MATMATAH

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Matmatah est de retour avec « Miscellannées Bissextiles » et une tournée, près de quatre ans après leur dernier album. Le groupe ayant accompagné tant de personnes depuis plus de 25 ans ne cesse de se renouveler et tente toujours plus de formats. Entretien avec son bassiste et cofondateur, Eric Digaire.

Comment se passe le début de cette tournée ? 

Vraiment très bien. Il y a plein de gens, tous aussi contents de nous retrouver que nous le sommes. Notre première date s’est déroulée chez nous, à Brest, car nous aimons l’adversité et tout s’est très bien déroulé. Il y a beaucoup de sourires et nous sommes ravis. 

Vous parlez d’adversité, commencer par une date chez vous est un défi ? 

En quelque sorte. Comme le célèbre adage le dit ; « Nul n’est prophète en son pays ». Le public brestois n’est pas le plus facile avec nous, au contraire. Nous sommes à la tournée du sixième album, des membres de notre public nous connaissent depuis nos débuts. Forcément, ils vont donc être plus intransigeants avec nous et ne pas laisser passer grand-chose. C’est un défi de ne pas les décevoir, mais les premières dates se sont très bien passées donc il semble réussi. 

Cet album a été composé en quatre ans et chacun de votre côté avant de tout réunir, quitte à avoir des résultats parfois très hétéroclites. Qu’est-ce qui vous a poussé à fonctionner ainsi ? 

Nous avions fait le choix de nous laisser du temps. Il fallait que chacun ait du temps séparément pour trouver et préparer des choses, avec l’argumentaire et l’idée. Quand on est tous dans la même pièce, souvent, il est compliqué de séduire avec son idée puisqu’on est dans l’immédiateté des choses. On s’est donc dit qu’on allait d’abord préparer puis présenter et ainsi nous serons plus à même de choisir. Ce qui était assez jubilatoire, c’était d’avoir le temps de faire des choses personnelles et de travailler sur les idées des autres. 

Est-ce un moyen de rechercher une forme de liberté ? 

Oui. On a retrouvé une certaine liberté de propositions qui était notre désir de base et donc, la meilleure chose à faire pour cet album. 

Avec un tel fonctionnement, je suppose que la composition de l’album n’a pas été impacté par la crise sanitaire ? 

Au contraire, elle l’a fortement impacté. D’un album devant se faire en un an et demi dans l’envie d’enchaîner après la tournée du précédent album, la période s’est étendue à quatre ans. Nous avons donc eu deux années de plus pour travailler. La première car il y avait le confinement et la seconde, car tous les groupes revenaient à peu près au même moment. Nous ne voulions prendre la place de personne. Et puis, il faut le dire, nous sommes des musiciens. Plus on nous laisse du temps, plus on le prend. L’album n’est pas ce qu’il est « grâce » à la pandémie, mais nous avons correctement exploité le temps que celle-ci a engendré pour balayer plus de couleurs musicales et composer plus de morceaux. Nous nous sommes accordé le droit d’expérimenter différents formats que l’on avait toujours eu envie de faire. 

Est-ce le cas de la première chanson de l’album, « Erlenmeyer », qui dure 20 minutes ? 

En effet. C’est l’une des premières sur laquelle on a travaillé. Nous n’avons jamais été de très bons élèves, mais il est vrai que notre public a pris l’habitude d’avoir des chansons assez formatées. Dans nos influences musicales, telles que les Beatles ou King Crimson, il y a beaucoup de chansons qui sortent des sentiers battus. Nous nous sommes dit que pour le sixième album, nous allions aller jusqu’au bout des choses et c’est ainsi que ce projet de 19 minutes est né. On était si content d’être arrivé au bout, qu’on l’a mis au début de l’album. 

Le choix de faire un double album, le premier de votre carrière, s’est-il fait naturellement ? 

C’est une question qui s’est assez vite posée. Avec un titre comme Erlenmeyer qui prend beaucoup de place, nous avons été poussés à faire de la sorte. 

Dans ce nouvel album, vous revenez en quelque sorte aux bases de votre carrière avec du rock celtique. Une raison à ce choix ? 

En réalité, c’est souvent le public ou les journalistes qui trouvent une couleur à nos chansons. Pour une chanson comme « Emma » par exemple, ce sont les journalistes qui nous ont dit qu’il s’agissait de rock celtique, alors que nous avions l’impression d’avoir fait une chanson de pop anglaise, mais en français. On a décidé de proposer, avec les albums qui ont suivi, de nouvelles choses. Sur cet album, il y a en effet une chanson « Trenkenn Fisel » que l’on a calibré celtique, car il s’agit d’une danse bretonne et que l’on avait l’idée de jouer avec un orchestre traditionnel depuis un moment. Pour le reste, c’est plutôt à l’écoute de l’album que le public se rend compte que certaines chansons reviennent à ce que nous faisions dans le premier, parfois dans le second, parfois dans le quatrième album. Nous concernant, ce n’est absolument pas prémédité et nous aimons tellement de choses que l’on ne pourrait jamais respecter un cahier des charges précis. On y a mis tout ce qu’on est, tout ce qu’on aime et tout ce qu’on sait faire. Chacun trouve dans l’album ce qu’il a envie d’y entendre. Aux mêmes titres que les autres, je pense que c’est un album qui dévoile de manière sincère nos personnalités humaines et artistiques. 

Quelle est votre chanson préférée de ce nouvel album et pourquoi ? 

C’est comme demander à un parent quel est son enfant préféré. On ne peut pas, on les a tous porté et élevé. Il y a des histoires différentes. « Erlenmeyer » reste une aventure humaine et artistique unique au sein de ce groupe, qu’on n’a jamais vécu même avec d’autres projets. C’est l’un des premiers titres sur lesquels on a commencé à travailler et c’est le dernier qui a été mixé. Il a donc échelonné toute l’écriture, la composition et la finalisation de cet album. Il a une importance particulière dans notre parcours. 

Avez-vous déjà des projets pour la suite ?

On est sur beaucoup de clips. On a des envies particulières sur la tournée d’automne. L’envie de refaire des chansons ensemble est déjà de retour, mais à l’opposé de la façon dont on vient de le faire. On a bossé en télétravail pendant quatre ans et avons maintenant un peu envie de partir dans un endroit neutre avec du matériel et se dire que l’on doit repartir avec quelque chose. On va évidemment profiter de cette tournée car c’est l’aboutissement d’un parcours de création. C’est toujours comme ça avec nous, en studio on a hâte de partir en tournée et lorsque l’on est en tournée on a hâte de repartir en studio. Je pense que ça va vite nous démanger de faire de nouvelles chansons.

Mélanie Brundu

Le 16/11/2023 au Moulin – Marseille (13).

www.matmatah.com

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