TEAM GHOST

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Difficile de faire plus sombre que ce dernier album de Team Ghost. A l’heure où l’industrie musicale aime à promouvoir des artistes festifs, chantant des complaintes sur leur dernière voiture de sport ou des hymnes à la grammaire défaillante évoquant le vide abyssal qui depuis longtemps règne dans leur cortex mal oxygéné, une lueur d’espoir arrive de quelques groupes ayant une approche plus saine de la musique, préférant coller à une époque noire plutôt qu’à un plan marketing. Rencontre avec Nicolas Fromageau, ancien M83 et désormais membre d’une des formations hexagonales les plus intéressantes.

 

En l’espace de trois ans, qu’est-ce qui a changé dans le groupe ? Avez-vous toujours la même méthode d’écriture ?

Notre évolution principale réside dans la production de Benoît de Villeneuve, aussi membre du groupe. D’ailleurs, il me semble difficile de dissocier trouvailles sonores et production. Il a su faire preuve de beaucoup d’audace pendant l’enregistrement. Mais nous restons toujours sur l’optique de groupe et maintenons une cohésion entre nous. Le premier morceau (« The Riser ») a donné le ton de l’album qui s’est ensuite naturellement étoffé.

 

Même si le groupe n’évolue pas dans un registre festif, le dernier album est particulièrement triste. Quelles ont été les influences pendant l’écriture ?

Je trouve que le terme « triste » est un peu surfait, trop fourre-tout. Nous voulions surtout faire un disque sombre parce que nous avons vécu une année assez chaotique à beaucoup de niveaux, pleine de désillusion politique et de violence. Nous avons capté un état d’esprit proche du quotidien. Nous avons viré toutes les pop-songs qui semblaient trop décalées. On ne m’enlèvera pas de l’idée que les meilleurs Sonic Youth ont été écrits sous Reagan, un climat angoissant crée une scène musicale intense.

 

Vous sentez-vous proches d’un courant actuel ou au contraire êtes-vous indifférents aux derniers groupes qui ont émergé en France ?

Nous écoutons plein de trucs, de Soft Moon à Liars, pas forcément tous récents. On peut citer pas mal d’artistes hip-hop/r’n’b américains, comme Kendrick Lamar ou Kanye West, même si ces influences ne s’entendent pas nécessairement dans notre musique. En France on aime beaucoup Yeti Lane ou The Spirits (vus à la MJC picaud pendant le festival Make Some Noise), mais sinon on ne sent pas vraiment proches d’un courant, d’un mouvement en particulier.

 

L’aspect cinématographique est une caractéristique du groupe (notamment le clip de « Dead Film Star » qui rendait hommage au cinéma de genre italien). Songez-vous à faire une bande son ? Si oui, quel serait le réalisateur idéal ?

Nous aimerions travailler avec un petit jeune français qui serait totalement novateur et qui aurait envie de tout foutre en l’air. On adore les trames sonores d’Ennio Morricone ou de Tangerine Dream, mais aussi le cinéma de genre. Ce serait définitivement quelque chose de l’ordre du renouveau, genre « It Follows ». Michael Mann est probablement le réalisateur que je choisirais, on sent que la musique influence le montage de ses films.

 

Quels sont les projets futurs du groupe ? Tournée, remixes ?

Nous allons nous remettre sur un album très vite, il y a tellement d’idées que nous aimerions exploiter. D’autant plus que nous pouvons travailler à notre rythme dans le studio d’enregistrement de Benoît, ce qui est très pratique, et nous allons sûrement sortir toutes les chansons pop qu’on a écartées de l’album sur des maxis.

 

Après avoir fait la première partie de M83 lors du concert au Zénith, envisagez-vous de collaborer à nouveau ensemble ?

Nous n’en avons pas discuté, nous étions juste contents de pouvoir partager la même scène… Mais pourquoi pas ? Si nous avons le temps entre nos projets respectifs. Maintenant on a tous les deux beaucoup de boulot et pas forcément le temps de planifier cela.

 

Tes impressions sur la scène locale ? Est-ce que tu vois les choses bouger depuis Paris ?

Il y a un grand chamboulement et beaucoup d’artistes intéressants en dehors de la capitale. Soutenus par des lieux qui prennent des risques. Bien sûr, il y a la MJC Picaud mais également d’autres salles comme Le Volume, et pas mal de formations qui n’hésitent pas à sortir des sentiers battus. Ce qui est très marquant, c’est que cela se voit chez des musiciens de plus en plus jeunes. Ça reste isolé de l’effervescence parisienne, mais je constate cependant une nette évolution.

 

Jean-Paul Boyer

 

Le 10/02/2017 au Poste à Galène – Marseille (13) et le 11/02/2017 à la MJC Picaud – Cannes (06).

www.weareteamghost.com

Crédit photo : Jean Charles Couty

 

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