première Star Ac’ en 2001, ce n’est que d’un petit cheveu, que la talentueuse Jenifer lui a ravi la première place. Mais s’il est vrai que l’histoire retient surtout les vainqueurs et les victoires. La jeune carcassonnaise à la voix acidulée et aux chansons à la fois douces et amères saura apporter un vif démenti à cet aphorisme. Car c’est compter sans son charisme et son talent de chanteuse, dont chacune des mélodies est une ballade racontée avec justesse, qui nous transporte dans son univers si intime et si particulier, où le noir côtoie le blanc, où le calme cohabite avec la tempête. Un univers où les contrastes violents s’attirent pour mieux se rejeter.

« Aller voir ailleurs si j’y étais »

Dix ans donc d’une ascension fulgurante dans ces univers impitoyables que sont le show biz et celui de la télé réalité où faute de vigilance on peut y perdre son âme ! Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, mais Olivia, il y a quelques mois pénètre dans une zone de turbulences et essuie quelques “sales coups” de la vie ! Son sang ibérique ne fait qu’un tour et la voilà qui décide de dresser un premier bilan de cette carrière menée tambour battant, loin, très loin ! S’infligeant, ce qu’elle redoute le plus : l’exil ! Sauf que celui-ci va l’aider à « retrouver sa vraie place » et comme elle se plaît à le dire pour : « aller voir ailleurs si j’y étais ». Une remise en question sur fonds de rupture sentimentale la conduit à Cuba, Bogota puis à Los Angeles. Un choix qui n’est pas anodin et qui la rapproche de ses origines espagnoles et de la culture de ses aïeux ; une culture qui est la trame de son être. Se perdre pour mieux retrouver sa voie, l’objet de sa quête mystique. Besoin de solitude, de larguer les amarres, elle décide de ne pas faire appel aux copains et de composer de A à Z ce futur album pour lequel elle a trouvé un nom qui traduit à merveille son état d’esprit du moment : « le calme et la tempête ». Mais le contexte cubain ne se prête guère à la solitude nécessaire à l’introspection : « À Cuba les gens viennent à vous et vous entraînent dans leurs fêtes incessantes. Les trois premières semaines, je n’ai fait que danser, manger, faire la fête. J’ai vécu la vie d’une vraie locale, je gardais les mômes de la maison de famille, je prenais des cours de danse et j’ai voyagé dans tout le pays ». Un tourbillon dont elle retire ses tempos latinos, que l’on retrouve dans ce quatrième opus, et qui lui donne l’impulsion dont elle a besoin. C’est paradoxalement à Los Angeles, qu’elle trouve le calme pour composer ce qu’elle a emmagasiné : « Là, entre le fait que les gens ne sortent guère de leurs voitures et qu’ils passent une grande partie de leur temps à jogger, baladeurs sur les oreilles. On vous fiche une paix royale ». C’est donc à Los Angeles qu’elle pose ses bagages et se met à l’écriture.

« Tu veux encore te servir de moi pour te cacher »

Si les oiseaux se cachent pour mourir, Olivia se cache pour renaître à elle-même, à ses influences et revient avec un quatrième album qui « est tout elle » et qui confirme que son univers se nourrit de la vie de ses semblables, mais aussi de ses propres expériences. Un album à la sensibilité à fleur de peau, plein de contrastes « comme dans l’univers », dit-elle ; dont le style parfois kitsch se fond si bien au rythme de ses ballades. Un univers, qui ressemble à s’y méprendre à celui du « fabuleux destin d’Amélie Poulain », Olivia se pose en spectatrice de la vie d’autrui, avec une furieuse envie de relier son existence à celle de ces anonymes qui sont sa source d’inspiration. Car ses chansons sont de mini courts métrages, qui partent tous d’une image forte. Dans les « Larmes Crocodiles », c’est une jeune fille appuyée à la rambarde d’un pont qui a suffi à déclencher un processus créatif. Elle l’imagine pleurant un amour défunt et dont le torrent de larmes déversés provoque des inondations. Avec « Volver », c’est tout l’univers cinématographique qui affleure dans ce titre, à la Pedro Almodovar, une intro pop, « très années 70 » interprétée à la guitare électrique, des métaphores qui comparent les nuages aux bras de l’homme aimé, et un refrain en espagnol, dans lequel elle crie son angoisse de la séparation : « Volver, quiero volver contigo, quiero volar contigo » (revenir, je veux revenir avec toi, voler avec toi). « Lomo and Me » (je photographie des gens heureux), dans lequel Olivia raconte qu’elle a loué les chambres au dernier étage d’un hôtel pour y photographier le bonheur des autres. Mais elle dans tout cela ? Son manège finira par être remarqué et prise à son propre piège, elle sera photographiée par un beau et fringant jeune homme qui saura la surprendre. Et pour rester dans la photo, la chica Ruiz a fait appel au photographe des stars : Jean-Baptiste Mondino. Énigmatique, elle semble vouloir lever le voile sur sa personnalité, pourtant un voile de pudeur qui la retient : un regard andalou, le reste du visage protégé par une mantille qui le cache en partie. C’est pourtant une remarque en forme de boutade de Jean-Baptiste Mondino : « Tu veux encore te servir de moi pour te cacher », qui lui fait prendre conscience qu’au cours de ce parcours initiatique elle y a gagné en profondeur, en maturité. La petite a grandi et y dévoile à travers la vie d’autrui son moi profond ! L’exil en était le prix !

Léa Raso

En concert le 27/01 au Paloma – Nîmes (30) et le 22/03 à l’Usine – Istres (13).

 

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