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Matthieu Chedid et -M-, deux entités qui ne font qu’une. Un personnage que l’homme a façonné depuis plus de vingt ans. Oscillant entre sonorités pop et sonorités plus rock, il y appose sa voix douce et fluide. Une plume qu’il manie avec délicatesse et finesse, multipliant les calembours tout en poésie, l’auteur-interprète a réussi à devenir l’un des artistes incontournables de la scène musicale française.
La naissance de -M-
En 1978 il participe à une chanson de son père, Louis Chedid, « T’as beau pas être beau ». Il joue par la suite avec les fils de Laurent Voulzy et Alain Souchon, Julien Souchon et Pierre Voulzy. C’est avec son premier album « Le Baptême » sorti en 1997 qu’il incorpore son alter-égo, à la manière de David Bowie et de son Ziggy Stardust. -M- est la part extravagante du calme Mathieu. A travers ce personnage, il peut voyager au sein son univers, dépasser les frontières musicales. Sous une apparence délirante, armé de lunettes de soleil, les cheveux en l’air, habillé dans des tenues toujours plus extravagantes, il impose un double libéré et assumé. A la sortie de cet album, il joue en solo à la guitare, ou bien accompagné du violoncelliste Vincent Ségal. L’album ne connaît pas un franc succès à sa sortie, -M- est propulsé par le single « Machistador ». Il est également reconnu par ses prestations excentriques et avec la sortie de ses albums suivants.
Le début de la reconnaissance et des collaborations
Il continu sur sa lancée avec « Je dis aime » son second album, en 1999. Cet album est composé de grands tubes du musicien, tels que « Onde Sensuelle », « Je dis aime » ou bien « Monde virtuel ». Entre sonorités électroniques, qu’il continuera d’utiliser au fil de sa carrière et mélodies plus classiques, il anime sur scène des spectacles colorés, alimentés par des objets sortis de son grenier. Des concerts qui subliment le personnage de -M- et qui ont contribué à sa réputation. Les années 2000 sont une consécration pour l’artiste. De nombreuses collaborations artistiques marqueront le début de la décennie. Il travaille avec Vanessa Paradis, il collabore également avec Arthur H sur une chanson paraissant sur l’album de ce dernier et reprend une chanson de John Lennon, avec son fils Sean Lennon. Guillaume Canet lui demande également de composer la bande originale de son film « Ne le dis à Personne ». En 2003, il revient avec un album, plus doux, « Qui de nous deux ? », marqué par la naissance de sa fille. Au travers de ses titres, il évoque l’amour et les déceptions tout en jouant avec les métaphores. Il a à son actif de nombreuses collaborations, avec NTM, Guesh Patti, Gérald de Palmas et bien d’autres.
Un retour intimiste
Il fait un retour plus intimiste, en 2009, avec « Mister Mystère » un album plus épuré, dénué d’électronique pour laisser place à l’authenticité des instruments, tels que le piano ou bien la guitare. Dans cet album, il reprend naturellement le titre « Mister Mystère » de Brigitte Fontaine, avec plus de douceur, plus sobre et sombre. Le titre « Amssétou » est influencé par Amadou et Myriam, un duo malien, avec qui il collaborera plusieurs années après, dans ces sonorités africaines, il évoque son séjour au Mali. Un DVD live fait partie de l’album, entièrement réalisé par Matthieu Chedid et sa sœur. Une collaboration familiale qu’il a l’habitude d’entretenir au fil de son travail. Sur scène il apparaît, en tout simplicité, abandonnant son costume et sa coupe de cheveux, en se dévoilant à son public.
La musique, une histoire de famille
Fils de l’artiste de Louis Chedid et petit-fils de la femme de lettres Andrée Chedid, -M- a donc un héritage artistique qui marque sa carrière. Il est profondément marqué par sa grand-mère, qui soutenait son désir de devenir chanteur et qui lui a inculqué son amour pour la vie et son altruisme. En 2014 a lieu la tournée « La Famille Chedid ». Louis Chedid se produit avec ses trois enfants, Matthieu, Anna et Joseph pour interpréter sur scène les différents titres de chacun. Matthieu Chedid c’est également cela, un lien indissociable avec sa famille, avec laquelle il partage ses compositions et avec laquelle il travaille sur chacun de ses albums. Une fratrie passionnée par la musique et la scène. Une rencontre complice entre les univers distincts des membres de la famille Chedid.
La musique au-delà des frontières
Ces dernières années il s’est un peu plus rapproché du champ musical français actuel, en collaborant, par exemple avec le rappeur Nekfeu ou bien la chanteuse Jain. Cependant Matthieu Chedid prône également le multiculturalisme et son amour pour le pays qu’il affectionne, le Mali, au sein de son album « Lamomali » et d’un projet collectif en 2017. Un album qu’il désirait composer depuis bien longtemps. Le musicien a un lien très particulier avec l’Afrique, en allant au Mali il dit « être enfin rentré à la maison ». Cet opus est le fruit du travail entre cet artiste français et Toumami Diabaté issu d’une lignée de maîtres de kora, un instrument traditionnel africain, qui avait auparavant collaborer avec Bjork et Damon Albarn. Ce projet est porté par le désir d’engagements humains et politiques en dépassant les frontières. Il met en lumière la musique africaine, méconnue en France, tout en la modernisant.
Un retour aux sources
En 2018 il devient l’artiste le plus récompensé aux Victoires de la musique ex-aequo avec la légende Alain Bashung. Son dernier album « Lettre Infinie » sorti en ce début d’année, le 25 janvier est un retour aux sources, après son expérience « Lamomali ». Un album sorti alors que l’artiste célèbre cette année les 20 ans de son album « Je dis aime ». Il revient à son amour du funk avec des compositions qui se veulent dansantes. Le premier morceau « Superchérie » est d’ailleurs produit par Thomas Bangalter des Daft Punk. Un album très personnel et intime, souligné par une collaboration avec sa fille Billie à qui il dédie la dernière chanson de l’album. Cet album marque donc le retour pop de l’artiste, nous promettant encore une belle tournée avec son double scénique. Des concerts acidulés et dansants, le moment pour ses fans de savourer encore une fois ses lives, et pour les plus curieux de le découvrir.
Pourquoi l’aimer ?
Doté d’une simplicité, d’une sincérité et d’un calme qu’on ne peut qu’admirer, Matthieu Chedid a su s’imposer depuis vingt ans comme l’une des figures prédominantes de la scène musicale française. Malgré une voix, qu’il aurait aimé plus grave, l’artiste ayant du mal à l’écouter, c’est avec passion qu’il chante et qu’il compose. Un artiste accompli qui dégage passion et bienveillance. Quand l’on écoute ses titres acoustiques tels que « Délivre » issu de l’album « Mister Mystère », -M- devient une sorte de berceuse nocturne, un réveil en douceur et puis dans un éclat il devient tonique et nous entraine dans une danse pop. Vingt ans de carrière et une adoration pour la musique qui ne s’éteint pas, le compositeur ravive, un peu plus, à chaque album, la beauté de son monde.
Romanne Canavese
Le 23 et 24/03/19 à l’Aréna du Pays d’Aix – Aix-en-Provence (13), le 27/03/19 au Zénith Oméga – Toulon (83), le 28/03/19 au Palais Nikaïa – Nice (06) et le 29/03/19 au Zénith Sud – Montpellier (34), le 28/06/19 dans le cadre du festival Ardeche Aluna au Sunelia Aluna Vacances – Ruoms (07), le 12/07/19 dans le cadre du festival de Nîmes – Nîmes (30) et le 10/12/19 à la Sud de France Arena – Montpellier (34).
« Vingt ans de carrière et une adoration pour la musique qui ne s’éteint pas, le compositeur ravive, un peu plus, à chaque album, la beauté de son monde. »