Entre héritage et innovation, l’univers artistique de Frànçois and the Atlas Mountains mêle sons et images pour offrir une expérience sensible et immersive. Le groupe déploie une musique où fluidité et émotion se conjuguent pour explorer le temps, la mémoire et les liens invisibles.
Votre album “Âge Fleuve” traverse l’eau comme une figure centrale. Que guide cette métaphore ?
Elle adoucit la perception du temps qui passe. L’eau rend la dureté plus souple. Elle aide à regarder la disparition et le vieillissement sans se raidir. Le morceau La Fluv des âges sert d’axe et organise l’ensemble. Cette image reste simple et universelle. Elle dit un mouvement continu qui porte et qui relie.
La pandémie marque l’écriture et la fabrication. Comment cela influe sur le disque ?
Tout bouge comme un puzzle secoué. Il faut du temps pour retrouver l’image. Les pièces se déplacent et le sens change de place. Cette pause force une écoute intérieure. Le disque prend sa forme quand je rassemble ces fragments. Je regarde l’ensemble avec plus de clarté et je choisis ce qui fait sens.
Vous évoquez la perte d’un proche. Comment cette expérience nourrit votre écriture ?
Le choc assomme puis une lumière revient. Elle éclaire ce qui compte. L’affection et la création prennent plus de place. La musique devient un espace simple où déposer ces émotions qui persistent. Je cherche des mots justes. Je privilégie une voix qui ne force pas. Je laisse passer l’eau et j’accepte ce courant. Je refuse l’ornement gratuit.
Vos collaborations façonnent aussi le son. Comment les choisissez-vous et que vous apportent-elles ?
Je cherche la confiance et l’intuition. Je pense à l’aura d’un morceau et à sa tessiture. Avec Malik Djoudi sa voix très haute s’accorde avec l’idée initiale. Avec Thomas de Pourquery une énergie libre élargit le cadre. Ces échanges ouvrent le propos et évitent la répétition. Ils donnent de l’air à l’écriture et à la production.
“L’Homme à la rivière” reprend Nick Drake avec Yasmine Hamdan. Pourquoi ce choix et que révèle ce titre ?
Nick Drake tient une place majeure. Je n’imagine pas une reprise sans nécessité. La suggestion du label et la voix de Yasmine Hamdan rendent l’élan possible. Sa présence apporte une dimension saisissante. Le titre devient un pont entre Âge Fleuve et l’album à venir. Il reste proche et apaisé. Il assume l’héritage et regarde vers autre chose. Il retient la métaphore liquide et garde une douceur ferme.
À quoi ressemble le nouvel album prévu début 2026 et votre méthode de travail actuelle ?
Les thèmes restent proches mais l’énergie se tend. L’écriture va plus vite et la mise en musique devient directe. Je travaille avec des producteurs venus de l’électro et de la pop. Le duo Uto intervient sur plusieurs titres. InFiné accueille ce mouvement et laisse de l’espace. Il y a moins d’allers et retours. Il y a plus de nerf et plus de traction. Je garde un cap clair malgré la vitesse. La tension reste nette.
Votre pratique visuelle dialogue avec vos chansons. Comment ce lien se manifeste-t-il aujourd’hui ?
Je dessine pour sentir les morceaux. Pour le clip de “L’Homme à la rivière” je grave la pellicule à la main. L’image donne une texture qui prolonge la voix. J’aime animer les chansons par le trait. Cette pratique me permet d’accompagner la musique par une présence physique. L’image ouvre un champ parallèle qui reste essentiel à ma création.
Nesrine Belhaj
Le 14/11/2025 au Stockfish – Nice (06).
📸 François and The Atlas Mountains par Marco Dos Santos.










