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Cela va bientôt faire 20 ans que Tété écume les routes et salles de France. Tout du long, il s’est doté d’un statut de conteur d’histoires. Cette année, il revient avec « Fauthentique », après trois ans d’absence. Le même laps de temps qui avait séparé ses deux précédents albums. Il aborde ainsi dans cet opus le thème des fakes news, de la défiance et de ses conséquences.
Les débuts
L’étape clé dans la vie de Tété, est le jour où pour le consoler de s’être cassé la jambe, sa mère lui offre une guitare. Il a alors 15 ans et commence à s’ouvrir à de nouveaux artistes. En plus de Bob Dylan, que sa maman martiniquaise lui fait découvrir, le jeune Tété est inspiré par Mathieu Boogaerts, les Beatles ou Serge Gainsbourg. Pendant longtemps la musique n’est qu’un simple plaisir. Il joue avec des groupes d’amis pendant tout son parcours scolaire. Il finit par se mettre en tête d’en faire son métier et se forge une petite réputation sur Nancy, Strasbourg et tous les autres bars ou scènes, aux alentours. Il est en effet, né au Sénégal mais a vite déménagé dans le nord-est de la France, suite au divorce de ses parents. Ce n’est qu’en 1998 qu’il se décide à monter sur Paris. Il n’hésite pas à jouer « au chapeau », notamment dans le métro parisien, et gagne au fur et à mesure de la visibilité. Le début de la carrière de l’artiste débute réellement en 2000. Grâce au label Sony Music, il partage son premier EP, « Préambule ». Il fait plus de 100 concerts dans l’année, dont les premières parties de Louise Attaque, Tryo et Matthieu Chedid (-M-). Il signe ensuite chez le label Epic, qui lui permet également de sortir son premier album, « L’air de rien », en 2001. Le titre en dit long sur l’artiste. Proposer une mélodie qui n’a l’air de rien mais accompagnée de paroles censées. « Le meilleur des mondes » et « Honni soit » en sont la preuve. Il n’oublie pas ses premières influences pour autant avec une reprise de « Eleanor Rigby » des Beatles. Tété développe ainsi assez maladroitement son propre style, mêlant blues, soul et pop. Très vite, il est toutefois comparé à Keziah Jones ou Ben Harper et ses talents d’auteur sont mis en avant.
La révélation
Amoureux de la scène Tété passe la plupart de son temps sur scène et propose même un album live en 2003, intitulé « Par monts et vallons ». Un an plus tard, il retourne en studio et sort « A la faveur de l’automne », comme une suite à un « Air de rien », sans toutefois en être une. Il surprend même, avec des collaborations inattendues comme avec le duo Les Valentins, qui coproduisent l’opus. L’album devient disque d’or (plus de 100 000 exemplaires vendus) et le chanteur est nommé aux Victoires de la Musique, dans la catégorie « album révélation de l’année ». Le titre éponyme à l’album reste d’ailleurs la chanson la plus connue de Tété. Son air est à la fois très mélodieux et mélancolique, nous parle de l’automne, saison qui laisse souvent place à ce sentiment. Si on ajoute à cela le sentiment de rupture amoureuse, qui déclencha chez l’auteur, l’écriture du titre, on obtient ce tube. « A la faveur de l’automne » est une œuvre encore régulièrement reprise dans de multiples émissions de télé-crochet. Il surfe ainsi sur ce succès pour se produire au festival Les Vieilles Charrues, aux Francofolies, à Montréal et aux Eurockéennes. Les portes de plus grandes salles s’ouvrent également à lui, avec pour point final de sa tournée, le Zénith de Paris devant 6000 personnes.
Tournée et nouvel album
Il faut attendre septembre 2006 pour voir une nouvelle création de l’auteur (« Le sacre des Lemmings et autres contes de la lisière »). Cette fois, l’œuvre est composée comme un recueil de fables, comme une vraie histoire de A à Z, avec un préambule (« L’aube des Lemmings »), une conclusion (« Le Crépuscule des Lemmings ») et même un entracte (« Le sacre des Lemmings »). La patte de Tété est toujours là, rimes, métaphores, textes soignés, en bref des poèmes. Il aborde ici des thèmes plus personnels, tout en gardant cette pudeur qui le caractérise. Il parle d’amour dans « Caroline » et d’adieu dans « La croisée des chemins », sur des mélodies tantôt mélancoliques, tantôt joyeuses, presque festives. C’est l’un des albums majeurs de la carrière de Tété. La tournée l’emmènera à nouveau aux Francofolies, cette fois à La Rochelle, mais également au Japon, Tokyo notamment. Pays qui l’avait déjà accueilli à bras ouverts en 2005, pour une tournée en compagnie du guitariste australien John Butler et de Jude. Ils avaient eu la chance de voyager de Osaka à Hiroshima, en passant par Tokyo et Nagoya.
Passage à la télévision
Mais Tété ne se contente pas de ça, il aime tenter des choses et surprendre. C’est pour cela qu’en 2008, il passe par la case télévision. On le retrouve ainsi au côté d’André Manoukian, dans l’émission “Tété ou Dédé”, réalisé par Marie-Claire Margossian, sur France 5. Avec le pianiste-compositeur ils prennent la route pour un voyage à la rencontre des héritiers du jazz, du blues, du folk, du hip-hop et du rock. L’émission prend la forme d’un « road movie ». Elle est réalisée en voiture et retrace le périple des deux musiciens à travers différents continents. On découvre ainsi la musique et la culture américaine à New York, Miami, La Nouvelle-Orléans et San Francisco. L’émission fonctionne plutôt bien et aura droit à plusieurs saisons, s’étalant de 2008 à 2011. En plus des Etats-Unis, Tété et André se rendent à Cuba, en Afrique (Sénégal, Afrique du Sud, Jamaïque et Ethiopie) et en Amérique du Sud (Brésil et Argentine). Le chanteur voit son passage à la télévision se poursuivre avec, de 2014 à 2015, le rôle de narrateur-musicien dans la série télévisée Hero Corp. Il sera même invité à jouer son sosie dans la série Cut.
« Les chroniques de Pierrot Lunaire »
Après deux albums en 2010 et 2013, ainsi que l’écriture de « Ton visage » pour Fréro Delavega, Tété se pose en quadra qui se cherche dans « Les chroniques de Pierrot Lunaire ». Le chanteur est de retour à son style initial, tout en douceur. Ce retour est cohérent avec le fond de l’album. Comme il le dit lui-même : « retrouver son Pierrot, c’est retrouver le regard d’enfant qu’on a perdu ». Il semble donc logique pour lui que l’album soit blues et folk, avec beaucoup d’acoustique. Tété se pose des questions sur le monde dans lequel nous vivons et sur cette « Réalité » à laquelle nous sommes confrontés. Il aborde aussi des sujets assez personnels comme la peur de la feuille blanche dans « Persona non grata » ou se laisse aller à des aveux dans « Costaud » ou « L’amour à nos chevets ». Le chanteur se dit fier de cet album car il sait qu’il ne rentre pas dans les codes de diffusion de la radio : « Mon succès, c’est que le disque sorte ».
Retour en 2019
Fort de ce succès, Tété continue sur cette voie du blues et du folk. Son septième album sort le 1er février de cette année et s’intitule « Fauthentique ». Le titre est original mais fait référence aux thèmes principaux de l’opus que sont la falsification et les fausses informations. L’artiste reste fidèle a son style d’écriture, il décrit avec une certaine lucidité mais aussi avec une pointe de cynisme, le monde dans lequel nous vivons. Tout y passe, des réseaux sociaux (« Week-end sans wifi ») à la société de consommation (« Les galeries lafaillites »), en passant par la création d’un personnage, le « King Simili », plus grand imposteur de la planète. Tété a travers ce dernier album, comme tout au long de sa carrière, nous apparaît bien à l’opposé de tout ce qu’il dénonce, authentique.
Maxime Martinez
Le 01/04/19, dans le cadre du festival Mas d’Hiver, au Mas des Escaravatiers – Puget-sur-Argens (83) et le 29/05/19 au Rockstore – Montpellier (34).
Tété, le 27/3, tu seras à l’Elysée, on a tous voté pour toi #VoterTété !