(Sortie en novembre 1974)
En 1974, Eddy Mitchell sort d’une traversée du désert qui dure depuis 1969. Le rocker s’était lancé dans des concepts-albums complexes. Il l’explique dans son autobiographie : “J’ai en effet vécu des moments assez douloureux, qui ont duré de 1969 à 1973. Avec le recul je comprends pourquoi. Je me suis mis à faire des chansons tellement alambiquées que j’avais même du mal à les interpréter […] C’était terrible : on se prenait au sérieux et on se piégeait mutuellement, les compositeurs et moi.” Mitchell, pris dans la spirale de l’insuccès, ne faisait plus que le strict minimum, se contentant d’honorer son contrat sans véritable conviction. Son parolier et frère de carrière, Pierre Papadiamandis commençait à collaborer avec un autre chanteur : Michel Delpech. C’est à ce moment-là que Mitchell eut l’idée de relancer sa carrière.
Cap sur Nashville ! Terre de naissance du rock’n’roll. Là-bas, il rencontre le célèbre harmoniciste Charlie McCoy qui l’aide à superviser les sessions. Pensant que le projet prendra du temps à se concrétiser, Eddy va réserver les studios pour plusieurs semaines. Or, pour les musiciens, ce que demande le chanteur est l’affaire de quelques heures seulement ! “A 1h du matin, tout l’album est dans la boîte. (…) Il faut dire que tous les musiciens connaissaient depuis leur plus jeune âge tous les morceaux que je reprenais dans cet album”, sobrement intitulé “Rocking In Nashville”. Sur ce disque, il revisite l’Amérique de ses fantasmes. Entre un “Ruby, tu reviens au pays” habité de regrets country et un “C’est un rocker” fièrement claqué à la Chuck Berry, il passe de la supplique tremblante à l’affirmation rageuse. D’un homme suppliant sa Ruby à l’irréductible rocker, il dévoile son art : traduire Nashville en français, sans trahir l’âme du Tennessee.
Maxime Massonneau










