BERTRAND BELIN

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Petit à petit, l’oiseau fait son beck. Double actualité en ce début d’année pour Bertrand Belin : la sortie de son sixième album “Persona” et la parution d’un troisième roman “Grands carnivores” (paru chez P.O.L). Conversation avec une voix rauque et nonchalante

Quel sens à ce titre d’album : “Persona” ?

C’est toujours complexe de choisir un nom pour un disque. Des milliers de mots peuvent le définir et il faut en choisir un. Pour cet album, j’ai arrêté mon choix sur le mot persona parce qu’il me semble harmonieux, beau, capable d’inventer tous les sens que l’on veut y mettre grâce à son aspect familier et étrange à la fois. Il y a quelque chose dans ce mot qui me semble capable d’accueillir tous les personnages de mes chansons. Ces derniers sont très souvent des silhouettes de passage.

Dans cet album, vous abordez plusieurs thèmes récurrents de vos chansons : la rudesse du monde, la fuite du temps, la solitude. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre relation à la solitude ?

C’est lié le plus souvent à mon état lors de l’écriture de mes chansons. C’est un travail solitaire. Par ailleurs, c’est une sensibilité particulière qui constitue une manière de vivre. Ce rapport insondable qui s’immisce entre soi et les autres. Cette sensation d’être seul au milieu de la foule. Pourtant, je suis curieux des autres, j’ai un fort attrait de fraternité ! J’aime beaucoup l’idée de communauté de destin, c’est une thématique constante de la vie des espèces et des sociétés.

Peut-on vous considérer poète ?

Je ne me définis pas comme un poète, les poètes que j’admire ont dédié leur existence entière à leur art. J’aime les œuvres de Philippe Jaccottet, Christophe Tarkos, Henri Michaud… Ces hommes se sont penchés sur la question de leur art autrement que je ne le fais.

Quelle distinction faites-vous entre votre écriture de compositeur et d’écrivain ?

En tout cas, la différence ne se situe pas dans le plaisir que cela procure. Les questions qui se posent sont d’ordre éthiques. La musique apporte sa contribution au discours d’une manière très sensible et non rationnelle contrairement au discours écrit, qui permet l’argumentation. L’écriture est une matière qui se travaille, la parole est une matière qui jaillit.

Quand vous composez, la musique précède-t-elle les mots ?

Toujours un petit peu, de manière à ce que les mots puissent tremper dans quelque chose.

 

Quelle est votre relation à la scène, au public ?

Une relation de, je l’espère, complicité. J’essaie de ne pas trop élucider ces histoires de scène. Il faut qu’il y ait de la spontanéité.

Vous lisez quoi en ce moment ?

Le dernier livre de Jean Rolin Crac, le dernier livre d’Eric Vuillard “La guerre des pauvres” et “L’innommable” de Beckett. Je suis très curieux de Beckett. J’aurai bien aimé le croiser dans la rue pour voir comment il bougeait.

Nadja Grenier

Le 12/03/19 au Rockstore – Montpellier (34) et le 14/03/19, dans le cadre du festival Avec le Temps, au Théâtre du Merlan – Marseille (13).

www.bertrandbelin.com

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