Le 15/07/23, dans le cadre du Festival de Nîmes, aux Arènes – Nîmes (30).
Pour sa 26ᵉ édition, le titanesque Festival de Nîmes renouvelle son impressionnant vivier de groupes, tous plus grands les uns que les autres. Chaque année, l’événement surprend, flamboie et coupe le souffle avec sa programmation éclectique. Au cœur d’un cadre antique où résonnent encore le son des clameurs passées, les noms les plus prestigieux, représentants des différentes et nombreuses scènes musicales, se succèdent depuis 1997 pour assouvir l’inextinguible soif de sensation d’un public immanquablement comblé.
Pour cette 17ᵉ soirée d’un incroyable marathon, le double concert proposé affiche clairement les couleurs du voyage par le biais de l’introspection. Une première partie dans les nuages, dessinés sur les murs de l’arène par le piano de Jason Charles Beck, alias Chilly Gonzales, vêtu, comme à son habitude, de son peignoir, tongs blanches et vertes, aux pieds mélomane canadien, accompagné par trois musiciens (batterie, violon et violoncelle) et Norma au chant. Le virtuose plonge le public dans un bouquet de mélodies nostalgiques accompagné d’une pointe d’humour et jeux de mots. Les notes sautillent et virevoltent autour de silhouettes d’enfants imaginaires. On notera toutefois une dichotomie entre la première et seconde partie : deux scènes, deux ambiances.
La tête d’affiche ne fait, ensuite, qu’amplifier l’émotion ressentie en ce début de nuit. Sigur Rós, composé d’un trio à titre permanent et d’un quatuor à l’occasion de cette tournée (Goggi, Kjarri et Kjartan Sveinsson, Jónsi), distille sa poésie islandaise sur fond d’une musique embrassant un néo-classique porté par une sonorité post-rock. Voix de falsetto et guitare jouée à l’archet, Sigur Rós interprète les plus grands morceaux issus de ses huit albums (NDLR : dont “ Átta ”, tout juste sorti au mois de juin de cette année). La magie opère, l’audience est sous le charme. La musique, aux saveurs scandinaves, se veut minimaliste dans son écriture, au plus proche de la nature. Son apparente minéralité ne retire en rien la chaleur dégagée. La partition rassure, apaise. Les chansons ressemblent à d’aériennes incantations religieuses appuyées par un décor et un jeu de lumière qui viennent souligner la légèreté des lignes composant l’architecture du spectacle offert. Le groupe hypnotise, le show est généreux. L’intensité du spectacle est à son comble, Jónsi en abîme son archet, sa voix devient plus profonde alors que les fréquences émises évoquent la notion du sacré dans ce qu’elle offre de plus holistique.
Bien que prévu assis, le public, enchanté, ne peut résister lorsque le chanteur Jón Þór Birgisson, alias Jónsi, l’invite à se lever. Une émotion contenue pendant plus d’une heure qui devient explosive à cet instant précis. Un partage indéniable, fusionnel, basé sur l’échange littéralement physique entre les quatre Islandais et un public conquis par la beauté du moment. Le show se termine par une énergie débordante et des morceaux post-rock plus qu’attendus. Plus qu’un concert, une communion.
Playlist Sigur Rós : Sans Titre #1 Vaka – Svefn-g-Englar – Ekki mükk – Ylur – Ny Batteri – Sans Titre #6 E-Bow – Saeglopur – Sans Titre #7 Dauoalagio – Kveikur – Sans Titre #8 popplagio.
Aurélie Kula
© Aurélie Kula