Cinq ans après son premier album, The Butcher’s Rodeo est enfin revenu, avec un deuxième opus intitulé : « Haine ». Car oui, Vincent Peignart-Mancini, son charismatique chanteur à la haine de vivre ! Tel le phénix qui renaît de ses cendres, il déploie son chant et en français (cocorico) pour mieux transmettre les émotions aux auditeurs ! Restant fidèle toutefois à leur style Hobocore, The Butcher’s Rodeo, à l’image de la pochette, exprime ce besoin de hurler cette énergie viscérale, trop longtemps en gestation. Retrouvailles avec l’adorable Vincent, après une trop longue absence.
Nous t’avions laissé sur la dernière date d’Aqme, il y a maintenant 3 ans, est-ce que tu peux nous raconter un peu, tout ce qui s’est passé depuis ?
La fin d’Aqme était programmée pour fin 2019, plus précisément le 05 septembre, car nous devions faire la date d’adieu au Trianon. Chose qui n’a pas pu être possible, car en juillet on m’a diagnostiqué un cancer à l’état avancé. Du coup, on m’a programmé une opération en urgence au mois d’août, qui a été très intrusive et j’ai beaucoup souffert physiquement. J’ai perdu ma voix pendant un an, il a fallu que je me rééduque, et puis le covid est arrivé au milieu, qui a stoppé toutes activités musicales. Du coup, me revoilà, en cette fin d’année 2020, pour enregistrer l’album de The Bucher’s rodeo, après avoir récupéré mes capacités vocales. 2021, nous a permis de sortir le nouvel album « Haine » et de repartir en tournée progressivement. Tout ça a été un peu long, mais on a tenu bon !
De tes années passées avec Aqme, je suppose que tu entretiens des liens d’amitié très fort avec Etienne (Sarthou), avez-vous encore travaillé ensemble ?
Absolument, « Haine » a été produit dans son studio. J’avais envie pour cet album de retrouver un son plus brut, proche de la scène scandinave ; un peu plus authentique et dans les sonorités que l’on aime bien. Nous avons une nouvelle équipe, et je voulais leur montrer la manière de travailler d’Etienne. J’aime beaucoup travailler avec lui, ce qui est clair c’est que ce n’est pas un hasard cette collaboration. Heureusement, qu’il a été là pour les instrumentaux, il a été patient et compréhensif. Nous avons eu cette chance de pouvoir travailler avec lui, nous avons pu profiter de son expertise et de sa précision.
Tu joues avec ton frère jumeau dans The Butcher.
Exactement, ça fait 6 ans maintenant, il est là depuis quasiment le début. On a changé de guitariste il y a 3 ans, de batteur aussi, mais Julien est toujours et encore là !
Dans quel contexte avez-vous écrit « Haine » ?
On a commencé la composition fin 2017. Avec les anciens membres du groupe, on a réalisé 2/3 titres. Le temps de retrouver un batteur et un guitariste, il y a eu un long moment de gestation, déjà pour se comprendre et jouer ensemble avec le nouveau line-up. Et puis, il y a eu cette bascule de l’anglais vers le français, cela me tenait à cœur, car je suis dans l’émotion et j’ai besoin de m’exprimer dans ma langue. Août 2019, tout l’album était écrit, on a mis 3 ans, plus derrière une année blanche. C’était donc un contexte de transition, de tristesse, de frustration, d’où le titre de l’album.
Tu parles d’émotions, c’est aussi ce qui se dégage du titre et du clip « Lâche » (avec la présence d’une chorale de seniors, dans une église). Est-ce autobiographique ?
Oui et non, j’y décris mes ressentis sur notre capacité à réagir quand on est au pied du mur, soit le pire, soit le meilleur. Je pense y transposer un sentiment universel. J’ai l’impression que plus on est dans le mur, plus on creuse dedans pour s’y enfoncer, plutôt que d’essayer de sauter par-dessus, ou de reculer. L’être humain est un peu lâche face à ses responsabilités. Pour en revenir au clip, nous avons pris le parti de travailler avec Julien Patrice de chez The Humancentiprod, qui est quelqu’un avec une forte personnalité, et qui n’aime pas se limiter aux directives. Du coup, c’est lui qui a trouvé l’église et la chorale. Ils étaient tellement gentils ces seniors, qu’on a fini par manger et boire tous ensemble. Le clip a mis deux mois à être tourné. Mais ça en valait la peine ! Le résultat est là ! C’est un clip universel, inclusif et les gens se prennent de tendresse pour cette chorale de seniors.
La pochette est totalement raccord avec l’univers sonore de l’album, tu peux nous en parler ?
C’est moi sur la pochette. Nous étions tellement impatients de sortir l’album, que l’artwork a été fait en dernier, nous avons dû faire très vite. Nous avons sollicité Alex Diaz, le guitariste-chanteur de « The prestige new favorite » qui est un super graphiste. On lui a envoyé l’album et en une nuit, il nous a fait tout un topo par mail. On s’est retrouvé au local de répétition, à s’enfermer avec des sacs plastiques et à prendre des centaines de photos. Au bout d’une heure, on en a choisi une. Le but était de montrer le sentiment de sortir d’un emprisonnement, de quelque chose proche de la mort. On est prisonnier mais on peut sortir de cette situation !
Céline Dehédin