CHRISTINA ROSMINI

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Lorsqu’on évoque Christina Rosmini, on parle d’une artiste complète et inspirante à la voix envoûtante et au charisme magnétique. Christina est une artiste polyvalente, à la fois actrice, chanteuse et compositrice. Son répertoire musical varié mêle habilement différents genres, reflétant sa passion pour l’exploration artistique.  

Quelle est l’histoire ou l’inspiration derrière votre nouvel album « Inti » ? 

C’est un album au départ qui est né au Québec donc un peu loin du soleil, en plein hiver, en plein mois de février à moins 20 degrés donc je ne comptais pas l’appeler Inti au départ. Pour moi, il s’intitulait « La Louve » comme le titre d’ouverture de l’album, parce que c’est un que je le dédiais quelque part au féminin sacré, à la créativité, qui pour moi est une puissance féminine qu’on porte tous en nous. Puis petit à petit, j’ai composé, j’ai écrit, j’ai affiné ce projet et je me suis rendu compte que ma musique, j’avais beau tourner, virer, elle restait résolument solaire et tournée vers le sud. D’ailleurs l’adjectif « solaire » est un adjectif qu’on utilise beaucoup pour me décrire sur scène, donc je me suis dit « ce n’est pas juste d’intituler mon album la louve parce que ce n’est qu’un aspect lunaire, très partiel de mon travail et ça va induire les gens en erreur puisque l’album est solaire ». Donc je l’ai appelé « Inti » en référence au Dieu Soleil. En plus je m’appelle Christina, je trouvais que Inti ça sonnait similaire à l’oreille.  

Quelle est votre chanson préférée sur l’album, et pourquoi ? 

C’est la question qui tue parce que si vous voulez c’est un peu comme si vous demandiez à une maman lequel de ses enfants est son préféré. Je dirais que cela dépend des moments, il y a toujours une chanson qui est plus proche de mon émotionnel du moment et je vais avoir envie de chanter celle-là plutôt qu’une autre. Tout dépend du contexte.

Comment pensez-vous que votre style musical a évolué depuis votre dernier album ?

Pour tous mes albums, j’ai toujours gardé des influences sud et des influences au monde hispanique, en référence à mes racines, mais on va dire que celui-ci est moins ancré dans la culture, dans les influences. Mes origines sont très importantes dans l’élaboration de mes musiques. Pour cet album, plus que pour les autres, j’ai mis le curseur sur ce que je faisais quand j’étais plus jeune à savoir une musique tournée vers l’Amérique du Sud. Cet album a aussi une petite tonalité plus pop qui est quelque chose que je n’avais jamais exploré jusqu’à maintenant. On y a mis de la musique additionnelle, des séquences pour le rendre plus pop. 

Qu’est-ce que vous espérez que les gens ressentent ou expérimentent en écoutant votre nouvel album ?

Alors c’est compliqué à dire mais j’aimerais qu’ils en ressentent deux choses : l’intégrité et le bien-être. J’aimerais qu’ils ressentent le côté extrêmement entier et singulier de mon travail. Je n’ai jamais essayé de coller au mainstream ou à une quelconque mode. Ma musique, c’est vraiment quelque chose qui jaillit de mon cœur, qui jaillit de mon âme. C’est mon essence donc ça évidemment, j’aimerais que les personnes le ressentent. Puis j’aimerais aussi qu’ils fassent du bien mon album !  Pour citer Julien Clerc « je veux être utile à vivre et à rêver, je veux être utile à vivre et à chanter ». Pour moi, c’est extrêmement gratifiant que les gens me disent merci plutôt qu’ils me disent bravo. Quand je reçois des messages tous les jours sur mes réseaux sociaux de gens qui me disent que je les ai aidés à traverser des épreuves, que j’ai accompagné leur histoire d’amour, leur deuil, pour moi si jamais ça leur fait du bien alors j’ai gagné.

Comment décririez-vous votre processus créatif pour écrire des chansons, et comment cela a-t-il changé au fil du temps ?

Je m’amuse parfois à dire qu’autrefois les hommes apercevaient la cheville d’une femme sur une calèche quand elle soulevait légèrement son jupon et à partir de cette cheville ils imaginaient tout le reste ! Et bien moi c’est pareil avec mes chansons. Il y a une cheville qui m’apparaît, je vois clairement un bout assez large de la mélodie et un petit bout du texte, et à partir de là je vais déployer la musique. Ensuite, je vais retrouver le texte qui lui est accolé à cette mélodie. Pour moi ce n’est pas une trouvaille, ce sont des retrouvailles ! La chanson existe déjà il faut juste que je parte à sa recherche. C’est un peu comme un puzzle, je cherche ! Je sais que c’est déjà là mais il faut que je retrouve la bonne combinaison, celle qui sera parfaite à mon goût, à mon cœur et à mes yeux. Il n’y a qu’une seule chanson que j’ai écrite d’un coup d’un seul de toute ma carrière, c’était une chanson de mon premier album. Je l’avais écrite dans un train entre Paris et Marseille.

Est-ce que vous avez rencontré des difficultés pour écrire votre album, des moments de doutes ou bien des vides artistiques ?

Cela va sonner un peu prétentieux, mais non ! Quand je suis immergée dans l’écriture d’un album, c’est de l’ordre de la prémonition. Il y a quelque chose qui doit être et qui va être et effectivement cela finit toujours par être !

Comment votre musique et votre image évolue-t-elle ?

Je dirais qu’elle évolue au gré de mon vécu. Mon image ressemble à l’âge que j’ai, elle ressemble au parcours que j’ai ! Elle s’est façonnée à travers mes voyages, qu’ils soient dans le temps ou dans l’espace. Bien évidemment au fur et à mesure qu’on engrange des expériences et des aventures, elles s’inscrivent dans notre musique. C’est aussi pour ça que je pense qu’on ne fait pas la même musique à 20 ans qu’à 40 ans. Cela étant, il y a des exceptions, par exemple des gens qui ont 20 ans ont une âme beaucoup plus vieille que des gens beaucoup plus âgés qu’eux. Moi, en tous cas, elle évolue au gré de mon expérience.

Quels sont vos projets pour la suite, est-ce que vous préparez déjà votre prochain album ? 

J’ai déjà des dizaines de bribes qui sont là en sommeil. Comme disait Brassens « toutes mes chansons sont en route depuis toujours, elles dorment toutes un peu en moi à l’état embryonnaire comme des enfants qu’on portera peut-être un jour, qui naîtront peut-être ». Moi c’est pareil, j’ai ces petits embryons et puis on verra lesquels donneront des chansons, lesquels donneront un album, lesquels resteront là, endormis au fond de moi.

Le premier titre de votre album est intitulé « Louve ».  Il dégage une belle puissance féministe. Quel est le message que vous voulez véhiculer à travers ce titre, pour toutes les femmes qui vont lire l’interview ?

Déjà qu’il faut croire en ses rêves et qu’il ne faut jamais céder aux diktats, qu’ils soient sociétaux ou familiaux. On a tous une puissance créative en nous ! D’ailleurs, on le voit chez les enfants, ils jouent tous et inventent des mondes. C’est par la suite qu’on se bride, qu’on se limite. C’est une lutte incessante, moi je vous dis ça mais c’est une injonction paradoxale dans ma vie. On peut être freiné par la peur de ne pas être légitime, de ne pas être assez bien. On a tous un peu le syndrome de l’imposteur qui nous limite, c’est une illusion du mental qu’il faut vaincre. Quand vous dites « féministe » il est évident que je le suis ! Mais pour autant, la « louve » dont je parle, c’est une louve que les hommes portent en eux aussi. La puissance créative, pour moi, est en nous tous et elle est féminine.

Ania Slimani

Du 07 au 29/07/2023, dans le cadre du Festival d’Avignon, au Théâtre du Chêne Noir – Avignon (84).

christinarosmini.com

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