WAX TAILOR  

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Actif sur la scène musicale depuis plus de 30 ans, Wax Tailor connaît aujourd’hui un succès planétaire. En effet, le DJ français, en autoproduction, enchaîne les dates dans le monde entier. Un an après “The Shadow of Their Suns”, l’artiste sort “Fishing For Accidents”. A l’occasion de cette sortie, nous avons pu échanger avec le natif de Normandie.  

Quelles ont été tes sources d’inspirations dans l’élaboration de ton dernier album “Fishing For Accidents” ?  

Alors il y la source d’inspiration et le point de départ. Tout d’abord, le titre de l’album “Fishing For Accidents”, est venu d’une citation dans un documentaire. Ce qui est fou, c’est qu’il disait lui-même, avec beaucoup de réflexion et avec une certaine analyse, qu’une grosse partie de son travail repose sur la capture d’accidents. Cela m’a tout de suite interpellé, j’ai trouvé ça fou parce que je l’ai employé plusieurs fois en parlant à des gens. Quand je suis en studio, je cherche en continu, et je ne fais pas un album aléatoirement. Je suis quelqu’un de laborieux et j’ai besoin de beaucoup de temps. Il faut que je sois en position focus, pour être réceptif dans le cas où je parviendrais à obtenir quelque chose qui devient intéressant. Pour moi, cette question a donc été le point de départ, et j’ai décidé de la mettre en lumière. En revanche, ce n’est pas un album concept, le résultat que j’obtiens n’est pas un accident. Entre le point de départ et d’arrivée, c’est très rare, voire impossible, que j’arrive à ce que j’avais en tête. “Fishing For Accidents”, c’est une version plus colorée et lumineuse de “Shadow for Their Suns”. C’est une suite sur laquelle je me suis appuyé.  

Cela fait maintenant plus de dix ans que tu collabores avec la chanteuse Jennifer Charles, récemment encore dans ton dernier album avec le titre “Shaman In Your Arms”, mais comment vos chemins se sont-ils croisés ?  

C’est une très longue histoire. Déjà, je suis fan d’elle et de son groupe, depuis maintenant plus de 25 ans. Auparavant, elle avait plusieurs projets qui m’avaient fascinés, mais j’étais bloqué sur certains aspects. Je l’ai ensuite croisée il y a 17 ans et je lui ai dit que j’adorerai travailler avec elle, mais qu’il y a certaines choses qui ne correspondaient pas avec mon univers. Ensuite, j’ai vraiment eu une évidence, j’étais fan de son travail et de ce qu’elle dégageait. On a donc bossé sur “Heart Stop”. Depuis, je n’avais pas travaillé à nouveau avec elle depuis assez longtemps. Quand on bosse ensemble, c’est vraiment pour des morceaux précis. Je suis quelqu’un qui se laisse guider par les titres. Je ne pense pas à qui je vais inviter sûr tel album. C’est vraiment avec la musique que je m’aperçois avec qui je peux collaborer, et donc là Jennifer.  

Dans le clip de ce dernier, figure la danseuse Fauve Hautot, comment cette collaboration a-t-elle pu voir le jour ?  

Il y a peut-être dix ans, une fille m’envoie un message pour m’informer qu’elle était venue à un de mes concerts. Dans le message, elle m’informe qu’elle est danseuse et que si j’ai besoin d’une chorégraphie, elle est volontaire. J’en ai ensuite parlé à un ami, qui m’a demandé son nom. Je lui ai répondu Fauve quelque chose, parce que je ne savais pas du tout de qui il s’agissait. Il m’a répondu, Fauve Hautot ? Et je lui ai dit, oui pourquoi, tu la connais ? Moi de mon côté je n’avais jamais regardé Danse avec les Stars, je n’avais pas la moindre idée de qui il s’agissait. Ce qui est sympa, c’est qu’elle a aussi grandi dans ma ville natale, à Vernon, en Normandie. On avait déjà une accroche commune. Donc j’avais gardé ce truc en tête et en plus on échangeait de temps en temps. Je voyais bien qu’elle était impliquée et qu’elle dégageait quelque chose de cool et simple. On a ensuite commencé à discuter avec le réalisateur sur le clip, et quand le projet s’est affiné on s’est dit qu’il nous fallait deux danseurs et j’ai tout de suite pensé à Fauve. On lui en a alors parlé et elle était partante dès le départ.  

Ton dernier album comptabilise douze titres et seulement quatre sons en solo, pourquoi ce choix ?  

C’est justement assez étrange d’ailleurs. Souvent, j’ai envie de faire des titres instrumentaux et je m’aperçois qu’avec la pose d’une voix c’est mieux. Donc je suis souvent rattrapé par mes envies par rapport à l’idée que j’avais en tête. C’est pour ça aussi que je sors des versions instrumentales de l’album, car je sais que certaines personnes aiment bien écouter les sons différemment. Je ne m’interdis pas mes projets initiaux, mais il faut quand même que je trouve un certain équilibre. J’ai néanmoins besoin de garder des titres instrumentaux dans mes projets.

Depuis combien de temps travailles-tu sur cet album ?  

Je suis dessus depuis un peu plus d’un an, ce qui est assez court selon moi. L’album est d’ailleurs de ce fait un peu plus court et dense. C’est justement le premier album que je fais depuis 15 – 20 ans aussi rapidement. Après avoir terminé ma tournée internationale et l’album “The Shadow of Their Suns”, j’ai enchaîné. En réalité, ce n’est pas aussi long, si on enlève les dates, j’ai mis moins de temps mais dans la durée cela a pris un an.  

As-tu un morceau favori dans cet opus ?  

Alors ça, c’est comme demander à une maman, si elle a un enfant préféré ( rires ) ! Le premier qui me vient je pense que c’est “Craftman”. Premièrement cela signifie artisan, et moi, je me considère comme un vrai artisan, c’est ça ma vie. Aujourd’hui, ça fait 25 ans que je produis des disques en indépendant avec mon propre label. “Craftman” c’est donc un titre important pour moi. En plus il fait la jonction avec notre époque et les années 90. La chanson traverse aussi le temps comme un artisan. D’ailleurs, le clip est réalisé par Matthieu Leprou, qui est lui-même un vrai artisan. Il a passé trois mois dessus pour faire une vidéo en stop motion.  

Comment expliques-tu ce détachement progressif du style électro hip-hop vers la pop à travers ta discographie ?  

( Rires ) Je ne suis pas du tout d’accord avec ça ! Pour moi, il y a un raccourci, déjà quand on parle de hip-hop et de rap, qui sont deux choses différentes. 95% du rap actuel n’est pas du hip-hop. Alors ça vient de ce genre, mais ça ne se nourrit pas de cette culture. Le hip-hop, c’est de la pop en réalité. Les artistes comme Orelsan font de la pop, ce qui est très bien d’ailleurs. Le rap c’est une sorte de pop contemporaine. En revanche Kendrick Lamar c’est du hip-hop par exemple. Concernant ma discographie, oui je me considère hip-hop mais pas pop. Le fait de rajouter une chanteuse, ne fait pas de mon son, un titre pop, mais ce n’est complètement faux non plus. Alors oui, mes sons c’est couplet, refrain, couplet, refrain, mais dans ce cas-là, on est tous pop. C’est surtout des chansons format radio. Cela ne me dérange absolument pas que l’on me considère comme un artiste pop, et je peux même le comprendre. En revanche, je suis hip-hop, car tout simplement ce sont des morceaux avec 100% de samples, ce qui fait la différence. La première maquette de “Shaman In Your Arms”, je voulais d’ailleurs la faire avec un rappeur. On m’a beaucoup plus collé l’étiquette trip hop, à la rigueur oui sûrement, mais ça ne me dérange pas non plus.  

Après avoir sillonné le globe, préfères-tu donner des concerts à l’échelle nationale ou internationale ?  

Il faut être honnête, faire des concerts à l’international et notamment aux États-Unis, c’est vraiment sympa. Le cadre est beaucoup plus exotique. Faire des dates en France, c’est plus exigeant. Ce sont vraiment deux environnements différents, on ne peut pas tout faire. Par contre, il y a un vrai public des deux côtés et en France, je fais tout pour que le show soit aussi dynamique qu’à l’étranger. C’est vraiment l’endroit où j’ai envie que le show soit assuré.  

Avez-vous d’autres cordes à votre arc, en dehors de la musique ?  

Non je ne fais absolument rien d’autre dans ma vie ( rires ) ! Je plaisante bien sûr, je fais plusieurs choses oui, mais toujours autour de la musique. La musique c’est vraiment mes poumons, mais après bien sûr j’ai des passions et des hobbys autour. J’adore le cinéma que j’intègre d’ailleurs dans ma musique. La lecture ou encore les documentaires m’influencent aussi beaucoup.

Le 06/05/2023 à l’Espace Léo Ferré – Monaco (98).

www.waxtailor.com

Crédit photo : Ronan Siri

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