Après plus d’un million et demi de disques vendus et pas moins de dix albums, tous certifiés or et platine, Vincent Niclo signe son retour avec des reprises de chansons celtiques. Le chanteur multi genres, avec sa voix ténor ne finit ainsi pas de nous surprendre. «Opéra Celte» vous embarque dans cet univers internationalement reconnu. Rencontre.
Commençons par la couverture de l’album, pouvez-vous me décrire la composition de celle-ci ?
J’essaie toujours dans mes projets de raconter quelque chose au niveau de l’imagerie, la musique. Donc la pochette, pour moi, elle doit vraiment représenter ce qu’on va trouver dans l’album. Comme il s’agit d’ «Opéra Celte», j’avais envie de grande étendue, des pleines et en même temps un côté bord de mer, du style de l’Irlande. Si vous voyez au loin, il y a la croix celte. J’aime bien me dire que lorsque nous voyons la pochette, nous pouvons nous projeter sur ce qu’il y a à l’intérieur. Je trouve que cette pochette raconte bien toute cette histoire, tout ce cheminement que j’ai fait depuis un an et demi maintenant, à m’immerger dans la musique Celtique.
Un album celtique c’est un gros projet, comment s’est dessiné les contours d’ «Opéra Celte» ?
Honnêtement, ça faisait longtemps que j’en avais envie et j’ai trouvé que c’était le moment. Avec le cinéma notamment, j’ai toujours évolué dans cet univers. Je trouve que c’est un univers cinématographique, épique et puissant et je me suis dit que pour ma voix ça allait bien matcher. C’est vrai que c’est un pari, parce que je crois que c’est la première fois qu’on mélange un répertoire un peu classique et un répertoire celtique. Malgré tout, je suis très content parce que j’ai eu des retours positifs du monde celte qui m’ont fait confiance et qui ont embarqué avec moi. Ça me rassurait parce que ça voulait dire que j’étais dans la bonne direction.
On retrouve des collaborations remarquables comme Soldat Louis, Martial du groupe Manau ou encore Dar Ar Braz. Comment s’est passée la collaboration avec tous ces artistes ?
Super bien! En fait, j’ai travaillé d’abord dans mon studio, que j’appelle un laboratoire, où je dissèque un peu les chansons. J’ai repris leurs plus gros tubes, mais en même temps c’est difficile de s’attaquer à un tube comme par exemple «La tribu de Dana», qui est dans toutes nos mémoires et qui est un gold. J’avais envie de faire un rap-opéra. Je l’ai travaillé en studio chez moi, j’ai fait des bases d’Opéra Celte sur son rap et puis j’ai vu que ça se mariait bien et je lui ai envoyé. Le premier à qui j’ai envoyé quelque chose c’était Dar Ar Braz. J’ai repris son tube «Borders of Salt» et j’ai chanté dessus, puis je lui ai envoyé. Le lendemain il m’a répondu «écoute j’adore ta version, c’est bon on y va je suis partant». Pour moi c’était le début d’Opéra Celte. Je me suis dit c’est génial, si lui il embarque avec moi c’est que je suis dans la bonne direction. Après pour Soldat Louis c’est pareil, j’ai repris «Fils de Lorient», je lui ai envoyé la maquette. Il m’a invité chez lui et on a enregistré dans son studio en Bretagne et est né ce duo. Pour Manau c’est exactement la même chose, il m’a fait un retour positif sur ma version. Et enfin le Bagad de Kemper qui ont également embarqués. Le bagad donne d’ailleurs vraiment toute la dimension de ce projet.
Parlons de la tracklist très variée, on retrouve autant du folk, du rap que des chansons électros. Comment avez-vous fait le choix de ce répertoire ? Y avait-il des évidences d’entrée ?
J’avais un fantasme c’était «La tribu de Dana”. Comme tout le monde, j’avais adoré ce titre qui a déjà 25 ans. Je me suis dit si j’arrive à faire ça c’est énorme. C’était un plaisir personnel. Donc ce titre c’était sûr que je voulais qu’il soit dans l’album. Après j’ai écouté beaucoup, beaucoup de choses. Il y a des chansons où je ne trouvais pas vraiment ma place. En revanche, il y en avait d’autres où c’était comme une évidence comme «Amazing Grace» ou «Borders of Salt». J’ai écouté, j’ai maquetté, j’ai mis ma voix dedans et quand j’ai senti que c’était bon je les ai mis dans l’album.
Quel a été le plus gros challenge sur la réalisation de cet album ?
Le plus gros challenge a été le Bagad. C’est tellement puissant, les cornemuses et les bombardes ça fait un bruit pas possible. C’était déjà très dur à enregistrer. On a beaucoup galéré à mixer l’album, parce qu’il fallait trouver un espace là dedans pour ma voix. C’est ça qui a été le plus difficile, le mixage. Parce que c’est un album finalement très produit et il ne restait pas beaucoup d’espace pour les autres instruments et ma voix, mais on y est arrivé.
Votre tournée se passe dans le cadre d’église et de cathédrale, pourquoi ce choix ?
En fait, c’est d’abord un producteur qui m’a appelé en me disant qu’il y avait des demandes me concernant au niveau de mon nom et de mon répertoire qui s’adaptaient bien à ce genre de lieu. Au début, j’ai un peu réfléchi, j’avais peur. Ça s’appelle «Récital» parce qu’il y a juste un piano, un violon, un violoncelle et il fallait tout réarranger et puis aujourd’hui j’adore faire ça. C’est une espèce de pureté, y’a un espace pour les instruments et la voix, il y a une acoustique naturelle. Il y a aussi ce lieu qui impose le respect. Je prends énormément de plaisir à faire cette tournée.
Pouvez-vous nous éclairer sur ce à quoi votre public doit-il s’attendre en vous rejoignant sur votre récital ?
Il doit s’attendre à une expérience unique, parce que pour moi ça l’est. Ça restera peut-être un des plus beaux souvenirs artistiques. Parce qu’il y a quelque chose d’indestructible. D’abord quand on rentre dans ces lieux, qu’on fasse un concert ou pas d’ailleurs. On est subjugué par la beauté, la force, l’histoire du lieu. Les murs ont un passé et on le sent. Il y a une espèce de force sacrée. Personnellement, je me sens apaisée quand je suis dans ces lieux là, j’ai l’impression que rien peut arriver. Je crois que le public est dans la même situation, et donc il se dégage de l’essentiel du spectacle.
Ça n’a pas été trop difficile de placer votre voix de ténor dans des lieux avec une résonance telle ?
Ce sont en effet des réglages très particuliers, mais l’ingénieur du son il a l’habitude, puisqu’ il a déjà fait le son de Laurent Voulzy. C’est très dur à faire, mais au final il y a aussi cet acoustique naturel où la voix part vraiment de manière brute. C’est assez incroyable, car on pousse à peine la voix et ça envoie un peu partout. Et je crois que c’est aussi ça que les gens aiment bien.
Depuis vos débuts vous proposez un répertoire très éclectique et c’est d’ailleurs l’une de vos qualités artistiques. Y a t-il un univers que vous rêvez d’incarner que vous n’avez pas encore approché ?
Bien sûr ! (rires) J’ai déjà le prochain album. Je me dis que tout est possible. Je n’aime pas les frontières dans la musique. Là dans l’album il y a du folk-opéra, rap etc. Je crois qu’on peut vraiment s’amuser avec la musique et il ne faut rien s’empêcher. J’ai déjà les prochains albums dans ma tête.
Clara De Smet
Le 25/05/2023 à la Basilique Notre Dame – Nice (06) et le 26/05/2023 à la Cathédrale Notre-Dame-et-Saint-Arnoux – Gap (05).