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Talentueux artiste français, Rone est un producteur qui fait son apparition sur la scène électro de l’Hexagone avec son premier titre intitulé « Bora Vocal ». Repéré sur Myspace, Erwan Castex alias Rone, est un véritable musicien autodidacte. Avec déjà 5 albums à son actif le jeune artiste ne semble pas manquer d’inspiration et a su se créer son propre univers musical bourré de sonorités à la fois puissantes et oniriques.
Vous vous êtes intéressé très tôt au synthétiseur et à la musique composée par ordinateur, comment la musique électronique est-elle rentrée dans votre vie ?
Je dirais qu’elle est rentrée dans ma vie à peu près à l’adolescence. J’écoutais toutes sortes de musiques avant, beaucoup de rap, pas mal de rock par le biais de ma sœur qui était une grande fan. Et aussi beaucoup de classique par le biais de ma mère. Mais je dirais que la musique électronique est arrivée avec fracas quand j’étais ado, et que j’ai entendu pour la première fois le groupe Aphex Twin, ça était comme une révélation, je m’y suis toute de suite intéressé. J’ai tout de suite eu très envie de savoir comment cette musique était produite. Bon moi je jouais un petit peu de piano et de saxophone mais là ce style m’a tout de suite intrigué et attiré.
Vous faites votre apparition sur la scène électro française en 2008, comment ça s’est passé ?
J’ai eu beaucoup de chance parce que tout s’est fait très facilement et assez rapidement, sans vraiment que je m’en rende compte ni que ce soit prévu. C’est-à-dire que je n’étais encore qu’un jeune étudiant en cinéma, et je pensais travailler dans le milieu du cinéma. Mais en tout cas une chose était sur, c’est que je voulais faire quelque chose de créatif, je me sentais artiste au fond de moi. Donc je cherchais un peu mon moyen d’expression. A côté de ça je faisais vraiment de la musique seulement pour le plaisir, je ne faisais écouter à personne ce que je faisais d’ailleurs. Puis en fait un jour, ma musique est arrivée aux oreilles d’un label « Infiné” qui m’a proposé de sortir un premier disque. Dix ans plus tard je travail encore avec ce label. Et donc voilà, tout a commencé avec la sortie de ce premier disque qui s’appelait « Bora ».
Est ce que ça a toujours été seulement la musique électronique ou vous avez touché un peu à d’autre style de musique ?
Je n’ai pas vraiment touché à d’autres styles de musiques à par le piano et le saxophone quand j’étais enfant, mais on peut dire que j’ai étais pas mal inspiré par d’autres styles de musiques, oui. J’ai l’impression d’avoir été une éponge qui a absorbé plein de choses durant mon enfance et mon adolescence. Et aujourd’hui j’ai l’impression que tout ce que j’ai ingurgité, je les ressorts à ma manière à travers mes machines.
Quelle serait, selon vous, la particularité de la musique électronique ?
Et bien ce que j’ai découvert avec la musique électronique c’est qu’en temps musiciens électro, on est un peu des hommes –orchestres, c’est-à-dire qu’on avait plus besoin de choisir un instrument. Parce qu’avant ça fallait jouer d’un instrument en particulier pour sortir du lot. Soit être bassiste, guitariste, ou batteur et là en fait quand on fait de la musique électronique on fait un peu de tout, on est donc un peu un homme-orchestre et j’aime beaucoup l’idée. J’aimais beaucoup l’idée de pouvoir à la fois faire les mélodies et les parties rythmiques.
Pourquoi avoir choisi « Rone », comme nom de scène ?
Et bien c’est dû à une anecdote toute simple. En fait je m’appel Erwan et quand j’étais adolescent j’avais un blaze, un pseudonyme si je puis dire, qui était « R-One » et donc en quelques années le petit tiret à disparu et j’ai décidé d’en faire mon nom de scène, en hommage à mon adolescence.
En novembre 2017, vous revenez avec un nouvel album intitulé « Mirapolis ». Voilà un titre énigmatique, quelle serait sa particularité ?
C’est un album particulier dans ma discographie parce que j’ai l’impression que j’ai retrouvé la spontanéité et la naïveté presque, que j’avais sur mon premier album où je faisais vraiment de la musique sans ambition sans me poser de question, donc y a ce côté là mais avec quand même en plus, l’expérience après 6 ans de tournées et de studios. Donc c’est comme si je retrouvais la personne que j’étais il y a dix ans mais avec l’expérience en plus. Aussi pour moi, il y a une manière de revenir à ce que je faisais au tout début, parce que y a une grosse partie de l’album que j’ai fait dans des chambres d’hôtel puisque j’ai beaucoup voyagé, comme je le faisais à l’époque en fait, avant d’avoir un label et d’être un peu connu. Donc je suis revenu à ces vieilles méthodes de travail et j’ai trouvé ça très agréable parce que j’ai retrouvé des sensations que j’avais quand je faisais de la musique à l’époque, sans penser au label qui attendait un résultat, aux publics, aux journalistes. Et dans un deuxième temps j’ai fais pleins de collaborations qui m’ont vraiment enrichi, avec notamment des chanteuses comme Kazu Makino ou encore le batteur John Stanier. Du coup il y a à la fois un côté intime et à la fois un côté très collectif et collaboratif, ce qui donne un mélange que j’aime bien.
Le 14 janvier 2017, vous avez fait entrer l’électro dans le nouveau temple parisien de la musique classique, puisque vous avez joué sur la scène de la Philharmonie de Paris. Comment ce mariage entre musique classique et électronique s’est-il déroulé ?
Déjà c’est vrai que j’étais le premier surpris quand la Philharmonie m’a proposé de donner un concert dans cette salle énorme et dédié à la musique classique. Donc j’étais à la fois surpris et un peu effrayé parce que je me suis dit « mais qu’est ce que je vais faire là-bas ? » surtout que c’est une acoustique très particulière, avec une réverbération spécialement pour la musique classique et je me demandais vraiment comment ma musique électronique allait sonner dans ces lieux. Puis au final je me suis dit que c’était un beau challenge effectivement, de sortir la musique électronique des clubs et de l’emmener un petit peu ailleurs. Au départ ils voulaient tout simplement me faire jouer mes morceaux les plus connus mais en version symphonique, avec un orchestre derrière moi. Mais j’ai trouvé que c’était pas une idée très intéressante, je me suis dit que c’était un truc que je ferais peut être quand j’aurais 60 ans, en fin de carrière mais là je préférais faire une création originale et ils ont acceptés. Ils m’ont donc donné carte blanche pour que je fasse à peu près ce que je voulais, du coup j’ai invité un trio à cordes, mais aussi un batteur qui vient plutôt du rock, j’ai invité mon ami écrivain Alain Damsio (qui est apparu dans mon tout premier album). En fait j’ai essayé de faire un mélange entre pleins de choses qui proviennent d’univers différents pour donner un ensemble très hétéroclite. C’était vraiment une expérience unique, d’ailleurs c’était un concert que j’ai fais qu’une seule fois et que je pourrais jamais refaire. C’était vraiment un concert audacieux et spécial pour moi.
Vous vous êtes installé à Berlin à un moment donné, l’une des capitale européenne ou l’électro règne. Comment avez-vous vécu cette expérience ?
Je suis allé vivre à Berlin à un moment ou j’étais un peu en panne d’inspiration. C’était après le premier album et j’avais un peu la pression puisque le premier s’est très bien passé, il a bien était reçu et donc il y avait une grande attente sur le deuxième. Du coup j’étais un peu bloqué alors j’ai pris la décision de partir à Berlin qui était de base une ville qui m’attirait vraiment beaucoup. Ensuite, le fait d’être sur un territoire un peu nouveau et effectivement super inspirant chétivement ça m’a complètement débloqué et tout à jaillit, si je puis dire. Donc c’est à Berlin que j’ai accouché de mon second album « Tohu Bohu ».
Vous prévoyez d’autres projets pour cette année ou pour les années à venir ?
En ce moment je suis encore en plein dans ma tournée de l’album “Miropolis”, tournée qui va encore durer jusqu’au festivités d’été et même encore un petit peu après. En effet j’ai pas mal de projet dans des domaines différents comme dans le domaine du cinéma mais aussi des projets de concerts particulier (comme l’était la Philharmonie) Disons que j’ai pas mal de gros projet, oui, mais c’est encore trop tôt pour en parler, malheureusement.
Yasmine Romdhane
Le 03/06/18 dans le cadre du festival Yeah! au Château – Lourmarin (84).