FEMI KUTI

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Le 25/05/2023 au Théâtre Lino Ventura – Nice (06).

Le Théâtre Lino Ventura accueillait Femi Kuti, un musicien nigérian d’afro beat, le style musical inventé par son père le dénommé Fela, un des artistes contemporains africains majeurs. Il habitait en transe ce style musical fusionnant les rythmes africains, le funk et le jazz, caractérisé par des grooves entraînants, des cuivres puissants et des paroles engagées qui fut un porte étendard des homériques et héroïques luttes d’indépendance africaines. J’avais déjà vu Femi Kuti au même endroit il y a 5 ans et je n’avais vraiment pas apprécié le spectacle. J’avais trouvé sa musique creuse et sans aucune âme, malgré un band qui se démenait pour insuffler un minimum de vie. Eh bien cette fois c’était encore bien pire. Ce qui est bien dans la franchise McDo, c’est que partout sur terre les burgers ont le même mauvais goût et on sait qu’on va universellement mal manger, alors qu’avec la franchise Fela, le père a donné une fausse idée de ce qu’allaient faire ses enfants. Femi a beau sauter et trembler, on sent qu’il fait ça sans aucune conviction et il a même tenu un discours en anglais qui m’a sidéré et que je n’ai jamais entendu sur scène. Il a déclaré qu’il ne devait pas apparaître fatigué, car c’était son métier de faire danser les gens, mais qu’en fait à 61 ans, il l’était et que ce n’était pas facile pour lui ! En résumé, il se présente sur scène comme un senior désabusé et usé qui n’a pas ses annuités pour partir en retraite. Comme on le plaint !

De toute manière, en Afrique les griots de famille ne sont souvent pas les meilleurs musiciens et ce sont même souvent les pires, alors que cela est parfois présenté comme un argument de vente en Europe. Les meilleurs sont ceux qui désobéissent à leur famille et qui dépassent les clivages des castes encore très présentes en Afrique. Selon moi, un artiste à un moment ou à un autre DOIT être transgressif pour gagner ses galons de créativité, sinon on sera toujours cantonné aux plats insipides, aux appellations tarabiscotées, comme ceux qu’on sert sur les restaurants de luxe des champs Elysées dans lesquels on accueille 60 nationalités à chaque service. Le public niçois a quand même partiellement dansé, comme quoi l’authenticité, l’engagement et la qualité artistique n’a rien d’indispensable en musique. Le band essayait pourtant d’assurer comme il pouvait avec des cuivres sous sonorisés, mais l’imposture était quand même criante. Je me suis forcé à rester jusqu’à la fin attendant une ultime surprise ou regain d’énergie divine qu’en réalité j’attends encore.

Emmanuel Truchet

Crédit photo : Jacques Lerognon

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