THOMAS FERSEN

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Décalé et poétique, espiègle et désabusé. A la fois chanteur et écrivain, Thomas Fersen nous a donné envie avec cette interview simple et authentique d’écouter « Le Choix de la Reine », le best-of de ses 30 ans de carrière.

Commençons par le titre de votre album, “Le Choix de la Reine”. Est-ce en référence au choix que vous avez dû faire pour sélectionner les morceaux à réinventer ?

En effet, c’est par rapport au choix des chansons mais il a été fait par Clément Ducol, l’arrangeur, donc la reine, c’est lui. C’est aussi un clin d’œil à mon nom d’artiste car Fersen était le nom de l’amant supposé de la reine Marie-Antoinette.

Comment le choix a-t-il été fait ?

J’ai donné carte blanche à Clément. Je lui ai demandé de faire ce qu’il voulait car il avait une idée en tête et je voulais qu’il se sente à l’aise.

Aviez-vous déjà collaboré avec lui ?

Oui, pour les 15 ans du label Tôt ou tard, j’avais participé à l’album anniversaire en faisant un duo avec Christian Olivier des Têtes raides sur une reprise de Jacques Higelin. C’est lui qui avait réalisé et arrangé la chanson – et d’ailleurs tout l’album.

Pourquoi avoir choisi ce trio de percussions lyonnais SR9 pour l’arrangement de votre nouvel album ?

Parce que Clément Ducol a fait ses études de percussionniste puis d’écriture orchestrale au CNSMD (Conservatoire National Supérieur de Musique et Danse) de Lyon et le trio SR9 également, je pense qu’il les a connus comme ça. Je savais qu’il allait complètement déshabiller les chansons, les mettre à nu puis les rhabiller.

Et pour vous, qu’est-ce que le marimba, le vibraphone, le glockenspiel et le piano préparé apportent à vos anciennes chansons ?

Je savais que ces instruments allaient augmenter les réalités de mes personnages, de mes histoires et j’ai tout de suite entendu ces instruments vibrer dans l’espace théâtral, avec ma voix. Il y a quelque chose de magique dans toutes ces percussions qui convient très bien au théâtre donc j’ai su que c’était une bonne idée.

Combien de temps a duré l’enregistrement ?

Nous avons enregistré 5 jours fin juin-début juillet puis 3 jours au mois de septembre. Et juste avant la deuxième session, j’ai eu l’idée d’y ajouter mes textes en interludes, sur des arrangements musicaux de Joseph Racaille, réorchestrés par Clément. Cet album est en quelque sorte un panorama de tout ce que j’ai pu faire donc il me paraissait indispensable que mes monologues en vers soient présents, d’une façon ou d’une autre.

Parlons maintenant de poésie puisque vous avez déjà écrit un premier roman tout en rimes et que vous glissez vos poèmes dans vos albums. Quels sont les poètes et poétesses qui vous inspirent ? Quel serait votre « playlist poétique » ?

Il y en a beaucoup qui m’ont accompagné. Alors, il y a Norge, Jacques Prévert évidemment, Jean Genet, Robert Desnos, Raymond Queneau, Henri Michaux, Théodore de Banville : « Miss Ellen, servez-moi le thé / Dans la jolie tasse chinoise / Où des poissons d’or cherchent noise / Au dragon rose épouvanté. » Et comme poétesse, Brigitte Fontaine.

Pouvez-vous nous dire un mot sur le deuxième livre que vous êtes en train d’écrire ?

Oui, je suis en train de le terminer. Enfin, j’ai l’impression que l’issue est proche mais cela peut durer longtemps. [Rire] C’est en fait mon personnage, le même que dans mon premier roman « Dieu sur Terre », qui est chassé et part faire un voyage tout seul en Amérique Centrale avec son indemnité de licenciement. C’est un rite initiatique mais il ne le sait pas du tout et va devoir affronter des épreuves qui se présentent à lui et essayer d’y survivre.

Je vais maintenant vous proposer de me dire seulement trois mots – au sens littéral – pour me parler de plusieurs choses. D’abord, pour me parler de l’artiste Thomas Fersen.

Liberté. Création. Fantaisie.

Maintenant trois mots sur l’album « Le choix de la reine » ?

Vibrations. Douceur. Communion.

Pourquoi ce dernier mot ?

La communion, c’est être avec des gens et vivre quelque chose ensemble. Maintenant, elle se vit de moins en moins mais elle se vit encore dans le spectacle vivant et dans le sport aussi parfois. L’enregistrement, c’est capturer des moments, ce n’est pas les fabriquer. Il faut arriver à les saisir et je trouve qu’on a bien réussi ça sur cet album.

Et trois mots sur la vie ?

Fraîcheur. Innocence. Mystère.

J’ai lu dans d’autres interviews que l’écriture était pour vous un échappatoire. A quoi voulez-vous échapper ?

Au monde, à la pression du monde sur moi, à la douleur éventuellement, physique et morale, à l’ennui, à la peine. C’est quelque chose qu’on vit à l’instant présent mais c’est aussi une projection vers le futur, surtout quand on est interprète car on va ensuite interpréter ses créations, ses promesses.

Un petit clin d’œil aux titres de vos chansons : qu’est-ce qui vous blase le plus ? Et qu’est-ce qui vous met des papillons dans le ventre ?

Alors moi, je ne suis pas blasé du tout. De rien. Et les papillons dans le ventre ? Un regard, une main, un pied. [Rire] Un oiseau, un animal, une biche.

Pour finir, avez-vous un grand rêve – ou même un petit – à nous partager ?

Je fais des rêves de voyages, oui, notamment en Amérique latine mais je n’ai pas le temps. Ma grande problématique, celle de tout un chacun, c’est celle du temps : tout faire dans un petit espace de temps, trop court.

Loreleï Martinsse

Le 04/04/2025 au 6Mic – Aix-en-Provence (13).

facebook.com/ThomasFersenOfficiel

Photo : Vincent Delerm.

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