Artiste aux multiples facettes musicales, Féfé part en tournée pour présenter son quatrième et dernier album « Hélicoptère ». L’ancien membre de Saïn Supa Crew continue de nous partager sa vision d’un monde aux nombreuses nuances sur lequel il tente de prendre de la hauteur.
Ton 4ème album solo s’intitule « Hélicoptère ». Pourquoi un hélicoptère ?
Alors déjà parce que c’est saugrenu…(rires)…Et puis cela permet de prendre de la hauteur et de mieux voir le paysage.
Ton album précédent date de 2017, quel est ton processus de création ?
Certaines chansons me viennent spontanément et je les écris quand l’inspiration me vient. A partir d’ un certain nombre, je me dis que je peux faire un album et après je ne pense qu’à ça, je ne fais que ça !
J’aime tout particulièrement la chanson « Baladeur » avec Akhénaton. Peux-tu me dire comment est née cette collaboration ?
Elle est née d’un son que j’avais travaillé avec un pianiste et qui a donné la mélodie du refrain. J’ai ensuite pensé à Akhénaton car il me fallait quelqu’un qui soit de cette génération baladeur, un peu comme un grand frère du rap. Je l’ai contacté et il a accepté très gentiment! C’était un honneur pour moi.
Dans cet album tu prends de la hauteur sur ce qui t’entoure : avec des mélodies très douces tu arrives à dire des choses très dures. Avais-tu conscience de ce décalage ?
Franchement, au départ je n’en avais pas conscience. Je m’en suis rendu compte après coup. Souvent la mélodie me vient en premier et elle m’inspire ensuite des mots ou une thématique. Par exemple dans « Quelque part », la mélodie du refrain est presque enfantine alors que ce qui est dit dénonce une suite de désillusions. L’enfant en moi a grandi et se rend compte que nous ne vivons pas dans le monde des bisounours !. Le monde n’est ni noir, ni blanc. Il peut être à la fois merveilleux et horrible. J’essaie donc d’être le plus juste possible quand j’écris. De sortir d’un prisme unique.
Est-ce que ce regard viendrait de ta maturité acquise ? Ton titre « Majeur en l’air » serait-il ton message/mantra pour les jeunes ?
Oui tout à fait. Je leur dis de ne pas attendre qu’on les apprécie. Personnellement, j’ai mis du temps (et j’y travaille encore!) mais j’essaie de savoir qui je suis, de me connaître, d’apprécier qui je suis et de vivre en respectant les autres. Le respect des autres est très important mais le respect de soi-même également.
Pour le visuel de cet album tu apparais en parachutiste, est-ce que parfois tu te sens parachuté ici ?
Je me sens en apesanteur c’est sûr ! Je plane… d’ailleurs dans ma vie je crois que pendant très longtemps je ne touchais pas trop le sol. Le vrai monde me fait peur car il est différent de celui qui est dans ma tête. Il me fascine et me terrifie en même temps. Je pense que je suis resté longtemps un enfant, naïf, car je ne voulais pas voir des choses dures qui m’arrivaient. Je suis à la place de l’artiste, entre le ciel et la terre. Nous créons à partir de ce qui nous entoure, nous transformons car sinon c’est trop dur.
Dans cet album tu te balades entre le rap, l’afro, l’électro, le funk, la soul… en fait maintenant tu sais tout faire ?
Je pense que oui (rires). J’ai longtemps été perturbé par ceux qui voulaient me classer, qui me demandaient de me définir. Je me sentais mal car en fait je suis moi et c’est tout. Je ne sais pas si cet album est celui de la maturité mais en tout cas il accompagne une nouvelle prise de conscience. Je m’affranchis de certaines choses comme du regard des autres sur mon travail et j’assume mes imperfections.
Bientôt le départ pour la tournée, qu’as-tu préparé pour ton public ?
Je suis en plein dedans ! Je pars en résidence pour finaliser ce projet. Dans tous les cas, je prépare un voyage en hélicoptère qui sera beau, fougueux, poétique et dansant !
Emeline Martinsse
Le 28/03/2024 au 6Mic – Aix-en-Provence (13), le 29/03/2024 à La Rotonde – Châteaurenard (13) et le 30/03/2024 au Rockstore – Montpellier (34).