ENVY

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Déployant ses ailes sur la scène mondiale du mouvement post-rock, Envy, formation screamo issue du pays du soleil levant, a su, par un sidérant bouche à oreille proche du fanatisme, se forger une réputation de groupe légendaire. L’intensité de leur musique, l’explosion émotionnelle rayonnant de chacun de leurs concerts, ne laisse personne indifférent, de leur public aux programmateurs de festivals, ces derniers ayant unanimement compris la valeur ajoutée par une telle perle musicale au sein de leurs programmation. Quelques jours après la sortie de leur dernier album “The Fallen Crimson”, c’est le guitariste Nobukata Kawai qui nous fait l’honneur de répondre à nos questions.

 

Pouvez-vous, en quelques mots, résumer la naissance d’Envy ?

Je dois reconnaître qu’il s’agit là d’un exercice réellement difficile ! Après la séparation de notre groupe précédent, en 1995, Naka, Tetsu et moi-même décidâmes de créer une nouvelle formation, Envy, afin de continuer la mise en musique de notre originalité. En 1997, Tobita et Dairoku nous rejoignirent. 2016 fut une année très importante pour nous car nous connûmes de nombreux changements de line-up. A la fin, seuls Naka et moi étions encore présents. Le groupe faillit s’arrêter là. Nous étions comme au sommet de la falaise, si quelqu’un nous avait alors poussé juste un peu, le groupe aurait été fini. Mais nous ne pouvions nous résoudre à quitter Envy, nous ne voulions pas admettre qu’il s’agissait de la fin. Morceau après morceau, nous l’avons reconstruit, à la manière d’un verre brisé. Cependant, alors qu’il renaissait de ses cendres, notre réalité s’imposa d’elle même, celui-ci ne ressemblerait plus jamais au projet du début. Ce fut la naissance d’un nouvel Envy, très proche de celui que vous pouvez écouter aujourd’hui. Nous l’avons fait en dépit des éventuelles critiques négatives qui auraient alors pû nous tomber dessus. J’en parle avec une relative légèreté aujourd’hui mais ces dernières années, à partir de 2016, furent très douloureuses. Ceux qui nous connaissent vraiment, nos proches, n’imaginaient même pas que le groupe puisse traverser une telle épreuve à l’époque. Certaines personnes, s’étant détournées, se rapprochèrent alors de nous. Tout va bien maintenant. Ce fut une route difficile à parcourir mais grâce aux fans, aux labels, aux équipes nous accompagnant en tournée, aux amis et surtout à nos familles qui ne cessèrent jamais de nous encourager, nous sommes encore là, debout, plus forts que jamais. A titre personnel, c’est une lettre de ma fille qui me donna la force nécessaire de continuer à avancer. J’avoue que si tout cela était à refaire, je dirais non. Maintenant, je souhaite pousser l’expérience encore plus loin. A travers le bonheur de jouer de la musique et l’opportunité de rencontrer des gens. Nous ne souhaitons plus apercevoir de larmes sur les joues de nos fans, seulement des sourires. Le nouvel Envy est prêt à avancer encore plus loin, totalement en possession de notre futur et de notre histoire.

 

A partir de quel moment avez-vous réalisé que vous déteniez le projet qui allait devenir l’incroyable Envy que nous connaissons aujourd’hui ?

Je vais peut-être provoquer une levée de boucliers de la part d’éventuels « haters » mais, très sincèrement, j’ai toujours pensé, et ce, depuis nos tout débuts, qu’Envy était très spécial. Si cela n’avait pas été le cas, je n’aurais jamais dépensé autant d’énergie et de temps dans un projet aussi faramineux. Vingt-cinq ans à me donner corps et âme pour ce groupe, sans la paie de rockstar et sans la célébrité susceptible d’attirer les filles (Rires). Jouer de la musique ne me ramène aucun salaire. A ses origines, Envy était considéré comme unique et étrange, il n’y avait pas réellement de public pour un tel groupe. Mais nous avions foi en nous et nos capacités, et même si cela prit du temps, nous étions conscients que les portes finiraient par s’ouvrir tôt ou tard. Nous voulions croire que, quelque part, quelqu’un était en train d’écouter et d’apprécier notre musique.

 

Au sein d’un pays aussi traditionnel que le Japon, quel fut, au commencement, l’accueil du public ?

Pour être totalement franc, je ne sais pas vraiment ce que les gens pensent de nous dans notre pays. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il s’agit d’une donnée qui ne m’intéresse plus vraiment. Je ne nous considère même plus comme un groupe venant du Japon. Nous y avons toujours été critiqués. Le fait de nous être, volontairement, tenus systématiquement à l’écart des groupes populaires nous a fait hériter, très tôt, du statut d’artistes ennuyeux. Notre existence même avait été remise en question, puisque nous n’appartenions pas au mouvement populaire japonais. A bien y penser, je suis sûr que si vous posez la même question à nos amis des groupes Mono et Boris, ils vous gratifieront d’une réponse identique. Au moins, nous pouvons nous dire qu’au cœur de la scène traditionnelle de rock japonais, Envy possède une totale originalité. Ne vous méprenez pas, j’adore mon pays, sa culture et ses traditions. Mais celles-ci ne doivent pas tout diriger lorsqu’il s’agit d’art et de musique en particulier. La musique devrait être toujours considérée comme une créature vivante en constante évolution. Lorsque les gens essaient de classer notre musique ou, au contraire, de nous exclure d’un style, je ne sais jamais quoi répondre. Je crois fermement que traditions, genres, âges, langages, idéologies et religions n’ont rien à voir avec la musique. Jouer dans d’autres pays m’a fait prendre conscience que cette façon de penser était la bonne. Peut-être que cette expérience demeure notre meilleur atout en soi.

 

Pendant les deux années durant lesquelles votre chanteur, Tetsuya, s’était retiré du groupe, quelle fut l’évolution d’Envy ?

Nous avons tout simplement poursuivi notre chemin sans chanteur. Nous ne voulions vraiment pas de ce départ. Juste avant que Tetsu quitte le groupe, nous étions en pleine organisation d’un festival indépendant du nom d’After Hours avec Taka du groupe Mono et Robin du groupe Downy. Les dates de concerts étaient annoncées et les entrées payées. Nous voulions annuler mais nous n’avions pas le choix. Nous avons donc appelé à l’aide les chanteurs des autres groupes qui jouaient sur le festival. L’expérience fut une réussite stimulante en soi et nous ne remercierons jamais assez nos amis pour leur aide. Notre concert rendit fous les fans, la foule devint complètement dingue ! Mais il se trouva tout de même quelques personnes pour critiquer notre show, le qualifiant de Karaoke Envy. Par la suite, nous avons commencé à écrire des chansons pour les membres restants. Nous nous étions mis dans la tête que cela allait être ainsi à partir de ce moment-là. Nous allions même écrire un album. Mais l’absence de chant restait un problème non résolu. J’ai bien essayé de chanter, mais ma voix ne correspondait pas aux émotions dégagées par notre musique et nos textes. J’ai essayé de solutionner la problématique en utilisant l’encodeur que l’on retrouve sur notre dernier album. Mais je ne voyais pas cette solution en devenir une à long terme. Nous avons essayé énormément de choses à cette époque. Cela aurait été extrêmement triste de ne pas produire les chansons que nous avions écrit pendant cette période émotionnellement intense. Les abandonner aurait été un véritable gâchis. J’ai donc pris la décision d’enregistrer, au moins, la chanson “Hikari” sur l’album. Nous avons simplement légèrement modifié le riff de la version précédente. C’est une de mes chansons préférées sur ce disque. Je la considère comme étant d’une grande profondeur.

 

A travers les années, Envy s’est montré être un groupe extrêmement productif. Quelles difficultés ou, au contraire, facilités, rencontrez-vous au moment d’entrer dans le processus de création de vos albums ?

En ce qui concerne la composition des chansons, j’écris les riffs et, par la suite, travaille sur les arrangements pour chacun des membres. Une fois la musique crée, Tetsu rédige les textes. Nous procédons ainsi depuis le tout début. Parfois j’apporte une chanson complète, parfois seulement une ou deux mélodies. Tous les musiciens d’Envy sont ouverts d’esprit et nous restons attentifs à chacune des opinions. A moins que l’un d’entre nous ne se plante totalement, nous essayons toutes les solutions proposées. L’idée est d’amener en studio des compositions offrant assez d’espace pour que tout le monde y trouve sa place et puisse y apporter sa contribution. Notre époque digitale se prête vraiment, je le crois, à cette façon de travailler. L’intérêt de l’emploi de cette technique reste, sans conteste, l’espacement des frontières dessinées par les idées de chacun et en définit de nouvelles à chaque fois. En revanche, l’inconvénient de cette méthode, est qu’elle ne fonctionne, pour Envy, qu’avec les membres d’origine du groupe. Avec les nouveaux, la mise en place est un peu plus longue. Cela dit, la nouveauté a aussi de nombreux avantages. Celle-ci est rapidement devenue une force créatrice qui permit à Taki, notre producteur, de choisir parmi un riche panel de nouvelles conceptions. Yoshi, de son côté, est l’homme qui entreprend les choses dans leur largeur. Il gère le management du groupe ainsi que toute notre communication. Au sein de la question du processus créatif, ces deux personnes ont également leur importance. Ils ont un rôle de facilitateurs entre les anciens et les nouveaux membres et rendent le travail tellement plus fluide dans sa globalité. Dernièrement, Taki et Yoshi ont apporté des idées de chansons, cela eu pour effet de nous repousser encore plus loin dans l’écriture musicale. Maintenant, je dois aussi avouer que je suis quelqu’un de très occupé, je suis constamment partagé entre mon travail et mon rôle de père. J’ai beaucoup moins de temps que dans le passé pour pratiquer la guitare. Mon jeu s’en fait clairement ressentir. Cependant, de fait, je compose beaucoup plus dans mon esprit et cela m’ouvre plus de portes que celles imposées par les limites de l’instrument. Mes compositions ainsi imaginées restent beaucoup plus longtemps dans ma tête que celles jouées sur guitare. Beaucoup de ces mélodies dessinées cérébralement sont intégralement devenues, par la suite, des chansons sur nos albums. Puis, quand vient le moment pour Tetsu d’écrire les mots, c’est là que tout s’accélère. Sa vitesse d’exécution est tout simplement incroyable ! Pour “The Fallen Crimson”, notre dernier album, nous nous sommes appuyés sur nos émotions et nos instincts primitifs, puis nous les avons transformés en rythmes. Ces chansons sont basées sur notre vie de tous les jours. L’hymne d’un agenda.

 

Comment vous sentez-vous au lendemain de la sortie de “The Fallen Crimson”, votre dernier album ?

Nous sommes très excités c’est certain ! Nous sommes très heureux du résultat. Après toutes les difficultés traversées ces dernières années, nous avons tout de même réussi à produire quelque chose provenant du meilleur présent en chacun d’entre nous. Tout de suite après avoir enregistré la dernière note de l’album, je me souviens que nous sommes sortis boire des verres toute la nuit. La facture fut vraiment très élevée. Nous nous entendons vraiment bien tous les six. Nous souhaitons de tout notre cœur que vous puissiez apprécier ce disque tel qu’il a été créé par un groupe composé d’amis avant tout.

 

Combien de temps vous aura-t-il fallu pour l’écrire ?

Nous avons commencé juste après nous être produits au Hellfest 2019 et nous l’avons terminé en Septembre.

 

Quelles nouveautés peut-on y trouver ?

Maintenant que nous avons sorti cet album, nous sommes très motivés à l’idée de le jouer live devant notre public. Nous avons réellement hâte. La nouveauté principale réside dans le fait qu’il s’agit du premier disque produit avec notre line-up actuel. L’alchimie a si bien fonctionné que nous sommes déjà prêts à nous lancer dans la composition d’un nouveau recueil de chansons. Nous avons tellement d’idées.

 

Votre dernière vidéo, “A Step in the Morning Glow”, dépeint une véritable volonté à revenir vers les origines de l’humanisme et de la spiritualité. S’agit-il de notions particulièrement chères à votre cœur ?

Il m’est difficile de mettre des mots, de donner des explications, sur les vidéos accompagnant nos vidéos car elles sont le résultat de l’osmose atteinte par le mélange de nos idées. Si telle est ton interprétation de ce clip, alors je reconnais qu’elle en est très intéressante. En effet, pour te rejoindre, je crois sincèrement que tout être humain ressent ce besoin à un moment ou à un autre. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’aspire à une vie la plus pure possible. Je veux traverser une existence au cours de laquelle il est encore possible de s’émerveiller de la transformation d’une graine en fleur.

 

Toujours sur cette vidéo, les images de Tetsu, traversant la campagne, auraient pu, très joliment, illustrer les écrits de Takuji Ishikawa. L’écologie est-elle une thématique importante dans vos chansons ?

Je vois ce que tu veux dire… C’est une réflexion très pertinente. Il y a, à notre époque, beaucoup de leçons à recevoir de la nature. D’après moi, le Japon est en retard, par rapport à beaucoup d’autres pays, en ce qui concerne l’écologie et, notamment, le recyclage. Il y a toute cette vie enfermée dans les animaleries, toute cette nourriture gâchée lors de fêtes traditionnelles telles que celle durant laquelle nous mangeons de l’Ehomaki. Tout ceci n’est, en rien, l’exemple que je souhaite donner à mon enfant. Nous avons un bâton de relai à passer aux générations qui nous suivent. Ne rien faire maintenant serait totalement irresponsable. En espérant d’ailleurs qu’il ne soit pas trop tard.

 

Il suffit d’être présent au milieu de la foule lors de l’un de vos concerts pour réaliser à quel point votre musique est perçue de manière très émotionnelle. Quel est votre secret ?

Je suis heureux de te l’entendre dire. Merci de l’avoir mentionné. La raison vient peut-être du fait que, sur scène, les artistes en train de jouer, pleurent en même temps. (Rires). Sérieusement, le jour où cette alchimie entre le public et nous cessera, nous mettrons fin à Envy. Nous sommes conscients que, même si nous ne parlons pas la même langue que notre audience, la musique demeure le meilleur des messagers.

 

Existe-t-il d’autres groupes qui vous inspirent dans votre travail ?

Aucun en ce qui me concerne non. Il y a bien sûr des groupes que je respecte, mais c’est différent du fait d’être inspiré. C’est peut-être une question d’âge. Je pense être à celui où les groupes n’apportent plus d’exemple en matière de composition. Cet âge où vous ressentez plus le besoin de vous exécuter que celui de suivre une mode ou bien un mouvement. La claque que j’avais ressentie lors de ma première écoute du groupe Union Of Uranus ne se reproduira plus jamais je le sais. De nos jours, je trouve plus l’inspiration à travers d’autres arts tels que le cinéma, la littérature, la danse et l’animation graphique.

 

Vos derniers concerts, le Hellfest en juin et la Maroquinerie en décembre connurent un succès délirant et une ambiance de folie. En étiez-vous satisfaits ?

Nous n’avions pas participé à de festivals aussi importants que le Hellfest depuis longtemps. Aussi nous étions très nerveux juste avant de monter sur scène. Mais grâce au public et à l’énergie complètement folle qu’il dégagea lors de ce concert, et il en va de même pour notre show à la Maroquinerie, nous nous sentîmes instantanément bienvenus. Le Hellfest reste l’un des concerts les plus dingues pour les six d’entre nous.

 

Que pensez-vous de l’intérêt et, encore plus, de l’amour, que vous porte le public français ?

C’est un véritable honneur pour nous. Nous ne remercierons jamais assez nos fans français pour le soutien et le bonheur qu’ils nous procurent à chacune de nos venues. J’ai le sentiment que les français nous apprécient tout particulièrement parce que, justement, nous nous appliquons à chanter nos chansons en japonais. Le point commun entre les six membres d’Envy, c’est que nous aimons tous l’Opéra de Paris et ses ballets et que nous sommes passionnés d’art et de culture française.

 

Envy se retrouve programmé deux ans de suite sur l’affiche du Hellfest. Je ne suis pas sûr que cela n’ait jamais été fait en quinze ans d’existence du festival. Comment cela a-t-il été possible ?

Je ne sais pas. Je pense qu’il faudrait demander aux programmateurs du Hellfest ! (Rires). Quoiqu’il en soit, jouer au Hellfest revêt une connotation tout à fait particulière pour nous. C’est un privilège que d’y participer. Ils nous ont, dés le début, et alors que nous n’étions même pas encore connus au Japon, donné l’opportunité de jouer sur de grosses scènes. Rien que pour cela, nous leurs sommes éternellement redevables. Nous donnerons toujours tout ce que nous avons sur scène pour ce festival. Cette année nous allons jouer en tant que têtes d’affiche sur la scène de la Valley. Pour cette occasion, nous allons organiser un set totalement nouveau. Nous avons commencé à travailler dessus. Nous espérons que vous aimerez.

 

Quels sont les autres pays dans lesquels vous avez reçu un accueil aussi dingue pendant vos concerts ?

Nous adorons jouer dans tous les pays d’Europe. Spécialement quand tu viens d’une ville comme Tokyo où les immeubles sont tellement hauts que tu ne vois même plus le soleil. Rien que le fait de déambuler dans vos villes me fait sentir bien. Le mélange des populations y paraît tellement plus fluide. Toutes les identités, tous les groupes et les communautés semblent montrer beaucoup plus de respect les unes pour les autres qu’au Japon. J’aime passer du temps à échanger avec nos fans. Tout ceci est très stimulant. Toi et moi vivons très éloignés l’un de l’autre et, hormis le souci du décalage horaire, le fait de te parler, là, maintenant, me fait me sentir près de là où tu vis. Ce sont toutes ces choses que j’apprécie.

 

Existe-t-il un endroit, quelque part, en dehors du Japon, où vous vous sentez comme à la maison ?

Avec Envy, cela nous a pris vingt ans pour nous sentir à la maison au Japon (Rires). Honnêtement, je ne dis pas cela pour vous flatter mais nous adorons vraiment la France ! Bien entendu, nous aimons aussi l’Allemagne, où se trouve Pelagic Records, ainsi que les autres pays européens. L’Europe est tellement fascinante. La rencontre de toute vos cultures, vos langages, votre histoire commune. J’ai passé la plus grande partie de ma vie sur une île qui, maintenant que je découvre le Monde autour, me paraît minuscule. Alors, avec notre nouvel album, nous nous apprêtons à revenir au cœur de notre deuxième foyer. Nous savons maintenant que cela va arriver rapidement et nous espérons vraiment vous retrouver tous. Nous vous souhaitons beaucoup de bonheur, nous espérons que vous aimerez notre nouveau disque et nous vous disons à bientôt !

 

Aurélie Kula 

www.envybandofficial.com

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