Depuis plus de vingt ans, Pascal Arbez-Nicolas alias Vitalic enflamme les dancefloors pour notre plus grand plaisir. Son dernier album en date «Voyager» nous plonge dans les étoiles à travers une odyssée cosmique, où les plages de synthétiseurs aux sons rêveurs et nostalgiques enchantent nos oreilles et rappellent nos amours de jeunesse. Retour vers le futur pour cet amoureux du disco qui n’en finit plus de nous faire danser.
Bonjour Pascal, vous avez sorti vos premiers EP sous les pseudo Dima, Hustler Pornstar, Vital Ferox et enfin Vitalic en 2001. Quelle est l’origine de Vitalic?
C’est un prénom d’origine russe tout simplement. J’ai étudié le russe pendant longtemps donc j’ai pas mal voyagé dans des pays de l’ex URSS et j’ai trouvé que ce prénom là était quelque chose de très musical qui évoquait l’énergie et la danse c’est pourquoi j’ai décidé de l’adopter.
Aujourd’hui vous êtes considéré comme un pionnier du milieu électro pourtant, enfant vous vous dirigiez vers un style musical plus classique.
J’avais envie de faire l’électronique depuis tout jeune même s’il est vrai que j’ai joué du trombone durant une quinzaine d’année. J’avais envie d’étudier la musique et un instrument, et c’est tombé sur le trombone. Mais dès tout petit j’avais envie de faire l’électronique.
Dijonnais de naissance, vous fréquentez à l’époque le club mythique de la ville, l’An-Fer Club où Laurent Garnier est le DJ résident entre 1990-94. Pouvez-vous nous parler un peu de cette période révélatrice?
C’était une période super puisque c’était une petite ville en pleine révolution. Il se trouve que Dijon était hyper active sur le sujet. C’est une ville de moins de deux cent mille habitants avec ce fameux club mais aussi avec tout ce que cela peut créer au niveau local donc il y avait des événements, c’était extrêmement vivant et j’étais ravi d’être dans ce mouvement là. Il y avait beaucoup de musiciens locaux qui marchaient bien à l’international, nous recevions énormément de DJ internationaux. Nous n’avions pas du tout le sentiment d’éloignement, d’être de la province, nous étions dans le vif du sujet.
Après avoir sorti l’EP «Film Noir» en juin dernier, vous sortez votre dernier album studio «Voyager» fin janvier. Est-ce important d’être toujours dans un processus créatif surtout dans ce milieu concurrentiel?
En ce qui me concerne, je ne le suis pas. Je peux arrêter de faire la musique pendant un an. Par exemple quand je rentre de tournée ou quand je viens de sortir un album j’ai plus vraiment envie ni besoin de faire de musique. Je vais en faire à la demande pour un remix ou pour travailler sur le live par exemple mais en général je me calme, c’est plus ou moins au ralenti. Et puis je ne fais pas tout en même temps il y a un certain ordre établi.
«Voyager» est un album qui rien qu’à la pochette se veut très rétro. Pourquoi ce retour vers le futur musical?
Parce qu’en fait c’est quelque chose qui caractérise mon projet Vitalic je crois, c’est quelque chose qu’on ne peut pas situer. Mes morceaux qui ont le mieux marché, même «Poney EP» en 2001, sont en général des choses qu’on ne peut pas situer dans le temps, cela s’inscrit dans un mouvement futuriste et donc «Voyager» va vraiment dans cette direction là : entre le disco, la techno, avec beaucoup de mélodies. Je suis revenu à la mélodie et j’ai fait en sorte qu’il y ait beaucoup de place aux synthétiseurs, donc il y a forcément un côté rétro.
Dans cet album vous mettez en avant les collaborations avec des artistes internationaux comme David Shaw, Mark Kerr et la française Miss Kittin. Comment avez-vous été amené à travailler avec eux?
De manière très simple, en général ce sont des gens dont j’apprécie le travail. On s’apprécie mutuellement et puis c’est une simple demande comme ça à un déjeuner, ça a été le cas pour Miss Kittin. On déjeune, je lui explique que je gère l’instrumental que j’entend une voix aérienne sur un thème particulier et après le déjeuner on va écouter et on décide faire le morceau sur le champ. Pour David Shaw et Mark Kerr, ce sont des gens que j’ai vu en concert vers lesquels je suis revenu après. Ce sont des choses qui se font de manière très fluide.
Au niveau production audiovisuelle, quels seront les clips de cet album?
Alors le prochain clip qui arrive c’est «Waiting For The Stars». C’est Charlie Le Mindu, une personne incroyable, coiffeur très reconnu qui réalise aussi des vidéos à base de monstres, de filles en paillettes. Donc là ce sera avec des danseuses en paillettes et puis d’autres suivront ensuite, mais «Waiting For The stars» est le premier happening.
Pour votre tournée V-Mirror en 2010 et VTLZR de 2012 vous avez fait appel à l’agence 1024 Architecture, spécialiste des installations lumineuses intelligentes. En quoi est-ce primordial de sans cesse innover sur scène, dans une époque où les mémoires s’altèrent et où les spectateurs en attendent toujours plus visuellement?
Je pense que proposer un show, une scénographie avec la musique ça amène et raconte vraiment quelque chose. J’aime beaucoup la technologie, il y a un travail de recherche de nouvelles technologies et d’application avec la musique tout ça est quand même relativement excitant. Ensuite en électro c’est finalement un type qu’on voit d’assez loin avec des machines, il n’y a pas autant de communication qu’avec un groupe par exemple. J’ai fait énormément de tournées avec Rétro Machines où j’arrivais et je posais mon matos devant vingt mille personnes. Je l’ai fait plein de fois, mais au bout d’un moment j’eu envie d’amener quelque chose en plus. C’est ça le show!
Vous avez quatre albums studio à votre actif: «Ok Cowboy», «Flashmob», «Rav Age» et «Voyager» qui semblent tous différents comme si votre discographie était une anthologie, un laboratoire expérimental. Comment l’expliquez-vous?
Je l’explique par le fait que je refuse de faire automatiquement ce que l’on attend de moi parce que je ne suis pas un jukebox. Comme j’ai des humeurs qui changent avec le temps, du coup ça se ressent dans ma musique. On entend vraiment dans le premier album que j’étais dans l’électro, dans le rock, dans le punk. Dans le second j’étais plus dans le disco. Dans le troisième on entend que je suis retourné à l’électro et dans ce quatrième je suis revenu à de la mélodie, des synthétiseurs c’est ça qui caractérise ma discographie, mes humeurs changent et mes disques suivent ces humeurs là.
Puisque nous avons évoqué le passé et l’aspect rétro de votre dernier album, imaginez que vous conduisiez la Delorean de Doc et Marty Junior dans « Retour Vers Le Futur », dans quelle époque voudriez-vous «Voyager»?
Je voudrais aller en 1976 au studio 54 à New-York pour voir comment ça se passait et puis faire un petit tour au Palace à Paris. Aussi depuis les années 80 pour voir comment c’était même si des soirées dans ce style existent encore à Paris car j’y vais donc j’ai une petite idée. Et puis il y a les années 70 aussi, avec l’explosion du synthétiseur et les soirées de l’époque, le début des groupes électro punk. Ce serait génial!
En ce début d’année 2017, que souhaitez-vous d’original aux lecteurs de Nouvelle Vague?
Je pourrais souhaiter de voir la vie moins grise que ce qu’elle est en ce moment, en tout cas je suis dans cette démarche là. Qu’en 2017 on voit le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. Puis surtout danser, ça fait un bien fou!
Theo Monsch
Le 24/02/17 au Dock des Suds – Marseille (13) et le 25/02/17 à Paloma – Nîmes (30).
Crédit photo : C. le Mindu_D. Hugono Petit
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